Le petit bateau se déplacera chaque jour sur la carte. Le tableau enregistre les distances journalières.
99°C en 35 mn
Aujourd’hui à Toulouse, René a testé le four solaire par un beau soleil et une température extérieure de 6°C.
Résultat : 99°C en 35 mn.
Remplacement de la trappe
La vitre de la trappe de la cabine a sauté lors d’une manoeuvre un peu brutale. Francis et Victor, les experts stratificateurs de chez MPS, ont décidé sans appel possible de la remplacer pour que je ne prenne aucun risque pendant la traversée. Elle brille.
Francis et Victor
Les auteurs de ce site
- Vincent Trouillet a réalisé ce site internet et créé l’interface sur laquelle je n’ai plus qu’à inclure le contenu.
Sur cette photo, il prépare la 1ère mise à l’eau en Mai 2009.
- Anne Lemmet
a aussi mis son nez de "Webmastrice" dans le contenu.
Webmaster : Vincent Trouillet,
155 chemin Lanusse
31200 Toulouse.
Tél : 05 62 21 03 72 > site
L’équipe de tournage d’Heladon venue pour un repas au bord de l’eau et une pyramide sur la barque. J’ai rencontré Laurence et Franck Grimal lors d’un projet commun pour la Clinique Pasteur. Ils ont souhaité s’associer à ce projet. Quelle chance !
Laurence et Franck Grimal, Vincent Trouillet, Gérard Leduc.
Tél : 05 61 54 66 59 > site
"Laurence a réalisé les graphismes et Franck les vidéos de ce site".
Article gauche accueil
Fin de la traversée
Cliquez sur la carte.
Le petit bateau se déplacera chaque jour sur la carte. Le tableau enregistre les distances journalières.
(Arrivé depuis 3 j) The fameuse corde.
Voici la crode qui s’est prise dans l’hélice... Ce n’est pas de la ficelle... C’est Phylémone qui tient le bout couper... et pour l’occcasion photographique, il a mis le casque des "Village People"...
Voici la carte de suivi du bateau.... la carte est remise à jour toutes les 4 heures... en cliquant sur le bateau vous passez sur Google Map et ensuite vous pouvez zoomer... c’est Laurent Barme qui a créé cette page... il est très très fort...
La barque s’est donc détachée du bateau pendant le remorquage. Elle dérive et arrive vers la côte Nord Est de l’ile de Pentecoste... Or, sur cette face Est de l’île, il n’y a que des rochers et un platier, ce qui est mauvais si le rafiot touche terre par là... par contre, on m’explique que le vent peut se canaliser devant la côte et s’engouffrer dans la canal entre les 2 îles et là il est sauvé, car de l’autre coté, il sera facilement récupéré... Il avance à 1 Nd donc à cette vitesse il reste 24 à 30 heures... à 0h00 le 29 Juin, (temps universel).
(Pause : période cyclones) Ho Punaise !
Quel beau remorqueur !
Voici la photo de la Frégate du Prairial de la marine française qui m'a remorqué près de Wallis jusqu'à la passe Sud du lagon.
Je viens de recevoir un message d'encouragements, pour la suite du périple, du Commandant Pitrat qui dirigeait la Frégate... Franchement, merci à tout l'équipage ! C'était dingue de voir cet énorme navire m'arriver dessus la nuit... Quel accueil ! quel repas !
J'ai proposé de payer l'essence pour être correct... Le Pacha a souri, puis a demadé à un marin du bord de me faire visiter la salle des machines... Des moteurs énormes... fallait voir l'arbre de transmission de l'hélice, grosse comme les cure-dents à Godzilla. (Qui est né à Mururoa).
Ils m'ont largué le matin près de la barrière de corail... J'avais le coeur qui sortait de la poitrine... une sorte de joie... vous voyez.
Seule la mer s’en souviendra
Couverture de "La longue route" (1969), le livre mythique de Bernard Moitessier
Le dernier livre d’Isabelle Autissier (2009) : "Seule la mer s’en souviendra" retrace l’itinéraire de Donald Crowhurst perdu en mer en 1969 durant la première course autour du monde en solitaire et sans escale. Isabelle Autissier explore l’engagement d’un homme et de son bateau fragile sur cette océan qui observe son rêve et son mesonge et qui lui intimera de mourir. Crowhurst devient alors la mauvaise conscience de Robin Knox-Johnston qui gagnera la course et la bonne conscience de Bernard Moitessier qui refuse de passer la ligne d’arrivée. Son livre humanise Donald Crowhurst et rappelle de façon formidable que derrière cette lâcheté, il y a une histoire et du courage et qu’il faut être à la hauteur de ce que nous donnons à voir de nos rêves.
Quelle belle plume, Madame Autissier !
BOB
Bob c’est le boss. Il a passé 2 jours à refaire l’électricité du navire et je l’ai assisté pour apprendre. Il est super efficace et déconne tout le temps. Je commence à avoir peur que la préparation soit plus sympa que la traversée.
Le commentaire d’Olivier "c’est vrai, t’es complètement gelé de faire cette traversée"
Pour fêter l’arrivée, je mettrai ce qui restera de la barque dans mon Ricard.
Nouveau partenaire
La semaine prochaine, Robert Foresto, le boss d’asc va refaire l’électricité du navire. Je serai avec lui pour apprendre. Ça avance
Voici mes nouveaux potes
Les coquins du CLAE de Saint Jean m’ont transformé en "Garfield" ! .
Ça sera de leur faute si au milieu du Pacifique, j’attrape les oiseaux avec mes griffes et que je les dépèce avant de les manger crus.
Mercator Océan est partenaire du projet
"Le Groupement d’Intérêt Public Mercator Océan créé en avril 2002 a reçu de ses 6 organismes membres (Le CNES, l’Ifremer, le CNRS, l’IRD, le SHOM et Météo France) la mission de mettre en oeuvre un système permettant de décrire à tout instant et dans tous les recoins de notre planète bleue, l’état de l’océan"
L’équipe de Mercator Océan me communiquera au cours de la traversée les cartes des courants du Pacifique Sud pour que j’optimise ma dérive et que j’évite les pièges des contre-courants qui me ramèneraient au Pérou.
Leur accueil au siège de Ramonville près de Toulouse a été formidable !
Carte de prévision pour le 03 Déc. à 18h00. Aujourd’hui, le vent est défavorable pour sortir du port de Callao (Lima). Le départ est prévu en Mars mais je me familiarise avec ces cartes.
Ce lien vous mène sur le site de Weather Online qui donne les prévisions à 8 J (calendrier à droite).
Et avec le site des vents dominants (rubrique Wind stress direction) > site , préparez votre départ.
Images du baptême en Mai
Franck vient de réaliser ce jingle du baptême de la barque à la clinique Pasteur en Mai 2009
Tournage et montage vidéo : Franck Grimal "Heladon"
Le soutien des anciens
Danièle Durand-Rouquier, directrice de la résidence "Les Mimosas" à Albi et Jean Pierre Deymier, directeur de la clinique Pasteuront souhaité changer l’auditoire habituel des aventures de mer et présenter ce projet à nos Anciens. Ils avaient également convié les enfants.
Présentation de la barque aux ainés qui ont construit notre société pour que les petits de l’image d’à coté puissent s’amuser en paix.
Eux, les petits, se moquent totalement des discours. Ils voulaient grimper dans la cabane qui va sur l’eau.
Diner de cons
Une sympatique internaute m’a surnommé "Roue libre". C’est délicat, mais en bricolant la vraie roue libre de mon pistard j’y ai compté 8 "Pignons". Ça fait un sacré diner de cons.
Je ne veux plus que l’on m’appelle "Roue libre". Merci !
Balade avec les potes à la toussaint
Tout droit c’est le cimetière et on y va à reculons !
Grigri
J’ai traversé l’Atlantique sous sa protection offerte par mon ami Georges Nadji.
Lui, c’est Grigri l’amoroso qui repart avec moi.
Ils ont fait passer la route à travers la grange
Dom va tout droit comme un légionnaire. Balade entre Moissannes (Haute Vienne) et Castres (Tarn).
C’est l’été à Toulouse
Une pouffe dans la cuisine
Pour bouquiner dans le roulis, j’ai mis un pouf dans la cabine à la place de la kitchenette d’Anne Quéméré (Photo de gauche : Connétable 2004) .
Ouais ben ! Copenhague, ça marche
Les premiers effets du sommet de Copenhague se font sentir. J’ai sorti le bateau de l’eau il y a 2 jours pour le présenter aux écoliers de Saint Jean qui lui ont réservé un très bel accueil. Ce week end il est bloqué sur sa remorque et je regrette de ne pas pouvoir ramer sur le canal au milieu de ce superbe paysage. Sous les tropiques je rêverai de cette fraicheur.
La boule de neige
Moussaillon ! perds pas le Nord
Vie solaire
Il y a quelques semaines, j’étais sur le parking d’EADS Astrium invité par Serge Sampoux. Le bateau garé sur le trottoir rencontrait en plus de Serge, 2 autres ingénieurs de cette PME : Frédéric Jouffroy et René Cheynet de Beauprès. Je leur ai soumis mes problèmes solaires. Durant la traversée, je dois d’un côté repousser l’énergie solaire de la cabine qui se transforme en cocotte minute et de l’autre la capter pour faire chauffer mes repas. J’ai beaucoup de chance qu’ils s’investissent dans ce projet avec René en chef d’orchestre.
Le premier problème concerne la chaleur épouvantable à l’intérieur de la cabine lorsque le soleil est au zénith. Leurs solutions sont en cours de réalisation (schéma ci-dessous) .
René découpe le doubleur de toit dans sa cuisine
Le deuxième concerne l’ensoleillement du cockpit. Je ne suis pas une saucisse de Toulouse et 8 mois en plein soleil sous les tropiques vont me pourrir la vie. On a donc prévu un taud.
Dominique, la femme de René, en train de couper et de coudre le patron de la bâche.
Enfin, je leur ai demander de concevoir un four solaire pour la cuisson des saucisses et des patates. Frédéric et René ont intialement envisagé d’utiliser la bulle de la cabine pour faire un four pendu au plafond de la cabine. René a changé d’idée et fabrique actuellement un entonnoir solaire dont voici le prototype.
Départ, Mars 2010
Le départ de la traversée prévu début 2010 sera probablement décalé de 3 mois (Mars-Avril 2010) en raison du phénomène météo "El Niño" responsable d’une inversion temporaire du sens du vent et du courant dont j’ai besoin pour m’éloigner de la côte sud-américaine.
Boucle convective habituelle sur le Pacifique : Les alizés repoussent la masse d’eau chaude vers l’Ouest.
Le phénomène "El Niño" : Il arrive que les alizés faiblissent et s’inversent. L’eau chaude, plus haute, glisse alors vers l’eau basse et froide à l’est. Alors tout le régime climatique bien huilé qui régnait sur le Pacifique se dérègle
.
Nouveaux panneaux solaires
Francis : "P....! c’est pas une vis qui va me résister"
Je m’entraine par mauvais temps en ce moment
Mézigue en ciré
Blanc mentholé
Couleur pôle Nord à l’intérieur de la cabine.
Joshua
Aujourd’hui à La Rochelle, j’ai eu le grand plaisir de voir "Joshua", le voilier à bord duquel en 1968 et 69, Bernard Moitessier a parcouru le monde en solitaire et sans escale. J’étais dans le ventre de ma mère quand il a démarré ce périple dont le récit me berce encore.
La cave
Les vins corréziens des coteaux du SAILLANT-VEZERE partiront avec moi dans la barque. Denis Asselineau, un des propriétaires de ce cru, m’a offert une série de bouteilles et gère donc ma préparation psychologique. Sincèrement ce vin est incroyable, goutez le, scacoteauvezere@wanadoo.fr 05 55 25 24 60. A côté du vin corrézien sur l’image j’ai positionné un petit vin de pays sympa que m’ont offert Anne et Pierre Bourras et que j’ouvrirai pour fêter la mi- parcours.
Freud ! Au secours !
Elle est bonne celle là !
Ma mère a peint ma barque qui dans ses rêves ressemble tout simplement au radeau du Kon-Tiki.
Peu importe, le tableau est superbe.
Le vieux pote et la mer
Mon goût pour la mer date d’une vieille contamination par un virus que ma transmis Julien quand nous étions petits. Mon vieux pote et complice ramait ce week end sur le lac de Bujaleuf. On apperçoit Baptiste dans la cabine, son arracheur d’ailes de mouche.
La chiourme limousine
Vas y, largue les amarres pour une bonne rigolade avec les amis limousins.
four de ouf
René est trop balaise. Il fait des essais du four solaire en hiver à une température extérieure de 6°C
"The Salvandy Wall" (Photos and grafities by l’Olive)
le 19 Janvier L’école primaire Paul de Salvandy de Brive la gaillarde a accueilli le bateau et notre mamie Gaby qui était dans cette école de filles en 1935 (elle est en haut, 2ème en partant de la gauche)
Elle a repris la place qu’elle avait en 1935 dans la classe. Les enfants l’ont accueilli en VIP. C’était énorme.
Elle leur dira : "Surtout, aimez toujours votre maitresse". Elle précise au directeur Francois Clauzel : "l’atmosphère est intacte, seuls les murs sont un peu plus colorés".
Avec l’Olive, on s’est promis de toujours aimer notre maitresse.
J’explique un peu à Mamie où je vais ranger toute cette nourriture. On voit que le mur au fond de la cour "The Salvandy Wall" n’a pas bougé depuis 1935. Même le lierre est pareil. Y’a aussi le tonton Jean Pierre sur la photo.
L’olive, un de ses petit fils, mon cousin toujours présent, très gentleman remet un bouquet à Elisabeth qui a oeuvré pour recevoir la mamie en grande pompe.
Les Grangettes
Je roulais paisiblement à 100 km/h sur l’autoroute tractant le bateau sur sa remorque en direction de Villefranche de Lauragais pour rencontrer les élèves de l’école primaire Jules Ferry qui allaient me réserver un accueil incoyable. Je regarde dans mon rétro et j’aperçois de la fumée qui s’échappe de la roue gauche de la remorque qui parraisait un peu penchée vers l’intérieur. Je me suis d’abord agacé sur la glace du rétroviseur que j’accusais de déformer la réalité mais j’avais benoitement explosé un roulement et je roulais tranquillou sur la fusée de l’essieux. Je me suis trainé jusqu’aux Grangettes où Jean Jacques, Serge, Jean François, Gérard et Guy ont déclenché un plan Orsec de leur cru.
Pour réparer cette avarie on a d’abord manger un cassoulet et bu du vin avec les 2 journalistes de France 3 qui m’accompagnaient. Puis ils ont chargé la barque sur un camion pour que les élèves puissent en profiter
Ils sont partis à Toulouse chercher les pièces détachées pendant que je m’amusais avec les gosses. De retour à l’atelier, Guy a refait le filetage, tout remonté avec des roulements neufs puis renforcé la réparation avec un point de soudure sur l’écrou. Guy est un maestro de la mécanique et Serge, Jean Jacques, Jean François et Gérard sont des anges gardiens. Un grand moment du voyage, comme tous ceux que je passe avec eux. merci beaucoup les gas !
Polémix
Le taureau miaulétou surnommé Polémix protège ses coucougnettes à l’ombre.
Ho la vache ! je démissionne et je pars sur cette grosse chaloupe.
Cro drôle
Si vous voulez vous marrer, faites monter des enfants de maternelle dans la barque. Et bien, c’est le délire, surtout si vous les laissez crier comme ils veulent dans "la cabane qui va sur l’eau".
Ecole de Salvandy à Brive (19 Janvier 2010).
Villefranche de Lauragais
A Villefranche de lauragais, les écoles primaires publique et privée sont de la partie.
Photo avec les élèves et les institutrices des classes de CM2. Ils manquent les CM1 et les élèves de l’école Saint Joseph.
Roof de ouf
Les élèves de terminal de la classe de Dominique Cheynet du lycée professionel Myriam à Toulouse ont fabriqué le taud (parasol) dans une toile super solide de Zodiac. ça va m’éviter de faire la crevette rose. Merci pour ce très beau travail et cette bonne ambiance.
120 cm sur 70cm, c’est suffisant et assez petit pour ne pas que vous imaginiez qu’elle va faire avancer le bateau.
L’Olive dans le ... du boa
Ce système de ventilation qui ressemble à un serpent est un extracteur d’air solaire (25m3/ h). Il fallait percer le plafond mais j’ai préfèré le garder amovible et le positionner à l’extérieur quand il fait chaud avec un tuyau de sèche linge au fond de la chambre. ça fera moins de goutte sur la tronche quand les vagues passeront par dessus le pont
Avec l’isolation de la cabine et l’extracteur, l’Olive est au frais.
Je carbure comme un âne
Pacifique en Kite
Je vous conseille de suivre le prochain défi d’Anne Quéméré, la reine des traversées sur esquifs. Pacifique solo. Elle va traversée avec un Kiteboat construit par Marc Ginisty. Cette aventure va sans doute commencer par la construction du bateau par Marc qui sera une belle partie du voyage. kalim et m-g-m
L’oeil regardait Tahiti
Je ne serai pas en mer pendant la période cyclonique du Pacifique Sud.
Ma nouvelle pouffe
Celui ci est un pouf en triangle avec un tissu imperméable. C’est très pratique puisqu’il me cale partout dans cet espace réduit. Mais sutout, comme il est placé sur la photo, il me permet de lire assis dans le sens du rouli.
Moissannes
C’est formidable tous ces gosses qui s’éclatent dans le bateau. Ici, c’est à l’école de Moissannes (87) dans le village de mes parents.
- Maitresse marron : "J’ai un peu le mal de mer"
- Maitresse rouge : "Rien en vue. Repos les filles"
- Maitresse violette : "OK chef".
Second siège
Christian de Moissannes refait un second siège de rame. Au cas où.
Il y a quelques points de vulnérabilité sur le bateau qui en cas de panne compromettraient la traversée. J’ai doublé le matériel comme les rames (3 paires de marque Avirow), le dessalinisateur avec une autre machine manuelle, le siège de rame, le GPS, les lunettes de soleil, la casquette. Tout le reste, c’est du confort.
Tout va aller très vite
Je fais les derniers achats avant d’embarquer le bateau mi Mars dans un container en direction de Lima.
La bâche
Dernière modif avant l’embarquement. Cette petite bâche devrait me protéger du soleil sous les tropiques. J’ai souffert de la chaleur au cours de la traversée de l’Atlantique et 8 mois brulé par le soleil m’auraient un peu gaché le plaisir d’être en mer. Merci, Baltazard, Polo, Christian, René et Dominique Cheynet, les élèves du lycée professionnel Myrian, Christine Blanc et l’équipe d’Avirow. Je me rends compte du nombre de personnes mobilisées pour ce petit bout de tissu. Dans le cockpit, on peut voir le radeau de survie que me prête Christine Blanc, au cas où.
Le printemps arrive
Lyophilisé
Je fais un peu de pub à une nouvelle enseigne : "Lyophilisé". C’est pratique de commander chez eux pour 3 raisons :
- Ils ont beaucoup de choix.
- Ils sont très agréables.
- Ils répondent à toutes les questions posées : un vrai service
Ariane Pehrson, qui doit être le boss de cette boite répond à vos mail dans l’heure.
Voici les 2 paires de rame suplémentaires renforcées avec une épaisseur de carbone par l’équipe d’AVIROW . Victor s’est assis dessus en mettant les extrémités sur des chaises. Je vais traverser le Pacifique avec une paire de rame standard et celles de la photo me seviront en cas de casse. Je vais confirmer qu’AVIROW, c’est du solide.
Viking
Viking est le partenaire sécurité de la traversée. Ils me fournissent un radeau et une combinaison de survie. Merci beaucoup. http://www.viking-life.com/viking.nsf
Nouveaux partenaires
Voici mes nouveaux partenaires. Grany m’a offert les barres de céréales pour 8 mois, le Domaine de Sarrabelle de Gaillac un magnum de leur méthode Gaillacoise pour arroser l’arrivée et La mairie de Toulouse va diffuser l’évolution de cette longue balade.
Maintenant, il va falloir être à la hauteur du rêve.
Le bateau part pour Lima dans quelques jours et je le rejoins dans 1 mois pour un départ du port de Callao fin Avril. Avec des vents favorables et cette embarcation de Marc Ginisty qui glisse si bien sur l’eau, l’arrivée est prévue pour Novembre-Décembre 2010. (7 à 8 mois)
Petite escapade de la barque sur la place du Capitole, accueilli par Clément, le patron du restaurant : Le Florida.
Ber
Voici le ber en bois qui servait de présentoir au bateau d’Anne Quéméré. Il a été renforcé par Guy, des Grangettes et devait servir à l’empotage du bateau Vendredi 02 Avril. Mais patatra ! la règlementation du traitement des éléments en bois avant importation au Pérou a changé début Mars . Le produit de fumigation est maintenant interdit. Il a fallu annuler le transport.
J’ai été sauvé par Jean-Charles Vicot d’Accastillage Diffusion de Toulouse-Ramonville qui m’a offert ce ber en galvanisé et encore par Guy qui l’a renforcé. Finalement la date d’arrivée à Lima reste prévue fin Avril.
L’équipe des Grangettes de Villefranche de Lauragais à qui je dois beaucoup, finalise à l’apéro ce moment incroyable avant le départ.
Les coqs de Pasteur
Voici les vidéos du Haka des coqs de la clinique Pasteur de Toulouse en Ecosse avant le match du tournoi des 6 nations 2010.
L’équipe de rugby de la clinique Pasteur en tenue de gala. Ya un lapin, ça porte bonheur.
Nouveau partenaire
Garmin m’a offert un GPS avec un système de cartographie. Une machine simple et fiable qui devrait m’emmener de l’autre coté du Pacifique.
Transpondeur
C’est le dernier bricolage. Bob (Antenne Satellite Communication) vient d’installer le transpondeur, un appareil qui renvoit l’écho radar emis par les cargos ou les bateaux de pêche. Je serai repéré sur l’eau à 15 km par les autres navires au lieu de 3 avec un réflecteur classique.
Photo prise sur le parking de la salle de concert du Bikini qui m’accueille et surveille la barque depuis 1 an.
Baleine d’Avril
Voici ma compagne de voyage.
J - 28
La fin de préparation est longue et le bateau mettra un peu de temps à arriver à bon port. Dans 28 jours, je serai avec la barque à Callao devant le Pacifique. 7 mois de traversées serait un temps idéal pour une arrivée espérée début Décembre avant que ne commence le mauvais temps.
Pompes
A droite en entrant, dans la cabine, il y a 2 pompes. Une pour la cale qui évacue l’eau entrée dans l’habitacle. L’autre pour un ballast de 100 litres installé sous le poste de rame, qui doit stabiliser la barque par mauvais temps et favoriser l’autoredressement en cas de retrounement. (Conception Marc Ginisty)
Cette photo a été prise avant le rafraichissement par la peinture blanche-mentholée.
La carte de progression
Je ne suis pas encore parti mais voici la carte de progression qui sera mise en ligne prochainement. (les différentes positions sont des essais) Elle a été conçue par Laurent Barme et récapitule une fois par jour la distance parcourue depuis le départ et à parcourir jusqu’à l’arrivée, ainsi que la distance journalière . Il y a même un encart pour un commentaire qui concernera l’état de la mer et la météo. Les nouvelles moins techniques seront sur ce journal de bord habituel.
Cliquez sur la photo
What’s new, Poussy cat ?
Je prépare le retour et j’ai repeint cette bagnole en rouge de Castille. Sur la 3ème photo, y’a la petite chatte de Moissannes sous la voiture. Des heures durant, elle te fixe quand tu bosses, c’est étrange et très sympa.
Les lapins
Marc Ginisty est taquin. Il transgresse un petit tabou et je trouve ça très marrant.
Crouzil frères
Alain Crouzil m’a fourni la nourriture liophylisée, le café, le Banania et le vin. Son logo est superbe.
Les Grangettes
Les Grangettes, à Villefranche de Lauragais, où j’ai été si bien accueilli dès le début de ce projet méritait une place de choix sur la barque.
J’en ai profité pour faire manger des confiseries au petit poisson d’Heladon, symbole de l’entreprise de mes potes, Laurence et Franck Grimal.
Finalement on sera 2
Finalement on sera 2 à partir à travers le Pacifique. Je n’en parlais à personne mais une bonne soirée hier a fini de nous décider. On va être heureux en mer même si l’espace est exigu. Nous serons obligés de ravitailler en Polynésie. Je vous précise tout ça rapidement.
Allez Guy, Feu !
A bientôt mon pote.
Frésénius Kabi
Stéphanie Adèle, du Laboratoire Frésénius Kabi qui fournit les hopitaux en produits de renutrition, m’a offert 170 flacons (43kg, déjà dans la barque) de ce soluté hypercalorique et hyperprotéiné. 400 Kcal et 20 mg de protéine dans 200 ml . J’ai fait le choix d’emporter ces flacons lourds pour éviter de fondre comme un glaçon.
Anne Lemmet, une amie qui me soutient à donf, m’a aidé à composer les sacs de nourriture. 30 sacs d’une semaine soit 7 mois. J’ai interêt à ramer.
Nooon, pas ça ! Faites attention.
Le cargo est en mer. Tout va bien.
Il y a 1 an aux Grangettes.
Remarquez qu’ Amédée peint des 2 mains. Il n’a pas de masque parce qu’il peint avec du fromage blanc. Ce n’est pas toxique !
Tournage et montage vidéo : Franck Grimal "Heladon", il est trop fort.
Avant-Goût du départ. Transat 2006.
Le montage vidéo est inspiré de celui du film de la traversée de Benjamin Marty et Olivier Villain
Cte blague. Ya une supportrice qui dit que je vais vite.
Ex Diogène
Je viens de recevoir un message très sympa de François LAMY qui est propriétaire de Diogène, bateau avec lequel j’avais traversé l’Atlantique en 2006. En 2008, Benoit Dusser et Fabien Decourt l’avaient racheté pour participer à la course Transat anglaise qui a lieu tous les 2 ans et cette année François et Benoit ont remis ça pour finir 2ème. Superbe performance. Ils l’ont modifié pour l’alléger.
Alain et les cartes du monde
Salut Alain, mon pote qui m’aide pour toutes les étapes de cette préparation. On se marre, on bosse et on bouffe. Si je réussis, ce sera en grande partie grace à lui.
Sont étalées par-terre, les cartes du monde données par "Médecins sans Frontière" qui devient du coup, un partenaire technique. Bienvenue à bord.
Nous les avons redécoupé pour reconstituer l’océan Pacifique qui habituellement se retrouve couper en 2 sur les planisphères centrées sur le méridien de Greenwich. Elles gondolent encore à cause de la colle. Je vais bientôt les distribuer aux partenaires pour le suivi pendant la traversée.
L’Afrique, l’Afrique.
Tous ceux qui ont le bonheur d’avoir rencontré Georges Nadji comprendront à quel point je suis heureux de repartir avec cette statuette qu’il m’a offerte. Il vient de me confier la soeur jumelle de celle qui a traversé l’Atlantique en 2006.
CNES
J’ai été reçu par Antonio Guell, responsable du Service Application/Valorisation du CNES - Centre National d’Etudes Spaciales. Ils ont accepté de me fournir 2 balises ARGOS de détresse. C’est très précieux puisque celles ci permettent également d’envoyer ma position régulièrement. ça y est ! je suis presque au départ et en sécurité.
Météo au départ à Lima
Les vents au départ de Lima sont établis. L’orientation est plutôt Sud-Est dans le sens du courant. Les difficultés seront toutes conjuguées les premiers jours puisque je dois ramer vers l’Ouest pour m’éloigner rapidement du port de Callao. Pas vraiment pour éviter une bascule de vent qui me drosserait à la côte mais surtout pour sortir de la zone de pêche. "Aqui bote de ramos... Aqui bote de ramos... Estàs en mi camino. A usted". En plus, je vais sans doute vomir pendant 3 jours, Attention aux tendinites. Anne Quéméré m’a dit avant le départ sur l’Atlantique "Tu seras une semaine en enfer et le reste au paradis" . C’était vrai, alors ! Va pour le paradis.
Fiesta aux Grangettes.
Dernière fiesta aux Grangettes à Villefranche avant le départ. Barbecue, pinard et tarte décorée avec une barque. Tout est prétexte pour faire la fête dans cette boutique. C’était vraiment sympa.
J-10
J-10
Tout est prêt. Je pars dans quelques jours pour Lima puis je sors la barque du container, je vérifie le matériel, je fais quelques courses pour avoir du frais les premières semaines et hop ! c’est parti !
J-7
J-7
Rachel Onderka de l’Agence National des Fréquences est un ange gardien qui en 2006 m’avait soutenu pour l’immatriculation difficile de mon bateau anglais. Elle a pris soin, encore cette fois, de surveiller la préparation du matériel de sécurité et de son enregistrement auprès des organismes de secours. Je n’en aurai sans doute pas besoin mais c’est quand même rassurant.
Le CNES, par l’intermédiaire d’Antonio Guell, collègue neurologue, responsable du service Application/Valorisation du CNES, m’a prété les balises Argos de CLS et le téléphone satellite.
2 Balises Argos
Balise Cospas-Sarsat
VHF portable
Téléphone satellite
Fusées de détresse
Activ’Echo
Départ pour Lima.
Je pars pour Lima, Mercredi 5 Mai.
Dernier jour à Toulouse.
Je pars renifler l’air pur, me soustraire aux tentations et me laisser bercer au long cours. Je vais manger des trucs secs pas bons. Mais sans les potes, bouffer c’est dégueu, à quoi bon. Je quitte joyeux, ces olibrius qui m’entourent, rêvant des seaux de bière du retour. Hola ! amigos, ça rime. Encore merci à tout ceux qui m’ont soutenu et à bientôt !
Je donnerai des nouvelles tous les jours à partir de Samedi 08 Mai.
Je suis à Lima et devinez où je crèche ?
« En Casa de HNAS Dominicas de la Immaculada Concepción ».
Je dois un peu expliquer comment j’ai fini par croire après quelques heures au Pérou que j’étais mort, déjà arrivé au paradis, entouré par des anges qui sont venus me chercher à l’aéroport et qui ont déposé des tonnes de fruits dans ma piaule. Je me sens bien dans cette chambre sobre : un lit, une table et une chaise. Je dors et je bouquine comme dans la barque. Peut être que si je reste ici jusqu’à la fin des temps, vous pourriez m’envoyer mes potes et une petite loche.
Jusqu’à mon départ de Toulouse, il y a quelques jours, j’avais un studio au couvent de la rue des martyrs. Au fil du temps je suis devenu ami avec la Mère Supérieure, Inmaculada, et c’est elle qui m’a fait préparer ce superbe accueil ici au Pérou qu’elle connaît bien puisqu’elle y a vécu.
Callao
Aujourd’hui, c’est relâche. Je vais quand même visiter le Club d’Aviron Regata de Lima à Chorrillos avec Juan Velasco, achitecte et rameur du club qui m’organise le gardiennage de la barque et même l’hébergement de ma personne au club. Je suis allé hier à Callao mais il préfère que je parte de Chorrillos qui est à quelques kilomètres plus au Sud. A voir
La Punta, Callao.C’est très bien qu’il n’y ait pas de vraie Marina a Lima. Les bateaux sont pour la plupart au mouillage, mais je dois quand même trouver un ponton gardé pour 48 heures avant le départ.
Callao
Finalement j’ai choisi la Marina de Callao plutôt que celle de Chorrillos située au fond d’une baie plus au Sud. D’abord la Marina de Callao est une école militaire qui sécurise le bateau, et aujourd’hui, dans la baie de Chorillos le vent au depart était plein Ouest alors qu’il est complètement coupé au delà de la pointe de Callao plus au Nord. Demain, je pense que le bateau est a l’eau.
Il y a toujours un peu de brume sur Lima.
Je n’y suis pas encore.
Le bateau sort de la douane demain ou après demain. Ce n’est pas cool mais j’ai une grande patience. Le problème est que la période de pêche commence dans 3 jours et il y aura beaucoup de bateaux sur l’eau qui ne ratisseront la mer qu’entre 5 et 20 milles de la côte. Gérard Sirech de CLS Pérou me surveillera et enverra ma position aux pêcheurs pour qu’ils ne me prennent pas dans leur filet. J’ai fait un essai de la balise Argos et le petit bateau de la carte s’est déplacé dans Lima.
A demain.
J’arrive.
C’est l’aventure ! La barque doit sortir demain ou après demain, au pire lundi. J’ai maintenant un courrier de soutien du commandant de l’école navale et du commandant de la capitainerie. Tout ça, grâce à 2 soeurs ; Luzmila et Maria Eugenia. Elles sont incroyables et ne savent plus quoi inventer pour me rendre la vie facile. Elles n’ont pas besoin de mettre des coups de latte dans les portes pour entrer, dès qu’elles apparaissent les gens se précipitent pour leur être agréable et même les clochards se virent du trottoir quand elles passent. Grâce à tout ça, j’ai quand même un sentiment de paix comme si j’étais déjà au large. Mais franchement un mécréant comme moi. Dès que la barque est dans l’eau, je mets des photos en ligne.
C’est compliqué mais pas désespéré.
Franchement, ils m’auront tout fait. Au moment où la barque devait sortir du container, on m’annonce que les dates d’accueil du bateau à la marina sont dépassées et qu’il faut refaire faire les courriers de l’école navale et des officiers de la capitainerie. La patience est le maître mot de ce type de balade, ça m’entraîne !
Pour l’état d’urgence, finalement ils ne virent que les syndicalistes. Ils ne s’embarrassent pas trop ici.
Prévision
Je vais partir dans quelques jours. Le port de l’école navale est situé à la pointe de Callao. En face, il y a l’île de San Lorenzo qui est un terrain militaire. La partie la plus délicate commencera après le cap Nord de l’île qui n’est qu’à 7 km puis pendant 4 km je vais traverser un rail de cargos. La capitainerie préviendra de ma présence dans le secteur et Gérard Sirech de CLS (Argos) surveille déjà les 1000 bateaux de pêche qui sont actuellement plutôt au Nord. Ils ratissent la mer en général à moins de 20 miles de la côte.
Trace de la route prévue au départ.
Rude journée
Rude journée,
C’est pour aujourd’hui ou pour demain. Je vais prendre des photos. La grue est prête à descendre le bateau à l’eau, puis je rame 1 km pour l’amener au port de l’école navale. Je pense que je vais ranger pendant 48h et c’est parti. Je me demande combien de fois j’ai écrit ce même message.
Slalom géant
Voici la vue de la punta de Callao qui correspond à la zone que je vais traverser. Je vais passer au Sud donc à gauche des bateaux de pêche que l’on aperçoit à la fin de la vidéo.
Départ : Dimanche 23 Mai à 9h00 (Pérou)
Départ : Dimanche 23 Mai à 9h00 (Pérou) (Dimanche 16H00, France) (Lundi 1h00, Nouvelle Calédonie)
La douane a signé l’autorisation de sortir le bateau en transit. Il reste une inspection complète prévue demain. Le bateau sera sorti du container sur son ber roulant puis déposé sur un camion puis transporté jusqu’au Yacht Club pour qu’il soit gruté puis je rame un petit kilomètre jusqu’à la marina de l’école navale, donc jeudi, il sera au port. Je crois que j’ai un peu stressé le transitaire qui est un chic type.
Une fois au port, je n’ai plus qu’à ranger quelques affaires et tester le dessalinisateur en mer. Samedi, je fais des courses et dimanche matin, je démarre. OUFOUFOUF. Attention amigos, une fois que la barque est dehors, je la colle pour qu’il n’y ait plus aucune surprise.
Etat d’urgence sur Callao. C’est ballot.
Estado de Emergencia en la Provincia Constitucional del Callao.
- Se ha declarado el Estado de Emergencia en la Provincia Constitucional del Callao, por el plazo de 60 días, a fin de mantener y/o reestablecer las actividades y servicios portuarios y el orden interno. En este sentido, a partir del 20 de mayo de 2010, quedarán suspendidos los derechos constitucionales relativos a la libertad y seguridad personales, la inviolabilidad de domicilio y la libertad de reunión y de tránsito en el territorio de toda la Provincia Constitucional del Callao
(Decreto Supremo N° ’57-2010-PCM)
Départ reporté !
Le bateau est coincé encore ce week end. Je ne sais pas du tout ce qu’ils lui veulent. Ils le trouvent beau et ne souhaitent pas s’en séparer trop tôt.
C’est pas le Pérou, mais ya pire comme attente.
Joyeuse Pentecôte ! Et ça me fait d’autant plus plaisir de vous la souhaiter longue et raide que le lundi de la Pentecôte n’est pas férié au Pérou. Une chance quand même pour ce dernier papier que je devrais récupérer demain. "Le dernier", ils ont dit.
Ici, ce n’est pas un centre de rétention. Hier, j’ai visité Lima, la terre a tremblé un peu puis je suis allé à une soirée latino-américaine. Ya pire comme attente.
Four solaire
Voici la version finale du four que j’emmène. J’ai tout simplifié en prenant un saladier en inox et une théière rouge-noir. ça ne bout pas mais j’ai de l’eau chaude, ce qui me suffit largement. Je vais acheter du film plastique pour améliorer le rendement et soustraire la théière à la convection du vent. Merci encore à René Cheynet qui continue à travailler sur le prototype pour la plaisance.
J’ai fait 2 trous dans le saladier pour passer une sangle qui tiendra la théière. Tout simplement.
Bonjour
Petit à petit, l’oiseau fait son nid.
Ne croyez pas un seul instant que je vais lâcher le morceau.
Sur un tableau de marche de 7 mois jusqu’en Nouvelle Calédonie, ça me fait arriver fin Décembre. C’est encore raisonnable mais je peux me faire secouer un peu à l’arrivée. Pour la dernière étape de 3 semaines de Nouméa à l’Australie, il va falloir réfléchir. On verra dans 7 mois.
Hasta la victoria siempre.
Vous devez vous désoler de cette situation. Et bien je vais partir tout d’un coup, comme une balle, pas pour faire un trou dans l’eau mais pour dessiner un trait qui écrira une belle phrase de droite à gauche pour changer. Même les douaniers se diront : "Et dire qu’on avait peur qu’il revende son merdier au Pérou".
Finalement, ça ne fait que 3 semaines.
Je ne parle pas d’administration car c’est lourdingue. Mais je n’ai pas envie de parler de paysage de voyage ou d’amour. Alors je m’écrase mais ça vient.
"Demain, il sort ce bateau ?".
C’est moi dans quelques heures.
Elle est dehors.
J’ai récupéré la barque en bon état et il fait beau.
La barque, Marie Eugénie, Mézigue et Luzmila. Mes 2 anges gardiens de Lima.
On dirait que je la porte.
Je devais partir dimanche et puis aujourd’hui, j’ai décidé de ne partir qu’en milieu de semaine. J’avais l’impression de me sauver et je souhaite que tous ceux qui m’ont aidé ici fassent un tour de barque et que mes 2 soeurs, Luzmilla et Marie Eugénie puissent être au départ. Elles ont tout donné dans cette histoire de dingue à la douane. Je peux même dire que l’on a passé un très bon moment.
J’en profite pour remercier ceux qui ont sorti la barque, la Madre Irénée, Madre Inmaculadad, Gérard Sirech (le boss de CLS Pérou), Jaimé Ackermann (le responsable du Yacht Club Peruano), Alfredo, Lydia, Yulissa, Georgett, José Luis, Andrès, Le commandant Chavez , Angélique, Laurent Barme et Juan Velasco.
Quand je vais me lancer dans les remerciements à ceux qui ont soutenu ce projet depuis 2 ans, ça va faire un très long message : Encore mille fois merci à tous.
Départ prévu Jeudi 10 Juin à 9h00.
Je pars jeudi à 9h00 du matin, heure de Lima (+7h00 en France). Alfredo qui m’a conduit pendant un mois a repeint l’antifooling. J’ai rajouté un feu de position car celui que j’avais monté a pris la flotte et je craignais une panne à un moment critique, surtout les premiers jours quand je vais slalomer. C’est la joie ici.
Départ prévu Jeudi 10 Juin à 9h00 (Pérou)
Marie Eugénie 007
Cette photo a plu et je la remontre car personne n’a vu que Marie Eugénie venait de faire taire la douane avec son flingue. Elles sont allées jusqu’au bout je vous dis.
Avis à la population : Départ décalé de 48h00
Le départ est décalé à Samedi 8H00. Petit problème technique administratif sans importance. ça me permet de retrouver la forme sur l’eau. 2h00 de rame ne m’ont pas posé de problème c’est bon.
El barco prêt au départ
Il n’y a pas de port au sens stricte avec une marina et des pontons. Les bateaux sont tous au mouillage puisque c’est toujours calme sur cet étang.
Gérard Sirech, le boss de CLS Pérou.
Sur cette vidéo on a un aperçu de la brume présente en permanence sur Lima et sur la côte sans vent ni vague au niveau de la Punta de Callao. Gérard me soutient à fond et on se marre bien. CLS est partenaire avec le CNES. Je pars avec leur balise Argos.
C’était la mise à l’eau il y a 6 jours
Comme je n’aurai pas de film du départ à mettre en ligne alors je partage la mise à l’eau.
J0 - Départ : 9h45 ( heure Lima ), 16h45 ( heure française )
Le départ, du port de Callao
J’ajuste les rames
Et hasta luego, amigos
J0 - 1er jour, 18h16
Le mal de mer, c’est dur, mais j’ai pu me sortir du chenal des cargos
C’est un bon début non ?
J1 - 2ème jour, 7h57
Ce matin, ça va mieux : l’océan m’a donné un petit répit. Je répare mes doigts et je vais essayer de progresser vers l’ouest. Hier, brume, hoy, soleil.
J2 - 3ème jour, 8h09
Cette nuit, je me suis fait secouer les plumes par le vent et les vagues, ça fait partie du décor. Vas-y ma poule, souque... Et, là, je re-vomis un peu, ça fait encore partie du décor. Quelle Classe !
J3
Y a un bruit de trompette depuis plusieurs jours sur le Pacifique, c’est chiant. Lolive me dit que c’est des vuvuzelas, kézako l’vuvuzela ?
J3 - 4ème jour, 8h51
Ça y est, je mange presque normalement. Je vais essayer de faire de l’ouest, mais j’ai le vent et la mer de travers. J’ai mille kilomètres comme ça et après, c’est La Walkyrie !
J4
Je pars un peu vers le Nord, ça va durer quelques temps car le vent est Sud-Sud-Est. ça fout les chtons d’avoir le vent et les vagues en travers. J’ai rêvé cette nuit qu’un flic m’arrêtait parce que je n’avais pas mis ma ceinture. Depuis je rame avec le harnais. Surtout ne dites rien à ma mère !
J5
Je viens d’avaler une truffade en faisant les montagnes russes sur une
houle de 4 mètres. Elle m’est un peu restée sur l’estomac. Je vais compenser
en mangeant des gros fruits de la passion que les soeurs m’ont donnés avant
de partir (30 kg).
J’essaie de partir vers l’ouest mais c’est difficile et ça va durer.
Il y a comme une porte à ouvrir pour partir vers Tahiti
J8
Certains doivent se dire : "Il est pas arrivé l’pauv’mec s’il fait des détours de 1000 Km pour contourner du vent". Ce à quoi je réponds : "C’est sûr, il est pas arrivé l’pauv’mec avec sa maison sur le dos comme un escargot. Mais, "Petit à Petit, l’oiseau fait son nid".
J10
Pacifique sud le 17/06/2010
« Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain et ces collines, ces dessins d’arbres, voici qu’à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu’un paradis perdu. L’hostilité primitive du monde, à travers des millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n’avons compris en lui que les figures que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. »
(Albert Camus, Le mythe de Sysiphe)
Et ben moi, je ressens ça avec les couchers de soleil. ça ne me fait rien, on en
a trop parlé, et puis c’est à l’heure de l’apéro. C’est juste génial sur une terrasse de café pour rougir la face de tes potes qui se gavent de cacahuètes. Par contre la venue de ces grosses bestioles que j’ai prises en photo m’enchante toujours autant, c’est de la joie pure.
J8
Ce matin un piaf faisait du toboggan sur mes panneaux solaires. Je lui ai dit
de trouver un autre perchoir sur la barque car j’ai besoin d’électricité pour ma
balade. Mais lui ne voulait rester que là, et j’ai été obligé de le faire
déguerpir... C’est dommage, ça me faisait une chouette de compagnie
Pacifique Sud le 20/06/2010
J6
L’animal sur la photo est un lion de mer. En clair : un gros phoque.
Ils peuplent les îlots autour de Lima. Celui-là je l’ai appelé le Douanier
Rousseau car il m’a suivi plusieurs jours. Quand je restais trop longtemps dans
la cabine il frappait sur l’eau avec ses nageoires et criait "Hurgh, hurgh,
hurgh"... Je sortais ! Et là, genre "j’ai peur", il s’enfuyait sous l’eau. Ça doit être une gonzesse
Pacifique Sud le 18/06/2010
J7
Carte des vents du samedi 19/06/2010 à 06h00 UTC
Voici la porte dont je parlais. Sur ce bulletin-météo, on voit que les vents sont Sud-Sud-Est. Si je me laisse aller, je vais vers la côte ou je me dirige vers les Galapagos, ce qui est une très mauvaise idée. Je remonte donc tranquillement vers le Nord en essayant de faire de l’Ouest comme on dit, et la porte dans 2-3 semaines va s’ouvrir vers la Polynésie
J9
Ce bateau est quand même une merveille. Il est sorti tout droit du
cerveau du Capt, Marc Ginisty. Tu peux trouver un équilibre entre la dérive
avant et le safran, et choisir un cap régulier. Ça permet de ramer à fond
avec les 2 bras sans être obligé de compenser pour la direction. Ça change
tout et c’est super agréable.
J13 - Totem
Hé les gars, pour changer un peu de sujet, voici la photo du clocher de
l’église des Soeurs du Pérou. Vous ne trouvez pas qu’il est habité, on
dirait un Totem. Il a même un grain de beauté à coté du pif. Faut prévenir
le musée des Arts Premiers du Quai Branly
Lima, Pérou, le 24/06/2010
J10
Aujourd’hui, c’était la grande pétole, ça m’a reposé et j’ai moins ramé pour bricoler.
J’ai un petit calcul qui aurait beaucoup plu à Yves Roussel qui nous a quitté et qui se passionnait pour les mathématiques et les histoires de mer, notamment ma traversée de l’Atlantique à la rame :
De combien d’heures sera décalé le lever du soleil entre le départ
de Lima et l’arrivée à Nouméa sachant que 1° de longitude correspond à 4
minutes en moins en allant vers l’Ouest. Lima est à 77° Ouest et Nouméa
167° Est. Y a un piège...
J11
Réponse : 7h44 et pas 6h00, car il y a la ligne de changement de date à 180°Ouest et on repart dans l’autre sens 179 Est puis 178 Est.... jusqu’à 167°Est. Mais le plus marrant est que si je passe cette ligne à 0H00, je sauterai directement au jour suivant. Il y aura alors une date qui n’aura jamais existé pour moi, ça doit être mi-novembre. C’est un peu prématuré de parler de ça car je dois me concentrer sur la première porte.
Méthode de calcul : de 77°W à 180°W, il y a 103°, de 180°E à 167°E il y a 13°, donc 103°+13°=116°, et 116° X 4 min (4’) = 464 ’ = 420’ + 44’ = 7h + 44’ = 7h44
On m’a donné aussi ça comme méthode de calcul : ((360-167)-77)X4):60 =7,73 = 7h44
Ho la vache, ce cerveau primitif de barbarian fait le tour du globe
vers l’Est puis vers l’Ouest et voit ce qui reste, pas à la rame j’espère.
J12
Pacifique Sud le 24/06/2010
Je crois qu’il pêche en rabattant les poiscails vers ses potes.
Deux dauphins tournaient autour en sautant et les autres bouffaient. ça me
rappelle un peu les repas de famille. Chez nous, au milieu, y’en a qui ne
sautent pas souvent.
J13
Pacifique Sud le 24/06/2010
Ce matin et depuis hier soir, j’ai du vent de Sud-Est pour 3 jours (ouf !) et je vais ramer le plus possible pour me barrer vers l’Ouest. Sur la photo on voit mon zéquipement avec 2 feux de position, le transpondeur, la balise Argos et les drapeaux français et péruvien que je laisse en place car ils me servent de biroute.
J14 - Il vase aujourd’hui
J’ai reçu un message de Poyot, mon pote qui est en photo dans la rubrique
cyclo-camping. Y’m dit "Ton parcours est très beau sur la carte". Pour
vérifier qu’il ne se moquait pas de moi, je suis allé voir sur l’écran
de mon petit ordi qui est quand même plus grand que le confetti
du GPS. Je charge la carte, puis mon parcours et je commence à dézoomer. Je
dézoome, je dézoome, je dézoome et je finis par avoir la carte globale avec
ma petite progression rikiki dans un coin qui va vers le Nord, ça m’a foutu
un petit coup. Je crois qu’il se foutait de ma gueule. C’est sa manière à
lui de m’encourager et ça marche. Demain j’vais ramer comme un tabanard.
J14 - Message de plus en plus nul
Cette nuit à 4h00 du matin y’a le transpondeur qu’a sonné me prévenant de
la présence d’un cargo mais je ne l’ai pas vu celui là. Qu’est ce que c’est
chiant, si je ne peux même plus être tranquille sur mon océan. Je croyais
que j’étais sorti de la zone des gros bateaux. Ou alors, yakékunkididumal
et ça siffle.
J15 - Le crabe
Poyot m’a répondu qu’il était sincère pour ma route. Sinon j’avance
toujours un peu en crabe pour partir vers l’ouest. En fait je serai libéré
quand j’aurai atteint le 90-92° Ouest, je vais alors réduire la profondeur
de dérive à l’avant pour laisser le bateau aller dans le lit du vent qui
passera à cette longitude à Est-Sud-Est, s’il y en a, et ça devrait m’aider
un peu, mais surtout être plus confortable sur l’eau. Tout va bien
techniquement sur le bateau.
J16 - La centaine d’amour
J’ai commencé mes délires culinaires. C’est un peu tôt dans ce voyage et il faut que je me contrôle mais c’est quasiment toujours le même. Je rêve que je mange des tomates à la vinaigrette. Je finis par y penser le jour et en fin de voyage, quand j’arrive, j’en profite pour en manger régulièrement avec un bonheur extatique puis cette ivresse s’atténue. Pourquoi faut-il que l’on retrouve ce que l’on aime quand on le perd ? Et tu peux toujours essayer de reproduire cette mécanique de manque artificiellement, ça ne marche pas, il faut le perdre. En ramant je pensais « Sauf peut être dans le poème de Pablo Neruda, « La centaine d’amour » du recueil que j’ai avec moi. Sont malins ces poètes ! Mais je t’arrête tout de suite, n’essaye pas de lire mes états d’âmes dans ce poème, car moi, je pense à une tomate à la vinaigrette quand je lis ça, c’est juste pour illustrer. De plus, je conseille à mes potes de ne pas envoyer ça à une femme pour la séduire. A tous les coups elle va s’arrêter sur le titre et te dire « Heinnnn, c’est quoi ce poème de polygame », elles cherchent toujours un message caché et si elles le trouvent dans le titre, t’es mort.
La centaine d’amour,
Sache que je ne t’aime pas et que je t’aime
Puisque est double la façon d’être de la vie,
Puisque la parole est une aile du silence,
Et qu’il est dans le feu une moitié de froid
Moi je t’aime afin de commencer à t’aimer,
Afin de pouvoir recommencer l’infini
Et pour que jamais je ne cesse de t’aimer :
C’est pour cela que je ne t’aime pas encore.
Je t’aime et je ne t’aime pas, c’est comme si
J’avais entre mes deux mains les clés du bonheur
Et un infortuné, un certain destin.
Mon amour a deux existences pour t’aimer.
Pour cela je t’aime quand je ne t’aime pas
Et c’est pour cela que je t’aime quand je t’aime.
Pablo Neruda
J17 - Poisson mariné !
Pendant 2 jours la mer était très agitée avec une houle Sud de 4m qui croisait une houle d’Ouest ?? avec les 25 nd de vent Sud-Est ça déferlait pas mal et j’ai même eu la nausée. Hier soir les dauphins sont passés me voir et sont restés longtemps, je les entendais couiner à travers la coque. Ce matin, c’était plus calme mais une vision d’apocalypse m’attendait : la nuit, un poisson volant avait atterri dans le pot de chambre que je laisse évidement dehors, "la pauvre bête", quelle mort atroce. C’était déjà arrivé en traversant l’Atlantique. En tout cas tout est paisible, avec un vent de Sud-Est de 15 nd, le soleil qui perce un peu et des dorades Coryphènes qui sautent partout. Demain je pêche.
J18 - Exocet
Pour en revenir à la bestiole qui a marqué un panier à 3 points. Le poisson
volant agrémente ma balade de la compagnie de ses prédateurs. Les Puffins,
oiseaux du large toujours présents, viennent frôler avec le bout de
leurs ailes le creux des vagues et déclenchent de temps en temps la fuite
d’un poisson qui bêtement s’envole, alors le piaf accélère son vol et
chope le malheureux avant qu’il ne replonge. C’est impressionnant et
qu’est ce qui faut être con pour s’envoler au lieu de plonger. Mais le
combat le plus rigolo est celui que déclenche la dorade coryphène. D’abord
elles sont plusieurs, elles chassent en bande. Plusieurs d’entre elles ou
toutes d’ailleurs sautent et frappent la surface de l’eau en retombant sur
le coté car elles sont plates et ça fait plus de bruit, un peu comme les
dauphins de l’autre jour. Je ne sais pas du tout à quoi sert cette phase,
peut être à faire remonter les missiles à pot de chambre, en tout cas
lorsque le combat se déclenche, en même temps que le poisson s’envole à une
vitesse très rapide ( mais toujours à ras de l’eau ), une dorade suit à toute
berzingue, un vrai Tex Avery. On dirait une scie circulaire qui fend la
flotte, et là, de deux choses l’une, soit le poisson a encore du jus et il
frappe la surface de l’eau avec sa queue, reprend de l’élan mais surtout
change de direction, et alors la dorade aveuglée par la gerbe perd le poisson
de vue et l’avion renifleur est sauvé, soit, complètement occis, il
amerrit et se fait bouffer. Tu vois mon pote, je ne m’ennuie pas sur l’eau.
Pour finir sur ce sujet, ils ont pris le surnom d’exocet dans le langage courant
des marins car ils font des vols de nuit et je les suspecte d’y voir que dalle
quand il n’y a pas de soleil car les percussions sur la coque n’arrivent que
la nuit et dans la cabine c’est une explosion. Je donnerais cher pour avoir
une photo de sa tronche juste après l’impact. Et je dis que les impacts n’ont
lieu que la nuit, heureusement, car je me vois mal prendre cet obus de
chaise percée dans la face pendant que je rame.
J18
Je vais passer en direct vendredi sur l’antenne de Radio d’Artagnan et j’en
suis pas peu fier. On devient pote avec l’animateur Jean-François. Lolive
va mettre un lien pour que le direct soit sur le site entre 18H00 et 19h00
dans l’émission "Place au sport". Il vous précisera l’heure. Il n’y aura
pas de différé.
J’ai mis aujourd’hui les lunettes de soleil que m’ont offert Annick
Gilibert et l’opticien Lascaux de Limoges. Elles sont géniales car il n’y a
pas beaucoup de soleil et je vois super bien. En plus, je ressemble à Yves
Saint Laurent. C’est pas comme les lunettes à 2 balles que m’a offert
Lolive, j’ai l’air d’un crooner mais il fait nuit quand je les mets. Peut-être que
pour l’arrivée je mettrai quand même celle de Lolive.
J22 - Préjugés
Je ramais tranquillement quand cette bête de féraille s’est approchée de moi avec le nez légèrement décalé. Sauf que je ne voyais pas se dessiner la longueur de la coque et je me suis dit "Nom de Dieu, il me fonce dessus" et de rajouter "si ça se trouve, c’est un de ces cargos voyous des anciens pays de l’Est." (Histoire un peu triste que j’avais lu dans une revue racontant l’histoire d’un cargo qui fonce volontairement sur un voilier.) Je l’ai cru jusqu’au bout car ce couillon avait détecté mon transpondeur qui normalement lui permet de me voir à 16 km et il déviait sa route pour me contourner en faisant un quart de tour de ma barque avec un coup de klaxon qui m’a bouché les oreilles et de grands saluts sur le pont. (Evidemment, la batterie de ma VHF était déchargée). Vu le nom du bateau, il venait sans doute d’un pays de l’Est. Ma peur a transformé quelques minutes, des marins bienveillants en criminels.
Pacifique Sud, le 04/07/10
J19 - C’est pas grave mais ça m’plait pas
Depuis quelques jours, les pelles pesaient une tonne quand je les plantais dans l’eau et je me sentais cloué à la baille. Je me suis dit que j’étais crevé et j’ai imaginé que le courant était contraire. Or d’après météostrategy, le vent ne me pousse pas vers l’Ouest mais il n’est pas contraire. Je ne comprenais rien et j’ai donc décidé de filmer sous la coque et Oh ! surprise ! il y a une forêt vierge avec plein de petits poissons. Voilà la nouvelle : j’ai appliqué un antifooling de merde et les anatifes ont poussé à une vitesse folle. Je suis dégouté car je m’étais juré de ne pas plonger. En plus, il va falloir le faire plusieurs fois avant la Polynésie mais une fois là bas je vais me trouver une île avec un lagon pour refaire ça car je vais pas passer ma vie dans l’eau avec les ailerons. Pour certains c’est de la rigolade, pour moi c’est une épreuve. Je sentais bien kekékechoznalépa.
Forêt primaire sous la coque à J19
J20 - Coques en stock
Ce matin j’étais quand même un peu préoccupé par cette histoire de coquillages et surtout de la mise à l’eau de mézigue. Je me suis exécuté et j’ai déguisé le bateau en Cowboy avec des cordages qui trainaient de toutes parts pour m’accrocher et hop ! à la baille avec les ailerons. J’ai gratté un bon moment jusqu’à ce que je sente le froid me tétaniser et je suis remonté sauf que je n’ai pas fini ( Il en reste 1/3 ). Je suis couillon car je suis descendu avec un couteau à mastic de 8 cm de large. En fait j’aurais dû me fabriquer une truelle plus large mais tant pis c’est déjà ça, je recommencerai quand il fera soleil et que ce sera calme. Hier j’étais fainéant et aujourd’hui aussi car j’ai aussi essayé de finir le travail en passant une sangle genre fil à dent. Je vais me remettre aux avirons car y a du chemin. J’ai eu Jean-François au téléphone sur radio d’Artagnan, c’était très sympa. Un pour tous.
J21 - Frégate de Taïwan
Y a des frégates qui volent au dessus de moi et qui pêchent. C’est toujours le même cirque, elles plongent et à ras de l’eau, elles font les chauves souris et ces conos de poissons qui volent paniquent, s’envolent et se font choper. J’ai même vu un match entre une dorade et une frégate et c’est la dorade qui est arrivée en premier. Connaissez vous la frégate, ce piaf d’une élégance rare. Ses ailes sont aiguisées comme des couteaux. Je vous envoie une photo si j’arrive à les avoir de près. Par contre, ne pouvant pas se poser sur l’eau, elles ne s’éloignent pas trop des côtes (300 milles) et c’est signe que je me rapproche des Galapagos et que je dois ramer à fond pour ne pas me faire remonter sur ces îles par le vent et le courant. Ou alors elles viennent du Nord du Pérou ou de l’ Équateur dont je suis encore proche. Ma soeur, la Nini, m’a demandé l’autre jour "C’est quoi au juste ton voyage, c’est de longer la côte de l’Amérique du Sud ? T’es bientôt arrivé alors." Arrrgggh
Pacifique Sud, le 03/07/10
J23 - A l’Ouest, y a du nouveau
C’est les vacances et ça se sent même sur le site qui a pris des allures
de colonie avec une annonce : "Direct Live", article que je
n’ai pas écrit mais j’aurais pu. Enfin dès que j’arrive à la plage, c’est
OK, on en met partout. Pour l’instant on est repassé en mode balade.
Pour mon trajet il reste à atteindre le 92° Ouest ( 340 km ) avant de voir
basculer le vent Est-Sud-Est qui pour l’instant est Sud-Est ce qui est
quand même une bonne surprise. En clair, vivement qu’il me pousse dans la
bonne direction et il reste encore une semaine de balade avec le vent de
côté à me dire "La vache ! s’il me poussait vers l’Ouest celui là, je
partirais comme une balle".
J24 - Clinique Pasteur Toulouse, la brouette à moules
Ici, y’a une ambiance alizéenne. Il fait beaucoup plus chaud avec du soleil. J’ai une bonne nouvelle. J’ai essayé la méthode que Vincent et d’autres potes me conseillaient et qui consiste à faire des noeuds sur une corde puis de la faire glisser genre fil à dent tout au long de la coque. Et bien ça marche très bien, Clinique Pasteur Toulouse cette illustre institution, n’est plus une brouette à moules, et je le sens en ramant, c’est redevenu un plaisir. Cet effort avec la corde est exténuant mais je préfère cet exercice à la baignade. J’ai l’impression que ces anatifes ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux de l’Atlantique. Sur la vidéo, on voit que ceux de l’Atlantique n’ont qu’un pied et étaient très durs à arracher. Là, c’est une hydre, y’a plein de tête et ils se décollent facilement. J’espère que si j’en laisse un petit bout ça ne va pas repousser. ( Si quelqu’un a la réponse, qu’il me la donne sur l’adresse de contact ). Enfin, toujours est-il qu’il a fallu faire l’arrière du bateau, le maillot, et j’ai assisté à une scène où un requin de 2-3 mètres chargeait les dorades qui, ces couillonnes, se bousculaient pour se planquer sous la barque. Je les ai même filmées à la deuxième attaque, lui, je n’ai que son aileron sur une autre séquence. Elles qui sont si fières d’habitude quand elles attaquent les exocets. Mais je les comprends, il ne s’agit pas juste d’aller faire les cakos en boite de nuit, elles doivent éviter de se faire bouffer. Lui, le requin, ça ne l’inspire pas trop la barque, il s’arrête 10 m avant. J’espère qu’il ne va pas s’habituer à moi car une barque de 2 rameurs sur l’Atlantique s’est fait arracher le safran par un requin qui chargeait des dorades. En tout cas, il peut y aller sur le safran du capt Ginisty, c’est du béton armé. Il va y laisser les dents le squale et ce blaireau pourra se nettoyer les ratiches avec ma corde à noeuds.
"Anatifes sur le bateau "Diogène", Atlantique 2006. Ce n’est pas de la pisciculture
mais de l’aquaculture. OK
J24 - Nous n’irons plus voler
Au début, en bon samaritain, je me levais la nuit pour remettre à l’eau les poissons que j’entendais s’échouer sur le pont. Et puis j’en ai eu marre et surtout, fallait que je dorme. Mais le matin je m’amuse avec les poissons crevés car je nourris les dorades. C’est très drole et ya une grosse débile monosynaptique qui frappe la flotte pendant 1/2 heure et qui m’éclabousse pour en faire sauter d’autres.
Pacifique 2010, Production de cette nuit.
J25 - Poyot the third
J’ai eu de la visite hier soir. Je bouquinais et un petit oiseau est rentré dans la cabine. Hop ! directement posé sur ma guibole. Imaginez, j’étais un peu surpris. Puis je l’ai attrapé avec une main et je l’ai baptisé Poyot III (Poyot the third). Il n’avait même pas peur ce con. Je les vois sur l’eau les oiseaux de sa race. Comme tout le monde, ils pêchent, mais d’une façon étrange. Ils marchent sur l’eau avec ses pattes de palmipède et les ailes déployées, et vu la taille du bec, ils attrapent des petit machins qui ne doivent pas être plus grand qu’une crevette grise. Ce sont des Pétrels. Je me suis dit "Est ce que je le bouffe comme une petite caille, maintenant que j’ai du soleil ça va bien cuire dans mon four" et puis j’ai décidé que non. J’avais assez sur le bateau des écailles des poissons qui ce prennent pour des oiseaux pour y rajouter des plumes. Le problème est qu’il ne voulait plus partir, alors je lui ai dit : "Casse toi Poyot, j’veux pas de ta fiente dans ma taniére". Je l’ai poussé vers l’extérieur, il s’est posé sur la base de la dame de nage, il a déployé ses petites ailes et il est reparti. Putain c’est l’arche de Noé mon esquif, j’espère que ça va pas faire pleuvoir 40 jours et 40 nuits.
Pacifique Sud 2010, Poyot III
J26 - Non ! pas le maillot à pois, il est trop moche
Mauvaise surprise, je grimpe encore. le vent a toujours une forte composante du Sud et il me pousse vers le nord. J’ai les yeux fixé sur la biroute et je perçois quand même une petite inflexion. J’espère que ça ne va pas faire comme avec la douane du pérou, quand tous les 2 jours j’annonçais la libération et ça n’arrivait jamais mais je suis sur l’eau donc je vais finir par le prendre ce virage (On vous remettra la vidéo du pingouin). Le ciel s’est recouvert et il fait à nouveau très moche, c’est tristounet et je dirais même ténébreux avec du vent qui fait "OUOUOUOUOU". Ya pas un bar, pas une mobilette, LA ZONE. J’ai quand même bu ma première bière, elle m’a fait beaucoup de bien, si vous aviez entendu ça.
J26 - Dorade ou Daurade ?
Oh la grosse TEU-HON, j’sais même pas comment ça s’écrit Dorade.
Dorade ou Daurade ? Eh bien, pour la coryphène c’est Dorade, et pour la
royale c’est Daurade. Avouez que les biscornus de l’Académie nous font un
peu chier. Pourquoi pas gorille et gaurille aussi ? Franchement ! En plus,
sachant qu’il y avait 2 orthographes possibles et
comme les dorades coryphènes sont un peu jaunes, intuitivement, je l’avais
écrit daurade, et ben non ! Leur science est sadique et j’en suis victime. Alors,
prévenu par des amis, depuis quelques messages je l’écris avec un O. L’autre
jour, quand j’étais au Pérou, je discutais de ça avec ME 007, notre sœur qui
parle très bien le français et qui dézingue les douaniers.
Elles me disait : "C’est quand-même très compliqué le français", et justement
de rajouter : "Parfois pour rien. Par exemple avec les O, Ô, AU, EAU, OT, OP,
ÔT, tu ne trouves pas ? ". Je lui ai répondu : " Merci Marie Eugénie, je sais,
c’est des cons". Elle a peut-être pas très bien compris mais ça lui a fait
plaisir car elle en bave pour apprendre. Elle a rajouté : "Dans votre langue y’a
des règles et que des exceptions" et pour se moquer elle a pris le verbe "aller"
pour exemple : j’allais, je vais, j’irai, que j’aille. Au fait, on dit : que
j’irasse ou que j’alliasse ? Ouais, ben personne ne sait. Pour la peine et
dorénavant, j’appellerai les dorades : Maï-Maï, c’est leur petit nom en
polynésien. Tiens, le verbe "appeler", il est pas mal dans son genre : un "L" ou
deux "L" ? Ça dépend, gna gna gna ! Je vais leur en mettre des "L" à ces
scribouillards, ça leur permettra de voler et de se faire choper par les
Maï-Maï. Heu, au fait, il faut un "S" ou pas à Maï-Maï au pluriel ?
J31 - Déjà un mois, QUEEEEE JEEEE GLANDE, QUE JE GLANDE, QUE JE GLANDE
Pacifique2010, Départ de Callao, Lima, Pérou, le 12 juin 2010
Je profite de cette vidéo que je ne connais pas, à part la musique, pour vous présenter mes vieux potes et complices, Anne et Lolive qui doivent se fader tous les jours mes messages et les mettre en ligne. Ils ont parfois recours à l’avis et aux talents des pro, Vincent Trouillet, concepteur du site, L’équipe multimedia d’Heladon de Laurence et Franck Grimal et Laurent Barme qui a créé la cartographie de suivi. Je crois que c’est moi qui m’amuse le plus avec les commentaires de ces 2 zigotos. Lolive par exemple ça donne ça en conclusion du dernier "Et le moral, ma grosse nouille, il est comment ? t’as mis les gaz ou tu plonges pour gratter l’fion du suppo. Bizoc, Lolive" j’peux pas mettre tout le message... c’est trop dément. Ceux d’Anne décoiffent aussi avec un peu moins de gros mots.
J27 - J’ai une équipe formidable. Thank you Bob
Voici les 2 messages que Bob a envoyé à Lolive qui lui demandait des renseignements sur les moules collées au rafiot. C’est très sympa de sa part. Très sincèrement merci, maintenant je sais que si je suis en situation de survie, je vire l’antifouling et je cultive. Pour ceux qui ne lise pas l’anglais, ils ont bien un pote qui baragouine un peu et qui va le leur traduire
From : Robert Van Syoc, Ph.D. (Bob)
Senior Collection Manager, Invertebrates
California Academy of Sciences
55 Music Concourse Drive
San Francisco, CA 94118
1er message du 06 Juillet
Dear Olivier,
It seems unlikely to me that Serge has Pollicipes elegans attached to his boat. This species is known only from rocks along continental margins. For some reason, it does not attach to boats, even those in harbors near natural populations of Pollicipes. It does seem likely that Serge has Lepas sp. attached to his boat, similar to those you call "anatifes". Or, they may be Conchoderma sp. which have fleshy heads that lack any shell. If Serge can post an image of them, I could tell you the genus and perhaps the species.
"Anatifes. Il parait que ça se mange"
In any case, I don’t know any way that Serge can keep them off his boat unless he pulls it into dry dock and paints the bottom with "antifouling" paint. I would think that if Serge can clean/scrape them off the boat hull, they will be less likely to re-colonize his boat as he gets more into the open ocean, where there are probably fewer larvae.
Best of luck to Serge in his adventure !
Bob
2ème message du 7 Juillet
Dear Olivier,
The photo sent by Serge is a species of barnacle in the genus Lepas. These are pelagic barnacles that commonly attach to objects (like fishing floats and boats) floating about in the open ocean. I’ve never eaten them, but I don’t know any reason not to try them. Serge could cook them briefly in boiling water, then slice open the fleshy stalks to eat the muscle and tissue inside the stalk. Ask him to tell me how they taste ! These barnacles were once (in the 1500s) considered to be the larvae of
geese, because of their long "necks" and shell (with feathery legs) attached to floating logs (thought to be trees that fell into the water with the developing "geese" still attached). For that reason, they are still sometimes called goose barnacles. I’ve attached a jpg of an old woodcut showing geese hatching from goose barnacles. You see that those hatching and falling onto land became geese and those falling into water became fish.
"Old woodcut showing geese hatching from goose barnacles"
Of course, Serge may use my comments in his web postings. I’ll follow his progress across the Pacific with great interest !
All the best,
Bob
J28 - La porte étroite
Actuellement, je suis dans un flux très agréable, modéré, doux et bien orienté Est-Sud Est mais qui malheureusement risque de repasser plus Sud pendant quelques jours et c’est pour ça qu’on n’a pas envoyé la vidéo du pingouin libéré.
Une petite précision. Quand je parlais sur un précédent message de ma soeur, la Nini, celle qui fait des blagues, ce n’est pas une soeur du Pérou, c’est ma soeur du Québec, ma soeur de lait. J’ai failli écrire "laie" mais c’est pas très sympa pour notre mère.
J29 - Monsieur Propre
Aujourd’hui, c’était nettoyage de printemps avec pour mézigue, un coup de tondeuse sur la colline. Le risque quand tu fais ça sans miroir c’est de garder la nuque longue genre chanteur de "Tenue de soirée" mais ici ça n’a pas beaucoup d’importance. Sinon vers 11h00 je me rends compte que je n’ai pas dessalé d’eau de mer depuis quelques jours et je tombe à sec juste avant de ramer. J’enclenche le dessale et je rame. Une heure plus tard, je fais une pause et assoiffé, je me jette sur la flotte, je pompe et je bois...Beueurrrk, un goût terrible de poisson. Je sens la
bouteille... Pouaaahhh une odeur de chiotte. Je me suis dit, "Mon petit gars, t’as le nez trop près de la bouche, faut que tu te laves les dents".
Et bien non, j’avais laissé le dessale sans fonctionner pendant plusieurs jours et il pompe l’eau de mer dans laquelle il y a beaucoup de plancton qui a stagné et imprégné la membrane de la pompe. Tout le circuit était contaminé et impossible de m’en débarrasser. J’ai tout démonté en aval de la machine et rincé finalement avec un flacon de jus de citron que je regrette beaucoup mais c’est rentré dans l’ordre. Putain, 2 plombes mais Ouf.
Sinon c’est très calme et ça fait du bien. J’ai vu un oiseau "paille en queue" qui voulait se poser sur la barque. C’est un piaffe qui à la place de la queue à une paille, c’est étrange. Dommage que je n’ai pas de photo.
J30 - J’ai repris le maillot à pois et je devance la tortue
C’était prévu et je remonte encore ce qui est inhabituel à cette longitude. C’est très étonnant d’autant que j’ai un courant énorme Nord Ouest et un vent de 15 nd Sud-Sud-Est, autant dire que je ne peux pas faire grand chose. Maintenant, combien de jours et jusqu’où je vais remonter, on va voir. En milieu de semaine prochaine, on devrait pouvoir envoyer le pingouin.
Sinon, voici la photo d’une petite visite de ce matin. J’entendais que ça cognait sur la coque et j’ai vu que madame la tortue se frottait la bicoque contre le rafiot pour enlever ses anatifes car elle aussi en avait sur sa baraque. Je me demande si elle ne grignotait pas aussi les miens. Les petits poissons qui sont sous la coque se sont cachés dans les replis de sa carapace vers ses pattes et ça rendait folles les dorades qui n’arrivaient pas à les gober. Elles se frottaient sur la tortue ces grands dadais pour les éloigner et elles sautaient juste à coté pour les débusquer.
Pacifique 2010. Cette tortue a de petites dents et pas de bec. On voit que le nettoyage de la coque n’est pas parfait mais c’est pas mal avec la corde à Neuneu.
J32 - Cargo de nuit.. Change de peau...
"35 jours sans voir la terre, fatigué, mal rasé, l’amour il faut payer..... Tadadaya pta ptaya", ça m’avait marqué ce tube quand le rockeur Axel Bauer explosait sa guitare par terre à la fin de son interprétation. La chanson l’énervait à chaque fois.
Bientôt 35 jours sans voir la terre et depuis 2 nuits, c’était un peu l’enfer à bord car l’alarme du détecteur de radar sonnait tout le temps à cause des bateaux de pêche. Il y a 2 nuits, l’un d’eux venait dans ma direction et à 4h00 du mat, j’ai ramé comme un cinglé pour être certain de l’éviter mais il m’avait vu et il a fait demi tour. Ceci s’ajoutant à cette connerie de vent qui ne veut rien lacher, j’étais fatigué avec un petit coup de mou. Et puis ce matin, un bruit de moteur me sort de ma torpeur. Au début, je me suis dit "Ha putain... une mouche à merde", mais c’était un hélico. On aurait dit celui de Big Jim. Il a tourné une heure au dessus de moi, faisant un repère pour un gros bateau qui venait de loin.
" Ici, y s’font pas chier pour pêcher. Ils repèrent la friture avec un hélico."
J’ai d’abord cru que c’était des gardes côtes et j’ai changé de tee shirt, histoire que s’ils sortaient les klébards pour sniffer la dope, ces cons de klebs ne me reniflent pas sous les bras. En fait, Ils venaient pêcher les milliers de poissons qui frayaient autour de de ma barque et le boss du rafiot de me dire à la VHF : "Sir, You are on a spot, we catch the fishes and after we talk together"
- Moi j’ai dit "OK, but be carefull" à la Maurice Chevallier. Finalement les poiscailles se sont fait la valise avant qu’il ne balance ses filets. Il est énorme ce bateau. On a discuté et ils sont au moins 30 gars de toutes nationalités à glander dessus. Ensuite, une petite embarcation est venu me rejoindre avec des bouteilles de Rhum de Bacardy de Cuba, du vin, de la bière, 15 Kg de pommes, des conserves de salade, des boites de thon, 20 litres d’eau minérale.
"Allez savoir pourquoi, j’ai eu autant de plaisir à leur parler."
Imaginez qu’en plus, le courant est moins fort et que je fais du cap un peu vers l’Ouest. Putain c’est le paradis maintenant. Pour la sécurité, il m’a dit que je ne risquais rien avec les bateaux de pêche car il ont les yeux rivés sur leurs écrans pour repérer les poissons. Gérard, au Pérou, qui les surveillent avec des balises n’est pas trop d’accord avec cette théorie et je vais me méfier quand même. Petit hic, en m’abordant, le bateau a plié un pelle de rame mais je m’en fous ça à l’air d’aller et j’en ai d’autres. Au finish, je leur ai demandé de sécuriser ma descente sous l’eau pour gratter les fuits de mer mais le boss me l’a déconseillé car 2 gros requins tournaient dans le restaurant. Faut qui bouffent eux aussi.
Je ne peux pas tout avoir.
J33 - Gédéon, 1 rue Sézame, Pacifique
Alors celui là...mort de rire. Vous allez me dire que c’est tout le temps. Mais lui, il est trop fort. D’abord quand j’ai vu voler sa race pour la première fois, je me suis dis... "Ho bordel, c’est quoi ce voilier"...Le problème est qu’il pointait sa fraise en même temps que les Frégates qui sont d’une majesté incroyable or il a des ailes droites implantées un peu trop en arrière sur le fuselage et ça lui donne un air con. Remarque que quand il flotte il a aussi l’air très inspiré. Mais c’est lui que je préfère parce que quand il pêche, il n’y va pas avec le dos de la main morte comme dirait l’autre. Il vole... il vole... et hop ! il plonge... mais il plonge tout droit. La première fois, j’ai fermé les yeux au moment de l’impact en pensant... "Ouaaaa, mais il va s’assommer"... Et il est ressorti, tranquille, avec le poiscaille dans le bec. Il est vraiment trop marrant. Il a un peu une tronche de Fou de Bassan.
J34 - C’est triste Vénise
En 24 heures tout a changé sur le plan d’eau. Les Frégates et les Fous ont disparu et il ne reste que les petits Pétrels. Il y avait une trentaine de grosses dorades sous la barque, il en reste 6 ou 7 petites et même les poissons volants qui s’échouent sur le pont sont plus petits... En plus il y a une forte humidité. L’ensemble confère à l’atmosphère une lourdeur à laquelle je dois m’habituer, d’autant que le vent ne veut pas tourner mais il reste faible et avec un courant Ouest : je trace quand même ma route mais la porte n’est pas encore ouverte. Cette transition est un peu longue mais le temps est clément et la mer est belle.
J35 - J’ai coupé la tête du serpent
En fin d’après midi, il faisait une chaleur épouvantable dans la cabine. Je venais de ramer mais aussi de racler le cul du rafiot avec mes noeuds et j’étais très fatigué. Je voulais me coucher mais impossible de dormir tellement je suais. Je branche donc le dispositif d’extraction (cf photo) et je rentre Alain Terrieur. C’était trop long d’attendre la fraicheur, j’ai alors viré la tête extractrice du Boa et j’ai positionné l’ouverture vers l’arrière du bateau. Trop fort ! Ça me fait une ventilation terrible.
Au début ça sentait un peu le plastoc mais qu’est ce que j’étais bien. Je me
suis endormi comme un loir. Sinon, j’ai fait une boulette. En rangeant ce matin les caisses que m’ont filées les pêcheurs, je soulève les pommes et en dessous, je trouve 20 boites de sardines à l’huile et au citron... quel bonheur !... Ce midi pris d’une frénésie alimentaire je me dis : "La réserve vient d’augmenter... pas de restriction" et je mange une boite de thon au maïs avec l’huile, une boite de thon avec l’huile d’olive et une boite de sardines et j’avale encore l’huile puis je finis de me remplir la cantine avec 3 prunes que j’ai aussi trouvées sous les pommes... Ho putain l’enfer ! J’étais vraiment pas bien. J’ai bouffé des sardines toute la journée. Ça me rappelle l’histoire de Thierry Dagues quand il traversait l’Atlantique à la rame. Le soir de Noël, histoire de faire la fête, il s’était envoyé un pot de Nutella en entier. Je crois qu’il l’a regretté ce couillon.
En Janvier, Lolive qui fait l’essai du Boa extracteur d’air. ça lui donne un air inspiré !
J36 - Pétole
On n’imagine pas à quel point c’est bruyant sur l’eau. C’est un souk formidable et c’est presque inquiétant quand ça s’arrête. Aujourd’hui c’est la pétole... La mer est d’huile comme celle que j’ai avalé hier et qui m’a fait malade (comme on dit en Limousin). La biroute est en berne et le canot roule doucement avec un petit clapotis sur la coque. Heureusement qu’en milieu d’après midi sont arrivés quelques nuages car je cocote-minutais et j’allais me transformer en pop corn. Hier je disais qu’il n’y avait que des petites dorades eh bien est arrivé un mastodonte... un strom !.. Vous n’allez pas me croire mais elle fait au moins 1m50 à vue de pif... Je croyais qu’on en trouvait qu’en Polynésie des grosses comme ça... C’est la copine à Godzilla... Et alors une tronche de dernière de la classe que t’as pas envie de croiser dans un parking souterrain. J’attendais que ce soit calme pour pêcher mais là, je suis inquiet, car si je la chope...Je te dis pas le combat... et il va falloir la remettre à l’eau car je ne vais pas bouffer en 24 heures, 20 kg de steak de dorade ; je ne suis pas fin mais l’huile m’a refroidi... Au fait, je dis "elle" parce que c’est "une" dorade ... Je ne sais pas si chez ces truites là, c’est la femelle ou le mâle qui est moche mais je pense quand même que lui, c’est un mâle qui fait de la muscu pour plaire aux filles.
Demain je lui tire le portrait et je l’envoie
J37 - Relaxe
C’est cool ici et c’est dimanche alors c’est relaxe. Je ne vais rien donner à voir mais juste vous dire que j’ai 2 bonnes nouvelles un peu perso mais c’est comme ça aujourd’hui... c’est une pause.
La première est que mon pote amiénnois Romain Joron se lance en politique et je suis très content de savoir que des mecs aussi talentueux gèrent le bien public.
La deuxième est que Carmen Maria Vega, la chanteuse pop vient de recevoir le premier prix "Barbara" et j’en parle parce que j’aime beaucoup son talent mais surtout parce que sur France Inter en Février lors de l’émission de Valli, 3 critiques, 2 intellos ectrotiques et une cruche l’avaient littéralement injuriée. Shame on you bande de râpes à fromage. Ha ! ça fait du bien.
J37 - C’est quoi ce trou !
Quand tu arrives dans une petite ville, qu’il est 19h00, qu’il n’y a personne dans la rue et que le troquet du coin est rempli par le taulier, sa femme, un pécos qui attend le 19-20 au riri et le mec qui paye ses cloppes, tu te dis : " C’est quoi ce trou ! " avec un point d’exclamation parce que tu ne veux pas de réponse par pudeur pour ceux qui vivent là, c’est une interjection. D’ailleurs, il n’y a pas besoin que ce soit désert pour interjecter de la sorte, si tu plantes tes guêtres dans un rade isolé à 4 rues d’un quartier où il y a des restos, des cinoches et des bars avec terrasse, tu te dis " c’est quoi ce trou ! " en attendant de bouger et de t’asseoir à la fumeuse
terrasse. Là, ne le redis pas une fois assis car ça devient grossier et tu risques de te faire gifler par une frangine qui ne gère pas encore ton désarroi. Et bien ici, je vous le dis, mes très chers frères, " C’EST QUOI CE TROU ! " car près de l’équateur, il y a quelque chose de vide et encore je ne m’en approche que.
Derrière, c’est les Galapagos avec sa zone de pêche phénoménale, devant, c’est même pas la peine de rêver de cette merveilleuse Papouasie Nouvelle Guinée ( putain, c’est long à écrire ), en haut, c’est l’Alaska et en bas, tu es encore loin du quartier à terrasses avec toutes les îles inconnues où l’on vit presque nu. Et au lieu d’avoir 30 dorades fines et mignonnes, j’en ai une grosse.
C’est comme ça ma vie.
J38 - Tout Shuss
J’ai phantasmé comme une bête sur cette redescente vers le Sud. C’est sans doute comme ils disent une veine de courant Sud-Ouest qui me fait descendre et je me retrouve du coup encore avec le vent de travers Sud-Est ( vous me suivez ? ) ce qui contrarie l’effort de rame mais je ne vais pas me plaindre car je me sentais vulnérable dans ce trou. Ma crainte majeure était de prendre une veine dans l’autre sens vers le Nord comme celle qui m’a remonté en dessous des Galapagos et de passer l’équateur et je vous assure que j’ai serré les fesses. Si je retourne au 5° ou 6° Sud je serai plus confortable, joyeux, et seul peut être mais peinard. C’est presque trop beau pour être vrai mais en tous cas c’est la réalité. Maintenant est-ce que ça va durer ? J’engrange. Jeudi, avec les nouvelles prévisions des vents et des courants j’y verrai un peu plus clair. NON MAIS, C’EST QUOI CE TROU ! ! Et ne vous inquiétez surtout pas... des messages chiants comme celui là, je vais en faire d’autre avant Nouméa...Je préfèrerais que le vent soit plus comme ça... et là tu vois il faut que j’évite tel obstacle alors gnagnagna.... c’est pénible un homme à la dérive...
J’ai oublié de préciser que pour le vent, on donne la direction d’où il vient et pour le courant c’est au contraire où il va. Un vent du Sud te pousse vers le Nord, un courant Sud t’emporte vers le Sud. Mamie, tu as suivi ?
J39 - Il est là tout le temps
J’ai parlé des dorades colorées, de leur taille parfois énorme et de leur voracité... J’ai décrit l’attaque des Puffins qui volent à ras de l’eau pour faire décoller les poissons zinc... J’ai admiré le vol des frégates, haut et d’une allure aiguisée comme un sigle et qui pêchent comme des chauves souris... Je me suis moqué de Gédéon, le fou masqué et admiré sa technique de chasse japonaise... J’ai pouffé en voyant l’avion renifleur dans le pot à l’aube... J’ai été surpris par ce couillon de Poyot, petit Pétrel qui vient confiant se poser dans ma tanière... Et ce petit oiseau est toujours là... Ils sont plusieurs frangins ou couples d’ailleurs, très près de la barque à quelques mètres parfois, et je n’ai fait aucun effort pour le photographier parce qu’il est là depuis les premières heures, qu’il pêche en marchant sur l’eau très délicatement avec ses petites pattes palmées, qu’il sera là jusqu’à l’arrivée comme sur l’Atlantique, c’est l’oiseau du large par excellence. Mais comment fait-il si petit, pour résister aux bourrasques, aux vagues et il ne se pose jamais. C’est le compagnon qui quand les races fatales sont reparties à terre reste auprès de toi. Il est là tout le temps.
J39 - Mejillones en escabeche
Pacifique 2010 : Y’en a tellement à l’arrière près du safran que ça fait une touffe
Je commençais à fatiguer avec ce bateau qui normalement glisse comme une savonnette et qui à nouveau s’arrêtait après chaque coup de rame...J’ai même des douleurs aux coudes.
Alors j’ai foutu ma caméra sous l’eau pour mater...
T’as qu’à voir sur la photo, les moulinettes ont envahi les parties verticales que je ne peux pas gratter avec mes noeuds, et il a fallu que je m’exécute...
J’ai replongé, mais cette fois avec la ferme intention de finir le job. Une chose incroyable s’est produite juste avant que je m’immerge. J’ai vu rappliquer 50 dorades de petites tailles alors que je guettais leur décontraction en observant leur rite de chasse. J’étais étonné et agacé car je ne savais pas si elles venaient se réfugier sous la barque ; mais elles se sont dispersées et j’ai plongé. C’était dingue, elles sont restées assez près mais en dessous. Et j’ai gratté un peu partout pour éliminer les reliquats sur les parties planes puis à l’arrière plus vertical qui était envahi et où la pousse était dense et épaisse. Ma main disparaissait dans la touffe...
Quelle émotion quand je suis remonté et que j’ai senti que ça glissait tout seul...
Je suis joyeux et j’ai fait un bon repas : une salade californienne au thon et une boite de moules. Si si ! Des "mejillones en escabeche" données par les pêcheurs, dans lesquelles j’ai rajouté un peu de piment "des squelettes" comme dit Naël, un des parrains du bateau... Que c’est beau la viiiie...mais pas collée à la barque, s’il vous plait.
J40 - Les mystères de l’ouest
Depuis 2 semaines, je rêve de ce moment magique où je sentirais mézigue
avec une grosse patate sur la coquille de noix, poussé par le vent sans
penser : "Purée ! ça me casse les noisettes, j’ai encore les vagues de travers,
comme un cassis sur la route, qui me foutent des prunes et qui me
châtaignent " ... Et chaque semaine, c’est décalé...mais franchement j’ai la
banane car le tableau de marche n’est pas mauvais... j’suis pas encore chez
les Kiwis... et surtout, SANS LES MOULES, j’ai retrouvé la glisse donc une
pêche d’enfer... Cerise sur le gâteau, un beau soleil ramène sa fraise sans
qu’i m’grille trop la poire, et j’ai le parasol au cas où... Mais dans une
semaine, le vent favorable est pour ma pomme c’est sûr. Sinon ! l’ordi prend
un marron... Vous n’en avez pas marre de mes salades ?
J41 - Deux choses
D’abord, le banc de dorades est resté près de la barque et ça fait une
sacrée compagnie. Il y a maintenant une multitude de petites dorades (50
cm) et la grosse.
Et puis, j’avais laissé ce soir mon linge humide après
lavage et séchage incomplet, dans le seau dédié, et un étron volant est venu
finir ses jours dedans.
Je suis vert car je l’ai entendu tomber mais j’ai
fait comme pour les autres en me disant... c’est comme si les dorades les
attrapaient elles mêmes...
Je faisais comme ça quand j’étais petit et que je tuais des oiseaux. Je les donnais au chat qui en chopait plein tout seul...
Vous avez déjà senti un poisson volant ?... Ho le salaud, qu’est-ce qu’y pue !... D’ailleurs la nuit quand ils atterrissent, parfois tu ne les
entends pas, tu les sens... Faut que je relave tout. Quelle chienlit
J42 - La soupe aux choux
Je me régale avec la bouffe des pêcheurs, sans doute parce que c’est
temporaire et que je perçois le vide de la future pénurie. Mais je ne me
rationne pas car je préfère subir le manque après l’excés que de me forcer
à prolonger sa présence en n’y goûtant que de temps en temps ( il s’agit
bien de nourriture... ).
Je mangeais depuis quelques temps une boite de thon,
de moules ou de calamars ( pour les moules, tu verrais l’étiquette de la
boite, c’est à pas le croire ), mélangée avec de la purée dans laquelle je
mettais un peu de piment dont je dois me passer car ça me pesait...
Je l’ai remplacé par une persillade... Alors là ! Une fois
c’est sympa, mais à chaque repas, et la cabine se transforme en gousse...
Ce n’est pas grave, l’espace n’est pas conjugal, et puis
il n’y en a bientôt plus...
Sinon, je glisse tranquillou, je n’ai plus mal aux coudes, et le vent est encore un peu de traviole.
J43 - Vendredi soir, c’est le plus dur
Faut pas rêver, par moment je m’ennuie, mais ça ne dure pas longtemps,
j’attrape un livre et c’est terminé... Mais il y a un moment qui est
toujours désagréable... c’est le vendredi soir quand commence le week end...
Je suis ici et je ressens ce moment privilégié après la semaine de labeur,
où tu sors du boulot et que tu retrouves tes proches pour boire
l’apéro, c’est divin. Tu ne penses plus à rien, tu ne crains pas la
fatigue, tout le monde est relax... Tu bois une bière ou un jaune, les
femmes sont au blanc ou au roteux ( elles disent qu’elles préfèrent, mon oeil... , c’est plus classe, c’est tout ), puis un deuxième, et tu te bourres de
cacahuettes... C’est ce que tu regrettes toujours parce que ça coupe
l’appétit et que ça fout en l’air tous les efforts de la semaine que tu as
passée à bouffer des salades alors que les frites te sautaient dans le
ventre. Quel moment compulsif quand elles sont dans la petite soucoupe,
que t’as juré de ne plus les toucher, et que c’est parti, que rien ne peut plus
t’arrêter... Aux Grangettes à Villefranche de Lauragais chez mes potes
agriculteurs, ils ont des sacs de 10 kg...
Voilà, c’est ça le moment le plus dur sur la barque... Après si vous êtes bourrés et que vous vous réveillez avec le casque à pointe et la langue en plaque d’égoût... là, je vous les laisse. Je reste dans ma tanière.
J44 - Que d’eau !
Parfois le soir, le vent se calme, et arrive la pénombre qui écrase et calme
la mer. C’est impressionnant car elle devient immense, et comme le bateau ne
bouge pratiquement pas à cette heure de repos, moi aussi je suis écrasé, je
baisse un peu la garde, et je regarde le coucher du soleil...
Ouais, là j’apprécie... les coudes posés sur le rebord de la fenêtre et
c’est nul, je ne le finis jamais car l’appui me fait mal, alors je
rentre... J’ai mangé à cette heure puisque j’ai gardé le rythme horaire du
Pérou sans les soirées latinos, et il fait nuit de plus en plus tard ; je
m’allonge, je prends un bouquin et c’est le pied.
J45 - Dicton d’Anne Quéméré
Le boeuf est lent mais la terre est patiente.
J45 - C’est l’hiver
C’est l’hiver, mais un hiver équatorial, avec des ondées toutes les heures, ce
qui coupe un peu le rythme. Mais ce n’est rien car j’ai le temps de me mettre
à l’abri avant d’être trempé. Ce que je déteste par contre, c’est la vague
traitresse qui éclate sur le canot juste avant la pause, ou pire, juste avant
d’arrêter pour la journée. Cette douche froide me détrempe et me congèle
puisque ça m’énerve et que je n’ai même pas le temps de sécher ; je rentre avec le
tee shirt mouillé et j’en fous partout inside the cabine. L’ennemi c’est le
sel qui une fois à l’intérieur garde l’humidité : le tissu devient poisseux
et le rouleau de pec part en lambeaux.
J46 - Je vais vous dire un truc
En fait, c’est apparu sur l’Atlantique lors de la première traversée à la rame : j’ai des hallu6nations auditives. Je crois qu’elles ne sont pas maladives car elles utilisent les bruits qui entourent le thermos à rame. C’est souvent un chien qui aboie ou des phrases et parfois en me réveillant j’entends des cloches. Je dois rechercher inconsciemment de la compagnie. C’est sérieux et j’arrête d’en parler parce que j’en connais certains qui vont m’envoyer le camion. Et ce soir un peu joyeux j’ai décidé de faire la déclaration d’amour la plus sincère de mon existence...
J’ai pensé le texte qui est venu d’une traite avec un tire-texte et je l’ai déclamé à haute voix...
Que c’était beau ! Alors ! au seigneur ! je lui ai roulé une pelle et c’était bon... Elle s’appelle Undurrago, elle porte une robe rouge et viens du Chili comme son nom ne l’indique pas. C’est la muse des pêcheurs, j’en ai bu plein et glou, et je suis un peu ivre... par contre elle refoule du goulot l’amphorasse. On perd vite l’habitude... et les hallus ce soir étaient des potes qui chantaient avec le tonton JP : "Un éléphant se mas....... derrière un casier à boutèèèeilles, un crocodile qui passait, il prit le fou... dans l’orèèèèeille". Mort de rire.
J47 - ça tombe bien
Il y a des cycles de vent qui s’étalent sur 5-6 jours. D’abord le vent se lève Sud-Est assez fort (15-20 nd) puis s’incline Est, puis faiblit et puis plus rien pendant 24 heures. Là je reprends un cycle et ce soir je fête le nouveau cycle comme les sociétés primitives fêtent le début du temps sacré avec des rites de création du monde. Je ne connais pas de rite donc je vais finir la bouteille, ça tombe bien.
J47 - Regarde bien petit !
Sur les photos de Tézigue en mer, il faut avoir le regard profond de l’homme qui a connu l’enfer, sinon tu passes pour un guignol qui s’amuse. En fait ! tu fais comme si arrivait quelque chose au loin et que quelqu’un prenait la photo par surprise et le tour est joué....C’est un peu ridicule mais c’est un piège tabou... Un joujou extra...
"Regarde bien petit, y’a un homme là bas qui vient que je ne connais pas... Non ce n’est pas mon frère, son cheval aurait bu... Non ! ce n’est pas mon frère, il ne l’oserait plus... ce n’est qu’un peu de sable, que fait lever le vent... pour nous passer le temps."
J48 - "Le sacré et le profane" accroche toi nénesse.
Nous parlons souvent de "l’espace et du temps sacrés" avec Georgio, mon pote et frangin africain… ça vient de la lecture du bouquin de Mircéa Eliade : « Le sacré et le profane ».
En résumé, chez les peuples premiers ou primitifs qui donc étaient là avant nous et qui se mettaient des os dans le nez au lieu de les mettre à la poubelle, le temps sacré est un cycle qui débute par un rite de représentation de la création du monde qui ressource les êtres et surtout purifie les âmes et dont on s’éloigne avec le temps en dégénérant. Ce cycle finit dans une sorte de chaos que l’on nettoie avec le renouvellement du rite initial précédé d’une orgie expiatoire et ainsi de suite….
Ils font coller ce temps sacré symbolique avec un cycle naturel et c’est en général celui de la lune ou du soleil. Ça aurait pu être les menstruations de leurs femmes mais faut pas prendre les primitifs pour des cons… ils voulaient faire la fête ensemble…
Chez les peuples seconds, c’est-à-dire nous qui avons inventé la gazinière pour ne pas se faire chier à aller chercher du bois, on a un peu ça aussi avec le rite de purification du 1er janvier et son orgie, suivis des bonnes résolutions.
Mais le plus intéressant chez ces peuples premiers, qui se cachent le sexe dans un étui au lieu d’utiliser un slip kangourou comme tout le monde, c’est l’espace sacré… imaginez un seul instant une société sans livre et sans carte dont la connaissance de l’espace se limite à celui dans lequel tu peux te rendre à pinces… et bien c’est ce qui se passe dans la cabeza du primitif… Il voit chez lui et c’est tout… alors il a dit : « le centre du monde, c’est là où j’suis » … et le primaire a pris un grand bâton qui trainait par terre et l’a sculpté pour lui donner de l’allure… Il a créé un totem qu’il a planté au centre du monde…
Et les emmerdes ont commencé, car plus tu t’éloignes du totem plus tu vas vers le chaos… espace que les dieux ont délaissé ; ceux qui habitent là bas sont des barbares qui font la fête n’importe comment… de forme humaine certes, mais dont l’humanité est incomplète puisqu’ils sont nés et vivent dans ce trou à rats périphérique loin de l’endroit où a été créé le monde…
En somme, ils ne s’aiment pas et s’entretuent…
Tu me suis… ?
Quand c’est le Georgio qui te fait ce topo et qu’il te fait coller c’t’histoire à notre société moderne, c’est grandiose et tu pouffes.
Sur la mer il n’y a personne, il n’y a pas d’humanité, Il y a toi et ton totem qui flotte dont l’espace sacré se limite à 6 m², et dont le temps sacrés’est ransformé en distance. Il n’y a plus que de l’espace finalement. Une vie suspendue pour un temps.
Je me suis accordé par cette balade une sauvagerie un peu pervertie par l’écriture de ce journal de bord puisque je mélange les espaces. Autrefois, en mer, il n’y avait pas ce moyen de communication que j’utilise… tu avais les étoiles et un miroir… ça devait être dur quand même… Et moi, vu que j’ai fait le con avec l’ordi et qu’il y a du sel partout… il va exploser et je vais bientôt retourner à ces temps primitifs du marin vraiment seul en mer….
C‘est juste pour dire ça que j’ai parlé de ce sujet…
J50 - Le serpent sous la tente
Quand je rame, je fais des cycles de 2 heures... Parfois moins, jamais plus. Et en fin de run j’ai remarqué que j’étais crevé... ça c’est normal... mais que souvent, ça se manifestait pas un flou visuel. C’est vous dire si je force... En fait, ce sont les embruns qui vont sur mes lunettes de soleil et chaque fois que je les remettais, j’avais l’impression qu’elles venaient d’être essuyées avec une tranche de jambon, et il fallait carrément que je les torche.
Sinon, quand le soleil brûle, je mets la bâche et c’est extraordinaire. Elle fait 1m20 sur 1m et elle me couvre la tête, le thorax et le bras droit ( et les cuisses quand je suis reculé avec le siège )... C’est l’oeuvre de Dominique Cheynet, des profs et des élèves du lycée Myriam de Toulouse. Je me souviens que sur l’Atlantique, c’était l’enfer, c’est d’ailleurs là que j’ai imaginé le four solaire... Je vous assure que la ventilation par le serpent, ainsi que la bâche, ça change tout... Je dis même que sans ces 2 ustensiles...
La chaleur bouzille le plaisir...
C’est bien que ce soit trash pour le coté héroique, mais quand il y a des moments agréables, c’est mieux.
J49 - C’est bon ! bon !
Pour ne rien vous cacher les derniers jours étaient difficiles avec un
temps couvert, frais et beaucoup d’averses. Une ambiance morose et une
grosse composante Sud dans la direction du vent donc une mer dans la
poire...
La zone...
Et ce matin au lever du soleil, j’ouvre un oeil et j’aperçois encore des étoiles. Je me lève et je bouffe... Je sens qu’il se passe un truc, le vent est plein Est et faible... Le soleil commence à briller... mais tu sais, comme en montagne, avec une très forte luminosité et une clarté violette...
Je suis sorti pour voir ça et vraiment, la barque qui réglée comme la veille était orientée Sud Ouest s’est mise dans la bonne direction quand j’ai viré la dérive et redressé le safran.
Quelle bonne journée.
J’ai même plongé pour assurer la parfaite glisse et un nouveau
départ... J’ai enlevé ce qui avait repoussé sous le rafiot... y’avait
presque rien mais ça m’a donné de l’allant...
Maintenant, est ce que ça va tenir !!! Ce sont les mystères de l’Ouest.
Amicalement votre.
J51 - Le deuxième sexe
"Toute personne qui cherche à justifier son existence éprouve celle ci comme un besoin indéfini de se transcender". Simone de Beauvoir.
Elle voulait dire que c’est valable pour Bécassine.
J52 - Hue cocotte !
Aujourd’hui c’est dément, j’ai l’impression d’être sur un cheval... Beaucoup de courant et 15 à 20 nds de vent Est-Sud-Est... Ce n’est plus de la rame mais un tapis roulant... mais bon, ça ne va pas durer, surtout que je vais bientôt descendre de quelques degrés et le courant sera plus faible. Mais je la prend cette journée, elle compensera les autres merdiques avec les courants contraires. Sinon, les mouettes mazoutées de couleur cradingue dont je parlais ce matin sont là parce qu’il y a des nuées de poissons volants... Quand ils s’envolent maintenant ça fait des essaims et j’vais te dire, ça doit chlinguer dans la ruche... Ils sont forts parce qu’ils font des courbes homogènes... Moi, je croyais qu’ils démarraient et volaient en apnée à fond la caisse tout droit comme des débiles, façon coureur de 100 mètres... Ben non... maintenant, ils font des figures comme la patrouille de France... Pendant ce temps, les mouettes et les dorades pêchent ... Vous vous dites, décidément ça l’occupe l’Aéropostale, mais franchement, ces pauv’ Exocets me rappellent les antilopes des reportages dans la savane Africaine... On dirait qu’elles n’existent que pour se faire bouffer par les lions, et qu’elles vivent la trouille chevillée au corps... A chaque fois je me dis : "c’est pas une vie"... mais elles ont leur chance et des périodes relax... ça ! c’est de la chasse, à l’ancienne, en courant... Je vais en parler à mes potes du Lauragais.
J52 - Oùk j’en suis ?
Pour calculer où j’en suis par rapport au parcours total jusqu’en Nouvelle-Calédonie ( après c’est une broutille jusqu’à l’Australie et le bonheur sera d’arriver sur cette île ), on peut s’en tenir aux kilomètres mais cette distance varie au gré de mes détours. Je suis parti de 12°Sud, puis remonté à peu près de 10°, puis je vais redescendre de 20° ( 10 par rapport au Pérou ), eh bien j’aurais signé un S, qui veut dire Sergio... et qui passe au milieu au niveau des Marquises.
Donc on peut ne tenir compte que de la longitude et du décalage horaire.
Il y avait 7h44 de décalage au départ [ par rapport à l’heure de Nouméa, NDLC ], il n’y a plus que 5h40 (ratio : 0,73), soit plus du quart du décalage horaire parcouru (4 minutes par degrés). Je suis au 108°Ouest et le tiers sera atteint au 116°Ouest, dans 10 jours, et ça fera 2 mois de mer.
C’est très cool !
Maintenant, ici, il fait encore nuit à 8h00 le matin ; je mets ma montre à l’heure de Nouméa quand je passe la moitié, à 135°Ouest le 10 septembre...
Le second souffle.
J53 - Toute première fois, toutoute première fois...
Aujourd’hui j’ai eu un message groupé de mes 2 supers potes Juju et Zouille... Faut voir les mecs...
C’est avec eux que je me suis embarqué pour la première fois sur un voilier habitable. C’était en 1993... ça fait une paye et on avait loué un gros voilier à La Rochelle.
Sauf qu’on ne savait pas en faire... à part Zouille qui avait fait un stage à l’UCPA...
Le temps que l’on décuve de la veille, il était tard et on est sortis du port vers 15h00...
Tous les 3, on se rappelle de la gueule du mec qui nous louait le bar flottant et il était très inquiet... La sortie fut Rock n’roll car il y avait force 6 dehors et moi je me sentais pas bien, sans doute que j’avais avalé une cacahuète pas fraiche.
On s’est pointés à St Martin de Ré comme des fioles, et l’écluse était fermée... Tu crois qu’on aurait pas pu regarder l’horaire des marées car on le connaissait bien ce port, Juju vivait sur l’île et on y allait boire des bières...
Qu’à cela ne tienne, on amarre le bateau derrière la jetée et on se casse bouffer et s’arsouiller... On rentre vers minuit, 2 grammes dans chaque bras et on trouve notre voilier au milieu du port en train de se balader, mais surtout en train de cogner le béton... une haussière s’était détachée...
Putain, c’était folklo...
Le lendemain, on a rebouché les trous avec de la choucroute et de la peinture murale, ni vu ni connu... et 3 jours après, repeinture et ils n’ont rien vu...
On n’avait pas de pognon alors on a fait les taupes... Quels branleurs ! mais c’était génial...
C’est à cause d’eux que je suis ici aujourd’hui, fallait pas m’emmener. Les 2 sont en train de boire du pinard autour d’une piscine avec femmes et arracheurs d’ailes de mouche... c’que c’est con une piscine mais les gosses adorent... Ils ont mal tourné quand même... Ils peuvent pas se tremper l’oignon dans l’étang d’à coté comme tout bon Limousin !?..
J54 - Calamar
Ha nom de Dieu ! qu’est ce que tu fous là, toi ? Et qu’est-ce que vous avez tous, à vouloir voler... En plus, t’as l’air de t’être fait mal...
Je me disais aussi : Avant hier, je me lève tôt, je sors ramer et je vois plein de merde sur le dos de la rame, c’est agréable le matin ... Je ne comprenais pas trop et ça m’avait teinté la pelle... Aujourd’hui je saisi... c’est ces conos de calamars qui balancent leur encre n’importe où... y s’font pas chier quand même... C’est peut-être un discours de beauf mais si ils me font ça toutes les nuits, ça va être Beyrouth sur la photo à l’arrivée parce que l’encre d’encornet, ça tâche grave...
ça me rappelle que si j’arrive à bon port à l’île des Pins, je dois après filer à Nouméa et je devrais mettre 3 jours... Et la veille de l’arrivée je vais m’arrêter à Plum pour pêcher le calamar à la turlutte, ce que j’ai fait l’année dernière avec des amis après un bel orage qui m’a marqué... J’aime pas bouffer ça normalement mais ce soir-là, j’avais adoré.
J55 - Mes roues pètent
Je ne vais pas vite car les courants font quelques caprices et me retiennent un peu mais ça va s’arranger... Sinon j’ai changé tous les roulements des roulettes de mon siège, ça faisait un bruit de machine à café très désagréable. Maintenant j’ai un bruit feutré de tramway. La mauvaise nouvelle, c’est que je n’ai plus que 5 pommes et 10 boites de conserve et c’est du calamar dans son encre. ça ne m’attire pas trop mais je vais apprécier avec un peu de vin (du Tacama rouge du Pérou)... Après je repasse au tout lyophilisé... c’est dur
J56 - Le second souffle
Je n’ai plus de pommes, plus de sardines, ni de thon, ni de moules.
Il me reste des calamars dans leur encre, mais c’est franchement dégueulasse.
Il n’y a plus de vent, et je n’arrive pas à choper de dorades.
En fait, je recherche un second souffle...
Il y a des étapes dans ce périple, et la 1ère était de passer sous les Galapagos et de prendre le virage.
Maintenant, je dois faire un choix important...
Soit je descends bientôt vers les Marquises, soit je patiente un peu à cette latitude (4° Sud) pendant 2-3 semaines pour gagner vers l’Ouest, en bordure de courant équatorial...
Moi, j’ai envie de tourner, mais pour sortir de la zone, il faut que le courant équatorial
m’éjecte comme un furoncle, avec une composante Sud...
Pour l’instant je suis comme une limace collée sur une vitre.
Pour les dorades, elles n’ont pas faim, car le matin, quand je balance mes kamikazes, elles ne les bouffent plus... mais aujourd’hui, miracle, elles ont mordu l’appât autour de l’hameçon. J’en ai de plus discrets, je vais encore essayer...
J’suis pas une terreur, mais là c’est sauvage, il faut que je bouffe du frais.
J57 - Enfin !
Je ne suis pas trop doué pour la pêche mais ce matin au réveil, alors que je
contemple la mer, je vois un poisson volant qui percute la barque et
qui s’assomme. J’me marre, comme d’habitude. Une dorade vient le voir,
l’ignore et au moment où il repart, elle le bouffe... Quelle grosse vache...
Et la lumière fut !
J’ai revu dans ma tête les images de Nicard et Sabrina, les 2 pêcheurs Guadeloupéens que je ne connaissais pas alors, mais qui sont
devenus des amis depuis. Ils avaient chopé toutes la dorades sous la
barque le jour de mon arrivée, après ma traversée de l’Atlantique à la rame.
Ils balançaient un hameçon avec un appât qu’ils ramenaient très vite, et à
chaque fois, une dorade mordait...
C’est ce que j’ai fait avec un poisson volant tout frais suicidé de la nuit, et en 30 secondes, j’avais cette belle bête de 1 mètre...
La suite a été folklo parce que ça remue une dorade ( heureusement que j’ai évité les mastodontes... )
J’avoue avoir eu du mal à la voir crever et à la dépecer, mais je vais m’habituer...
Son estomac était plein de morceaux de calamars.
Par contre, pour la bouffer, aucun problème... Qu’est ce que c’est bon !
J’en ai trop mangé, évidemment, et il a fallu que je reste allongé une heure... Je suis vraiment un blaireau...
J58 - Message du pilote de l’hélicoptère
Message reçu le jeudi 5 août :
" Titre : fotos
Recuerdo de cuando nos vimos en El Pacifico el 14/07/2010 soy Andres Palomino el piloto del helicoptero,aparezco en primer plano, ya en casa en Venezuela
Suerte
Andres Palomino V "
" Titre : Photos
Souvenir du jour où nous nous sommes croisés sur le Pacifique le 14/07/2010 Je suis Andres Palomino le pilote de l’hélicoptère, j’apparais au premier plan,
De retour à la maison au Vénézuela
Bonne chance
Andres Palomino V "
Pacifique Sud, le 14 juillet 2010
Merci Andres de nous avoir autorisé à publier sur le site :)
Muchas gracias Andres para la autorización :)
J63 - Nuance
En fait, les nigériens, quand ils font du thé, ils le font infuser 3 fois sans
rajouter de sucre et il est donc de moins en moins sucré.
Le 1er est doux comme l’amour,
le 2ème âpre comme la vie
et le 3ème raide comme la mort...
J58 - Moules à l’avant !
Quand je rame, je regarde les bulles se déplacer le long de la coque, et ça me donne une idée de ma vitesse...
C’est mon seul repère visuel d’ailleurs, et ces temps-ci, je trouvais qu’elles ne reculaient guère...
J’ai mesuré ma vitesse exacte de déplacement en ramant : 1,8 nd !
C’est peu...
Et là j’me suis dit : "ya un problème" ; j’ai filmé en dessous du rafiot..., et qu’est ce que je m’apperçois-je ??
A l’avant, près de la dérive, une énorme touffe... Quelle chiotte !
Cette partie-là est accessible avec mes noeuds mais c’est quand-même pénible, et il faut vérifier 2 fois par semaine... ( Par contre à l’arrière c’est nickel... )
Ce sont sans doute des larves d’il y a 4-5 semaines.
C’est ma croix ces crustacés.
Pacifique 2010, autour de la dérive
J59 - "C’est ben vrai ça" Mère Denis
"Es tu un esclave ? Tu ne peux donc pas être un ami. Es tu tyran ? Tu ne peux donc pas avoir d’amis. Pendant trop longtemps un esclave et un tyran ont été cachés dans la femme. C’est pourquoi la femme n’est pas encore capable d’amitié : elle ne connait que l’amour"
( "Ainsi parlait Zarathoustra", de F. Nietzsche )
Il est taquin.
J63 - J’augmente les doses
Hier c’était donc vendredi soir... A l’heure de mon vendredi soir à moi,
vous êtes déjà bien attaqués, et même sans doute en train de cuver dans
votre plumard... Hier pour la peine, j’ai bu 2 binouzes... et je dois bien
constater qu’il n’y en a presque plus... 2 paquets de 12, ça part vite... Il
me reste après 2 bouteilles de vin Tacama tinto du Pérou, 1 Côteaux du
Saillant Vézère et 2 bouteilles de Rhum Bacardi... Je vais finir avec un ti
punch par soir car j’ai embarqué 15 petites fioles de citron... C’est pour
la marinade, mais je leur ai trouvé un nouvel emploi... Sans sucre, ça va être
raide comme la vie, mais quand j’en remettrai, ce sera doux comme l’amour,
dixit les nigériens quand ils boivent leur thé...
J60 - Vous avez apprécié...
Pour être honnête, il vous faut la suite ( il avait dû prendre un rateau la veille, le Nietzsche ) :
"Dans l’amour de la femme, il y a de l’injustice et de l’aveuglement à l’égard de tout ce qu’elle n’aime pas. Et même dans l’amour conscient de la femme, il y a toujours à côté de la lumière, la surprise, l’éclair et la nuit.
La femme n’est pas encore capable d’amitié. Des chattes, voilà ce que restent les femmes, des chattes et des oiseaux. Ou en mettant les choses au mieux, des vaches.
La femme n’est pas encore capable d’amitié, mais dites moi, vous hommes, qui d’entre vous est donc capable d’amitié ?
Maudites soient la pauvreté et l’avarice de votre âme, ô hommes.
Ce que vous donnez à vos amis, je veux le donner même à mon ennemi, sans en être appauvri.
Il y a de la camaraderie : qu’il y ait de l’amitié !"
( Ainsi parlait Zarathoustra, F. Nietzsche )
Flash-back
Photo d’Andres Palomino prise à J32 ( Gracias, amigo piloto, por tu generosidad... )
Pacifique Sud, 14 juillet 2010
J61 - Toujours autant de compagnie
Fin de cet intermède taquin de Zarathoustra qui a compris dans la solitude tout ce qu’il nous raconte.
Je ne risque pas de comprendre grand chose car je ne suis jamais seul. Il y a un couloir de migration de mouettes qui dévient leur trajectoire quand elles aperçoivent la barque, et même qui s’y reposent... surtout la nuit... et j’ai les stigmates de leur relâchement le matin...
En tout cas, elles font en général un survol autour de moi, et ça m’enchante parce qu’elles crient, puis elles repartent vers l’Est .
J’en vois 10 par jour...
Aujourd’hui, un groupe d’une cinquantaine est passé au loin...
Je les compte, ça m’occupe.
Autrement, j’ai de gros problèmes pour recharger le téléphone satellite qui
envoie mes messages.
Je me suis assis sur le chargeur et j’ai cassé la pinoche de connexion. C’est malin !
J62 - L’outre touarègue
Depuis le début de ce voyage quand je sortais l’ordinateur, il me
rafraichissait les jambes vu que c’est comme ça que je le tiens pour ne pas
qu’il valdingue avec le roulis... J’ai fini par mettre les bières dans le
compartiment où je le stocke... eh bien elles sont
presque aussi froides qu’à la maison... c’est un frigo... je crois connaître
le mécanisme... En 1995-96 quand je vivais au Niger, on partait se balader en
chameau avec les touaregs. Le midi, lors de la pause, l’un d’eux tendait une
couverture qu’il mouillait, et derrière, avec la convection du vent, on
ressentait de la fraîcheur. Mais surtout, il exposait en plein vent, cachée du
soleil, une outre d’eau en peau de chèvre mouillée, pour la faire refroidir,
toujours par la convection qui doit embarquer de la chaleur.
Là, le compartiment est exposé au vent, caché du soleil et recoit la mer en
permanence.... c’est une outre touarègue... Je ne vais pas y conserver du
beurre mais pour les bières c’est extra...
J64 - Truffade
De g. à d. : Mézigues, Poyot (dit Cruchot à l’époque because moustache), Bill et Xavier
Une fois par semaine, je mange de la truffade lyophilisée... ça me fait un bien fou, mais c’est lourd, alors je la réserve pour le soir... ça va faire marrer les Auvergnats et Gaby ma cousine qui nous a fait la truffade la meilleure du monde, un jour qu’on avait ramené nos fraises à Besse sur nos pistards, lors d’une balade de 3 semaines qui débutait en Auvergne ... Y’a quand-même Daniel, mon cousin, son mari, qui ce coquin a trouvé le moyen de dire que y’avait meilleur à Super Besse, chez la mère méjnoux...
C’est dur, mais on lui a vite pardonné, car il nous a rempli la cantine toute la soirée avec du grand pinard...
On n’était pas frais le lendemain... et d’ailleurs, on avait été habillés en Raphaël Geminiani par Gaby... Pour moi qui suis originaire de Saint Léonard de Noblat, le village de Poupou, ça la foutait mal...
J64 - Biroute du Pérou
J’ai la biroute du Pérou qui se déchire, et c’est la tuile car j’y tiens. Elle est en haut du petit mat qui supporte le feu de position...
Quand il ne restera que des lambeaux, je mettrai le drapeau Canaque à la place.
En attendant, la biroute de France tient la marée, et continue à me donner la direction du vent... : elle est solide.
J65 - Bon alors, où en sommes t’on ?
D’abord, je viens de sortir la dernière bière de l’outre. C’est triste.
Sinon, j’ai atteint 116° Ouest, le tiers du parcours jusqu’à Nouméa où il
restera 1600 km pour terminer jusqu’en Autralie... Maintenant que faire ?
Eh bien l’option proposée par Météostrategy et Anne, qui est devenue
experte en météo et courants, consiste à poursuivre plein Ouest comme
actuellement jusqu’au moins 125° Ouest, puis d’amorcer la descente en
passant au dessus des Marquises afin d’éviter la Polynésie et les très
nombreuses îles, car c’est un coup à poser le rafiot sur le corail. Ensuite
suivra une longue descente jusqu’à la hauteur des îles Samoas, puis Fidji-
Tonga puis..... Nouvelle Calédonie !! Par contre à 125°, si le courant
équatorial m’aspire, je serai obligé de continuer plein Ouest et d’arriver
en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou au Nord de L’Australie... ça serait dingue
aussi.
J66 - Les champignons
J’ai de la houle croisée, ce qui veut dire une mer hachée, ou bordélique...
Une mer régulière est une mer dont les vagues suivent le sens du vent et si le vent pousse l’arrière du rafiot, c’est le pied absolu... car c’est confortable, ça glisse...
Quand au loin se déclenche une tempête, la houle se forme et poursuit sa route jusqu’à ce qu’elle trouve un obstacle, et au milieu, parfois, il y a moi.
Et en ce moment, il y a une houle de Sud-Ouest, de Sud-Est et d’Est du vent actuel.
La collision de tout ça crée des champignons, et même des vesses de loup, qui me font danser comme Saint-Guy.
C’est difficile de ramer, et la nuit c’est chouette quand je dors : bang
bang bang.
J67 - Dis-donc, toi !
Dis-donc monsieur le poisson..., qu’est-ce que tu fais là ???
T’as pas d’ailes pourtant...
Ah ! Tu sautes à la perche, bravo...
T’en as un beau rostre... et à quoi il te sert...
A chasser !!!
Tu fais des brochettes de crevettes alors, cool...
Et tu piques les vesses de loup aussi ? pfffuit...
Et alors, quand tu dors, tu chopes pas de torticoli ?
T’as un étui ?... Ah... d’accord...
Coup de bol que je n’étais pas sur le pont quand t’es arrivé... parce que c’est le coup à
prendre la seringue dans les fesses, comme dans "l’aile ou la cuisse"...
Allez, repars dans l’eau, espèce de cure dent...
J68 - Bientôt 77
Je m’approche doucement des 77 jours qu’il m’avait fallu pour traverser l’Atlantique où, sur la fin, j’avais trouvé le temps long… Eh bien, je viens de passer seulement le tiers de ce périple, et je ne m’impatiente pas du tout… C’est quand même étonnant…
Et dans 4 mois, à une vingtaine de jours de l’arrivée, je vais trouver la solitude très pesante…
Je crois que l’on saucissonne mentalement le temps en fonction de l’échéance prévisible… C’est un conditionnement naturel et j’ai un exemple à la Bigard qui va te parler, car il illustre parfaitement ce phénomène…
Imagine toi au centre -ville de ta cité préférée… Il fait beau, et tu fais tes courses tranquillement… Tu te balades et tu es heureux… Quand soudainement , la diarrhée te prend et te tord le bide… C’est sans doute le sandwich merguez-frites-mayo du marché… Les sueurs froides arrivent rapidement et tu déguerpis à un rythme acceptable, pour arriver vite à ta baraque sans te taper la honte de t’oublier en public… Or, juste avant d’ouvrir la porte de chez toi, ça devient intenable, et quand tu t’assois sur ton séant - et sur la lunette - il te semble que pas une seule seconde de plus
n’aurait été possible… Tu t’es même demandé si tu allais pouvoir te désaper…
Personne n’a exploré ce phénomène qui parait grossier au premier abord, mais qui est en fait un conflit assez fin entre la volonté et le relâchement près de l’échéance...
( J’envoie tout de suite le projet d’étude à mes collègues de Pasteur et du Parc…)
Eh bien moi, j’expérimente ça sur l’océan…
Je tiendrai jusqu’au jour de l’arrivée.
Mais je sais qu’une fois assis derrière ma bière fraiche et à l’ombre, je ne m’imaginerai pas une seule seconde de plus à ramer sur cette barque.
Mais pour l’instant c’est un plaisir…
J70 - C’est la bagarre
Je me bats pour ne pas monter encore plus au Nord, et le vent a décidé de
passer très Sud... Je viens donc de mettre l’ancre flottante, qui me
stabilise en latitude, et j’attends une bascule du courant qui devrait
débuter demain... Pour le vent je ne sais pas... C’est un moment délicat...
Avec l’ancre, la barque se transforme en shaker...
J71 - Le vent du boulet
J’adore cette expression... ça fait longtemps qu’on ne se balance plus de vrais boulets qui te passent à ras de la gueule et dont tu ne sens que le vent - mis à part les boulets de l’existence, mais ceux là ne volent pas, il sont accrochés à tes basques avec une chaine...
Je redescends vers le Sud et je ne sais pas si je suis sorti de ce courant équatorial mais j’ai failli finir dans la zone de convergence près de l’équateur... : j’ai senti le vent du boulet.
J71 - C’te moule
J’ai de la chance, et je vous expliquerai plus tard à quel point je suis bien aidé par mon équipe à terre...
J’ai compris que je n’avais pas tout à fait un cap qui correspondait à mon activité, ni au vent, ni aux prévisions de courants de Mercator Océan... Merci Anne ! y’avait une énigme... et évidement, j’ai fini par plonger pour voir sous la barque... Le paradis des moules, l’enfer du rameur...
C’était dur de plonger, parce qu’il y avait 2 poissons qui tournaient depuis 2-3 jours en permanence autour du rafiot. Ils sont très longs et assez filiformes, mais alors avec une gueule atroce et une bouche pleine de dents, comme un brochet en pire...
Et je vous dis que depuis que je suis allé sous l’eau avec ces bêtes, je crois moins à la théorie de l’évolution... Je ne peux pas les accepter comme mes parents... Encore, d’être frère avec les africains ça m’honore et ça me fait plaisir, mais avec eux, non. C’est un dessin pas intelligent.
En tout cas, j’ai plongé pendant 30 minutes pour gratter toute la coque, puis, avec le sentiment du devoir accompli, une fois remonté vers 18h30, j’ai bu 1 ti punch, puis 2, puis 3, et je suis complètement raide. C’est trop bon le rhum Bacardi des pêcheurs avec le jus de citron en bouteille...
La glace c’est pour les gonzesses, laisse tomber. Santé !
J73 - L’ai-je bien descendu
J’ai retrouvé la glisse du rafiot en lui curant bien le fond et c’est de bon augure pour la suite, car pour le coup, je peux faire un très bon cap... même si je dois plonger plus souvent.
Il est vrai que je suis aussi bien aidé par le courant descendant depuis 2 jours...
Au Nord de 3° Sud, je ne voyais plus de poisson coucou échoué sur la barque le matin... Et il n’y avait plus que 2 petites dorades... On aurait dit qu’elles s’étaient paumées... C’est un trou là-bas ! Enfin... je voulais plus y être.
La mi parcours approche.
J74
"Je tiens toute démarche qui part de la réflexion de l’esprit sur
lui-même pour stérile et que sans le fil conducteur du corps, je ne crois à
la validité d’aucune recherche" F Nietzsche
J75 - 3ème étape
La 1ère étape m’a emmené du Pérou au Sud des Galapagos, la 2ème jusqu’ici où je dois prendre entre 125° et 130° Ouest le virage vers le Sud-Ouest en direction de la Nouvelle Calédonie...
Mais comme je suis positionné assez haut vers le Nord, je dois éviter les courants ascendants, or une belle langue se présente le 29 Aout à 124° Ouest... c’est Anne qui a vu ça dans sa boule de cristal... Donc mollo, je ralenti... je vais y laisser un peu de temps mais tant pis... Patience... "Tout arrive à qui sait attendre"...
Finalement depuis le début, et même pendant la préparation, je suis dans un long travail de patience, mais pas à glander, attention... Je rajoute ça pour les élèves qui suivent cette histoire.
Moi, j’ai encore quelques mois de vacances, nananère
J76 - " L’homme révolté "
" On peut préciser l’aspect positif de la valeur présumée de toute révolte en la comparant à une notion toute négative comme celle du ressentiment…
Le ressentiment est très bien défini par Scheler comme une auto-intoxication, la sécrétion néfaste, en vase clos, d’une impuissance prolongée…
La révolte au contraire fracture l’être, et l’aide à déborder… Elle libère des flots qui de stagnants deviennent furieux.
Scheler lui-même met l’accent sur l’aspect passif du ressentiment, en remarquant la grande part qu’il tient dans la psychologie des femmes, vouées au désir et à la possession.
A la source de la révolte, il y a au contraire un principe d’activité surabondante et d’énergie.
Scheler à raison aussi de dire que l’envie colore fortement le ressentiment. Mais on a envie de ce que l’on n’a pas et le révolté défend ce qu’il est…
Le ressentiment, selon qu’il croît dans une âme forte ou faible, devient arrivisme ou aigreur. Mais, dans les deux cas, on veut être autre qu’on est.
Le ressentiment est toujours ressentiment contre soi.
Le révolté, au contraire, dans son premier mouvement, refuse qu’on touche à ce qu’il est. Il lutte pour une partie de l’intégrité de son être ou de celui des autres…
Il semble enfin que le ressentiment se délecte d’avance d’une douleur qu’il voudrait voir ressentie par l’objet de sa rancune.
La révolte, au contraire, se borne à refuser l’humiliation, sans la demander pour les autres. Elle accepte même la douleur pour elle même, pourvu que son intégrité soit respectée."
« L’homme révolté », Albert Camus.
Après avoir lu ça, vous pensez bien que je ne vais pas me laisser envahir par un
ressentiment contre cette nature qui va me stresser encore quelques jours et m’arracher les bras en voulant me pousser vers la zone de convergence plus au Nord…
Et il n’y a pas de révolte possible puisque rien n’est dirigé contre moi, je n’avais qu’à pas venir…
Le passage sur les femmes, je l’ai laissé, et ça s’ajoute à la citation de Nietzsche… mais bon, c’est écrit, et Camus, c’est du marbre.
Alors après ça, je peux reprendre une phrase que j’ai lue un jour sur le blog de Marc Ginisty « La douleur est inévitable, mais la souffrance est en option »…
Voyez-vous, je cite, parce que les autres pensent pour moi.
Ici, il y a des nuages de poiscailles qui volent…
Et puisque la douleur n’est pas encore venue, je vais fabriquer un filet à papillon. Pour les attraper.
J77 - La routine
Les jours se ressemblent tellement...
Et pourtant.
Le lever du soleil se décale à ma montre qui est restée à l’heure du Pérou.
Maintenant, il se lève à 9h12, alors qu’au départ, il se levait à 6h00...
ça ne parait pas, mais si je finis ma journée à 18h00 et que je me jette un petit rhum dans le cornet, c’est comme si je le prenais à 3 heures de l’aprèm... un horaire de poivrot.
En plus, il faut que je rame après, mais c’est tellement bon, que je n’ai plus envie de forcer.
J’ai envie de m’allonger, de bouffer, et de bouquiner...
C’est efficace !
Au fait, aujourd’hui, c’est le 77ème jour ! Ce qui correspond au délai qu’il m’a fallu pour traverser l’Atlantique...
Qu’est-ce que c’était bon cette arrivée avec les potes !...
C’était drôle, je ne savais même pas que j’allais avoir des problèmes pour marcher...
Les potes me servaient de la bière, mais 1/4 de verre seulement...
Le premier coup, j’ai rien dit, mais la deuxième fois, je leur ai demandé ce qui se passait dans leur tête...
Ils pensaient que ça allait me rendre malade ; pauvres innocents...
J’ai demandé 1/2 litre, et j’ai fumé plein de clopes...
Quel bonheur.
J78 - ça remonte un peu
Le vent et le courant me poussent vers le Nord.
Je rame vers le Sud et donc le rafiot remonte peu mais avance peu...
Patience.
J79 - Traversée des Etats-Unis à la rame
Lima, au Pérou, est à la longitude de Washington, sur la côte Ouest des Etats-Unis ( c’est tout tordu, l’Amérique ), et je suis arrivé à 123° Ouest, ce qui correspond à celle de San Francisco, en Californie...
Je viens de faire un "cost to cost" à la rame...
Je l’avais fait à vélo, quel bon souvenir.
Mais ne vous gourez pas comme moi !
Partez de l’Ouest vers l’Est... vous aurez le vent dans le dos...
Sinon, affûtez vos mollets et accrochez vos casquettes.
C’est comme pour la rame en fait, mieux vaut être aidé par le vent...
J80 - Le dauphiné libéré
J’ai vu 2 choses importantes sur l’eau...
D’abord, un paquet de clopes, apparemment vide, qui se baladait... Je n’ai pas essayé de vérifier s’il en restait une, car je ne suis pas un clochard...
Et ensuite, des dauphins, qui ont fait un cirque pas croyable autour de la barque... Comme une chorégraphie... J’ai d’abord détourné le regard de cette agitation, pour ensuite voir 2 dauphins arrêtés à 2-3 mètres devant le rafiot... Un liquide un peu blanchâtre est sorti à l’arrière de l’un des 2, et j’ai compris que c’était une dauphine qui avait besoin de rester à la surface pour respirer... ça a fait comme une petite volute de fumée dans l’eau le long du bateau, et une masse très claire est sortie de son ventre... Putain le truc. Je crois que je venais d’assister à la naissance d’un dauphin... Tout le groupe, une dizaine, a fait bloc autour de la parturiente, et ils sont partis doucement... Je me suis dit qu’ils étaient peut être venus chercher une protection près de moi, car les requins ont horreur de la barque, ils tournent un peu loin et se barrent... D’ailleurs, les dorades le savent... Alors, pourquoi pas les dauphins...? Je vous assure que mes hallucinations ne sont qu’auditives. J’aurais bien fumé une petite clope le soir, pour marquer l’événement, mais le paquet devait être vide...
J81 - Demain c’est la rentrée et l’arrivée de l’hiver
J82 - Lecture pour les élèves fraîchement rentrés
Il y a 500 ans, quand Christophe Colomb est parti à la voile avec ses 3 caravelles pour la première traversée de l’Atlantique, les gens savaient en général que la terre était ronde, mais certains matelots de l’équipage en doutaient, et pensaient qu’ils pouvaient basculer dans le vide au bout de la terre plate...
Les mêmes imaginaient en voyant leur boussole qu’il y avait un aimant géant au milieu de l’océan, et qu’en s’en approchant, il arracherait les clous de construction des caravelles...
Ils étaient terrorisés à l’idée de se faire engloutir et dévorer par les animaux des abysses.
Ils espéraient arriver en Inde, et se repéraient uniquement au sextant, seulement sur la Longitude ( Est-Ouest ), et sur des cartes où ne figurait pas l’Amérique puiqu’elle "n’existait" pas encore...
En 1980, quand Gérard d’Aboville s’élance à la rame à travers l’Atlantique, il n’a qu’une VHF de courte portée… Le système de repérage par satellites GPS n’existe pas encore, et il utilise encore un sextant...
En 1990, Internet n’existe pas encore… On communique difficilement à terre par radio longues ondes, mais le GPS est désormais disponible, et met « l’éternité à la portée des caniches »… La précision est alors de 50 m, permettant à l’équipage d’un bateau de connaître sa position avec un diamètre d’incertitude de 100 m, mais interdit d’entrer au port par ce seul moyen...
En fait, la marine militaire américaine aurait pu donner une précision plus fine de 5m, mais elle brouillait les positions pour empêcher les ennemis de piloter les missiles avec leurs propres systèmes... C’est ce qu’a fait Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe, en balançant ses fusées SQUD guidées par GPS, sur les villes israéliennes...
100 m de précision suffisaient, sauf que l’engin était détecté par les satellites américains qui brouillaient alors la position, et transformaient l’arme mortelle en détecteur de sable...
Quelques plaisanciers ont du être surpris de voir qu’ils naviguaient dans les terres, s’ils ont fait le point à ce moment précis !
Eh bien moi, j’ai un petit GPS portable qui me positionne à 5 m près, sur des cartes numériques extrêmement précises sur lesquelles je peux zoomer et voir les îles, les passes, et les profondeurs dans les lagons...
J’ai des cartes de prévisions saisonnières des courants et des vents, et des prévisions à 10 jours...
J’envoie des messages par internet pour donner à voir un peu de cette balade...
Je peux même téléphoner aux proches, ce que je ne fais pas car ça me sort trop de ma solitude...
On a donc changé d’époque, et sans doute perdu de cette folie du large, mais c’est sympa comme ça...
Je viens de lire "Jeunesse" et "Le cœur des ténèbres" de Joseph Conrad
sur des épopées de navigation début 1900, c’est fantastique... Il faut lire ça !
J83 - Bon, alors !
La fenêtre de vents et de courants plus favorables pour me diriger vers les
Marquises est stable vers 130° Ouest et 5° Sud...
Et moi, comme un couillon, je n’arrive pas à me déhaller des 2° Sud...
J’ai repris aujourd’hui une progression correcte vers l’ouest mais demain, les courants et les vents iront un peu vers le Nord, et ce sera pire le 8 et le 9 Septembre, jours
pendant lesquels je vais encore remonter comme une balle...
Après ? on verra... C’est une période délicate, et en plus, je n’ai plus de Rhum.
J84 - Accident de la circulation
Les dorades adorent surfer dans les vagues.
Elles accélèrent comme des malades, et plongent au dernier moment sous la barque, ou sous les rames...
Elles sont agiles, et pas de problème.
Sauf qu’aujourd’hui, l’une d’elle assez grosse, s’est pris la rame en pleine poire, et moi, un retour de pelle douloureux dans le genou...
Jusque là c’est marrant, mais c’est ma réaction qui est étrange...
Moi qui suis si calme au volant, j’ai gueulé "Putain ! Connasse ! Tu peux pas faire attention "...
Bon, j’avais mal au genou, mais je vais vous revenir changé, ça c’est sûr...
J85 - No dorad’s land
Cela fait 4 fois que je passe cette barrière des 2° Sud.
Les premières fois, je pensais que j’investissais cette zone d’une désolation qui n’était que la traduction de mon désarroi d’être aussi Nord ( on dit "à l’Ouest", mais là c’est nul )...
Eh bien aujourd’hui, je suis convaincu qu’il y a bien un seuil...
Je viens de repasser en dessous de 3° Sud, et les dorades, qui n’étaient plus que 4 ou 5, se sont multipliées comme des petits pains. Celles qui restaient, d’ailleurs, étaient quasi aveugles, et m’ont bleui la rotule...
Il y a plus de piaffs, et un peu moins de bestioles flottantes transparentes...
Hier, c’était "affreux" ( comme on dit en Limousin quand il y a beaucoup de champignons : "Des cèpes, y’en a cette année, c’est affreux !" ; c’est peut être un détail pour vous, mais pour eux, ça veut dire "beaucoup"... ).
Je les voyais à l’oeil nu, ces médusoïdes, et j’ai capturé l’une d’entre elles qui ressemblait à un gnome, une sorte de corps humain avec des bras, des jambes, un cou, et pas de tête, et qui se contorsionnait dans tous les sens...
Il y en avait aussi d’autres milliards du genre micro-méduses ; et de ces fameux petits ballons de baudruche transparents et flottants, en forme de coquillages - qui étaient beaucoup plus gros sur l’Atlantique d’ailleurs...
Normalement, le 8 et le 9, je devrais y retourner, dans le "no dorad’s land", mais c’est la der des der.
J86 - L’hydre
Voilà le type de bestiole qui se balade dans l’eau. Celui là, c’est un escargot qui laisse une encre violette qui tâche. Je ne sais même pas si c’est toxique pour la peau... Il est beau avec son corps transparent.
J87 - La der des ders
Il ne me reste qu’une seule bouteille de vin puisque j’ai fini le rhum depuis quelques jours... Ce n’est pas plus mal, car j’avais tendance à me murger tous les soirs depuis 2 semaines... Je garde cette bonbonne de vin blanc précieusement pour un cap important de cette balade... Mais elle doit être servie à 12°C pour être dégustée correctement... or dans la barque, il fait un peu chaud, même dans l’outre touarègue... Je pense qu’elle va arriver pleine à l’Île des Pins, car c’est mon contact amical... Santé...
C’est Pierre Bourras qui m’a offert ce château d’Yquem 1999 pour la traversée...
A coté, on voit le vin corrézien des Côteaux du Saillant-Vézère qui sont partenaires, et dont j’ai embarqué 3 boutanches qui sont bues, et qui est un vin vraiment excellent, sans fayoter...
Le magnum de méthode gaillacoise du "Domaine de Sarabelle" que je suis sensé secouer sur les gens à l’arrivée, comme tout bon abruti joyeux, fait le voyage en avion... Mais j’aime trop ce pinard et y’aura pas une goutte par terre...
J88 - Je me baladais
Hier, je me baladais sur le parcours en regardant la carte, car on doit décider du trajet entre les Marquises et la Nouvelle Calédonie... et je finis par charger sur l’ordinateur la Carte Australie-Nouvelle Zélande pour regarder les îles entre Les Tonga et l’Île des Pins.... et je me rends compte qu’il n’y a pas la Nouvelle Calédonie, ni les Fidji, sur cette disquette... C’est la tuile, car si j’ai une carte papier pour la Nouvelle Calédonie, je serai un peu à l’aveugle dans la zone des Fidji, où il y a une concentration incroyable d’îles ... Ce n’est pas trop bon de regarder l’arrivée de si loin, mais j’arrive à la mi-parcours... Alors ça me relaxe...
J89 - Il pleut
Le temps est couvert avec beaucoup d’ondées... j’apprécie car je peux ramer sans le soleil... c’est très reposant, et pourtant d’habitude, j’ai une petie bâche qui fait parasol... surtout, ça change l’ambiance avant la bascule vers le Sud... ça me divertit et ça m’a redonné faim... c’est sympa comme remède sialagogue... J’étais un peu comme dans la pub OBAO, je tapotais avec ma fiole de savon en attendant que ça flotte... Et je vais taper plus fort car autour de Toulouse, il manque d’eau pour que ça pousse dans les champs... comptez sur moi les gars.
J89 - Ce matin, je repensais à un truc
Chaque matin, je lave mon bol après le petit déjeuner, et en me penchant par la fenêtre, je peux tremper la vaisselle dans la flotte... C’est un peu juste mais avec le roulis, j’y arrive ...
Mais ce matin, je n’arrivais pas à toucher l’eau, et je me suis dis : - "Merde, y’a moins d’eau, y’a un connard qui a dû en prendre pour faire dégorger ses palourdes" ...
C’est nul, mais l’hiver dernier avec mon père, à l’île de Ré, on a demandé au poissonnier d’un supermarché comment on pouvait conserver nos palourdes fraîchement pêchées jusqu’à notre retour en Limousin, 2 jours après... et si en emportant de l’eau de mer et en la changeant régulièrement, ça ne le ferait pas...
Il nous a répondu d’abord : - "Nous on reçoit les palourdes le matin et on ne les ressert pas le lendemain"...
Tiens, mon oeil ! Vu la langue qu’elles tiraient, elles avaient des heures de vol, les moules de luxe de son étalage...
Mais surtout, la suite, avec un regard sombre... ( écoutez bien ça ) : - "Et puis, c’est interdit de prendre de l’eau dans la mer"...
Ha putain, l’abruti...
- "C’est vrai que tu n’as pas le droit de prendre quoi que ce soit du domaine public", me dit mon père...., c’est pour éviter que n’importe quel guignol aille prendre la terre végétale dans un jardin municipal, ou y cueille les fleurs..., ou qu’il prenne 50 tonnes de sable sur la plage pour remblayer chez lui....
Mais maintenant, je comprends pourquoi il a dit ça, Ordralphabétix...
"Arrêtez de prendre de l’eau dans la mer, vous êtes chiants !!!! car moi je ne peux plus laver mon bol peinard !!!!".
J90 - Ça revient
Ça y est, la barque s’est re-transformée en porte avion... Depuis 3 semaines, les B52 ne s’échouaient plus... Et le matin, je n’avais rien à donner à bouffer aux dorades... De toutes façons, elles sont devenues pimbêches... Elles n’en veulent même pas de mes OVNI crevés... Je vais les filer aux étournaux, moi, ça va pas trainer, et si elles continuent, je me remets à pêcher...
"Et le singe devint con !"
J91 - "Liberté sur parole"
"J’ai passé la seconde partie de ma vie à casser les pierres, à perforer les
murailles, à percer les portes et à écarter les obstacles que j’ai interposés
entre la lumière et moi dans la première partie de ma vie "
"Liberté sur parole", Octavio Paz.
ça me parle, ces vers d’Octavio...
Pour moi, j’espère que ya d’autres trucs à perforer après cette balade pour voir la lumière, mais c’est quand même con de se foutre à l’ombre et d’être obligé de pourrir le parasol parce que t’y vois plus rien.
J92 - Nyctalope
Cette nuit, j’ai eu le trip cargo... C’était dur, à 2 heures du matin, d’entendre cette alarme stridente du transpondeur... Je n’en avais pas vu depuis 8 semaines... Le début est pénible, parce que les alarmes sont discontinues et que tu ne vois pas encore la bête, son écho radar étant détecté de très loin... Alors tu mattes dehors et tu attends... Et puis il apparait...
La nuit, il faut scruter l’horizon, et quand tu vois des loupiotes, eh bien c’est lui... Or, de très loin, si tu fixes directement ces très faibles lumières, tu ne les vois pas... Il faut regarder légèrement à coté pour qu’elles apparaissent... car au centre de la rétine, il y a la macula qui est composée de cônes (pas des nanas mais des cellules) qui sont responsables de la vision diurne et de la vision des couleurs, et sur les cotés de cette même rétine, ya les bâtonnets responsables de la vision nocturne et de la vision en noir et blanc... Or, en regardant légèrement à coté de ce que tu veux voir, tu projettes l’image sur la partie périphérique de la rétine où il y a cette vision nyctalope... T’as qu’à essayer avec les étoiles la nuit... Et ne me dis pas que ça ne marche pas quand il y a des nuages : tu ne vas pas me faire du mauvais esprit de poissonnier...
Ça fait 3 mois aujourd’hui que je glande... Tout va bien
J93 - Trois mois de mer
Ça fait 3 mois que je suis parti du Pérou, et j’ai l’impression que la côte Sud-Américaine est très loin derrière ; et pourtant, le temps est passé vite...
C’est rassurant car il doit m’en rester à peu près autant pour atteindre Nouméa...
Xavier Pipap, responsable d’un Club de Plongée, m’avait organisé un passage sympa près des Marquises, et un beau courant devait m’y emmener...
Malheureusement, un vent assez fort de Sud-Est s’est levé, et a compromis ma descente vers le Sud... C’est râlant quand même...
Maintenant, je vais rester un peu à cette latitude et prévoir la descente vers Nouméa un peu plus tard...
Le gros Pacifique est têtu quand il a décidé de ne pas laisser passer quelqu’un... Mais quelle preuve dois-je donner de ma bonne foi...
Je ne veux pas te conquérir ni te garder pour moi, Pacifique, je veux juste te traverser tranquillement pour aller voir mes potes à Nouméa...
Mais j’avance quand même pas mal : merci vieux...
J94 - "Quoi de neuf Doc ?" - "Sauve ton âme, jette ta télé."
Trois mois que je suis coupé du monde... J’ai des messages de proches qui me font du bien... Ils me racontent leur vie de tous les jours et c’est très apaisant... Par contre, je ne sais rien, mais alors rien du tout de ce qui se passe en France et dans le monde... J’ai seulement demandé à Lolive de me tenir au jus pour les résultats de Rugby... ( Bravo Brive, pour son match à Charlety )... Mais c’est bien comme ça... On est sur-stimulé par l’info, c’est dingue... et l’imposture du monde moderne, c’est la télé... Putain, ce truc fait disjoncter ta boite à réflexion... Ça pompe toute l’attention des gens que tu aimes... T’as déjà regardé dans le fond des yeux une vache qui rumine, eh bien tu y rencontreras le vide intersidéral... Voilà tes yeux, mon ami, pendant l’heure qui suit ta séquestration par l’écran télévisuel... Des yeux de bovin... Si tu vas te pieuter juste derrière avec maman... bonjour l’ambiance... faut plus compter sur "les mouillis-mouillas des débuts" quand tu rentrais du ciné et du resto... Là, tu lui fais subir ton regard flou et le sifflement débile de phrases où résonnent l’inanité... ça n’apporte rien, mais rien du tout... Vas au cinoche, bouquine, fais toi chier, mais ne regarde plus ce machin... 3h50 par jour et par français... dont 30% TF1... écoute bien, à l’âge de 80 ans, tu auras regardé la télé pendant 13 ans d’affilée, jour et nuit, dont 4 ans TF1... avec ça, tu aurais pu devenir un musicien formidable... Et ne t’étonne pas si t’es déprimé et que tu passes ta vie à bosser pour t’acheter des conneries qui ne servent à rien... J’suis bien ici, j’peux bien prendre 6 mois là-dessus pour traverser un océan, non !.... Bon, ya que Thalassa qui est bien, non, ça c’est vraiment bien... et le Rugby aussi, c’est pas pareil le rugby avec les bières... et les brigades du tigre, ha ! j’adore ça les Brigades du tigre... et...
J95 - Envoyez le pingouin
Ça fait 3 mois de traversée, et depuis aujourd’hui, j’ai passé la mi-chemin entre Lima et Nouméa ( 135°Ouest )...
En plus, je viens d’apprendre que je me suis glissé dans un trou de verrat de courant descendant...
( oui, parce que au niveau du Pacifique, on ne parle pas de souris, sinon ça fait marrer "le Gros" ... y’s’gausse... ça remue... et je remonte vers l’équateur )...
Les pingouins, ça lui va.... ALORS... ENVOYEZ LE PINGOUIN !!!!
"Le Gros" = Le Pacifique
J96 - Et si on parlait d’ivresse
Une ivresse de dingue toute relative, un moment de joie, de libération...
Depuis 5 jours, un vent Sud Est tenace me pourchasse... une mer salace me menace... un courant vivace me ramasse...
Je m’étais replié devant ce vent fort et de travers, qui, comme ils disent à la radio, "altèrera l’impression de beau temps..." (c’est toujours au futur puisque c’est une prévision... )
Je venais de rater la porte des merveilleuses Marquises, ainsi que le rhum qu’on devait m’amener à bord...
Je végétais ainsi dans ma petite torpeur quand, ce matin, le vent est devenu frais et s’est mis dans mon dos (enfin, de face, puisque ce bateau va à l’envers)... et la houle, dans mon dos aussi, et le rafiot ( que je venais de nettoyer avec mes noeuds ) glissait comme un pet sur une toile cirée... Chaque coup de rame le faisait se dandiner dans un petit surf sur les vagues qui le soulevaient...
Ha ! qu’c’était bon...
Fallait-il que l’ivresse m’échappe à ce point pour l’aimer autant ?...
J’avais les mêmes yeux que mes potes quand ils sont amoureux et que leur cerveau se met en pause...
Voilà !
Ce sont ces moments-là que l’on vient chercher ici, et pas l’odeur de troubadour qu’il y a dans ma tanière...
Mais bon, je vous rassure, je suis reparti à faire du cap... Quelle vacherie !
J97 - Tous les chemins mènent au Rhum
Et j’apprends que vous non plus n’avez plus de Roms...
Je me sens moins seul.
J98 - Des crabes, pffff... et pourquoi pas des langoustes aussi
Moi, j’crois pas qu’ya des crabes au milieu d’l’océan, c’est des morbaks de dorade.
J99 - 10H00 - Le rafiot, c’est pas un hôtel, bordel
Voilà le piaf qui a séjourné toute la nuit sur le toit de ma cabine...
J’ai gardé cette image parce qu’il est marrant... : il a l’air inquiet, mais en fait pas du tout, il faisait sa toilette...
Par contre, il n’a pas une tronche de vieux de la vieille...
Hier, j’ai vu des Frégates... quel beau vol !.. c’est dingue.
J99 - 12H00 - ...
Putain le piaf, il chante, j’espère qu’il ne va pas pondre ce connard
Avec le soleil qui chauffe les panneaux, ça va faire cuire son oeuf
J100 - Cent jours
C’est passé vite
J101 - Dictons lunicoles
Il fait nuit, et y’a une lune d’enfer qui éclaire le paysage...
Elle me rappelle un film en noir et blanc, muet, du début du siècle dernier, où on voit une lune qui est un visage, et un mec qui va dessus avec une fusée qui arrive dans un oeil...
Y’a l’expression "être dans la lune" qui doit venir d’une mimique du visage avec les yeux au ciel. Mais on peut la remplacer par "tu te prends pour un suppositoire ou quoi ?"...
Voilà le sens du film en noir et blanc... l’oeil, la fusée, le suppo qui part dans la lune...
Au passage je rappelle aux mamans zélées : "Pas de suppositoire dans la lune quand ils ont la diarrhée, c’est pas un saumon"
J101 - Je ne verrai pas les Marquises
C’est dommage, mais j’ai joué de malchance, puisque 7 jours de vents Sud Est m’ont maintenu au Nord, et je passe la longitude des Marquises que je n’apercevrai pas...
Maintenant, changement de régime, ça va glisser au lieu de déraper avec le courant... et j’ai repris un régime "corde à noeuds" intensif, puisque j’épile la barque tous les 2 -3 jours...
En fait, à 5 jours, les anatifes sont déjà grands, et de les gratter à l’état de larves, c’est mieux...
Y’a juste le maillot à l’arrière qui m’oblige à plonger tous les 7 à 10 jours...
Etrangement, ça pousse moins vite sur les parties verticales, inaccessibles avec la corde, et c’est une chance...
Je n’aime toujours pas les requins, mais eux non plus, j’en suis convaincu.
J102 - Les releveurs du poignet
Depuis quelques jours, j’ai une douleur lancinante au poignet droit qui m’inquiète...
Elle survient quand je fais le petit mouvement des releveurs du poignet qui retourne les rames et les met à plat pour le retour en arrière hors de l’eau...
Donc, j’avale des cachets, et je ne fais plus ce mouvement du côté droit...
Mais sur ce retour, la pelle de droite passe perpendiculairement à la mer, accroche parfois la flotte, et par un retour de levier brutal, vient percuter ma jambe...
C’est roller ball...
Je suis rassuré, car j’ai transféré la douleur du poignet dans le tibia...
Ça guérit.
J103 - Ya 2 possibilités
Quand tu es au milieu d’un océan à la croisée des chemins, ya 2 possibilités... soit tu fais demi-tour parce que t’en as marre, soit tu vas tout droit... Puis tu réfléchis... Donc tu vas tout droit.
Et là, ya 2 possibilités... soit tu rêves d’arriver, soit tu aimerais disparaitre de la société. Mais en général, tu disparais quand ta femme t’emmerde et qu’elle t’attend au port mais pour moi, pas de problème, donc je vais en Nouvelle-Calédonie.
Et là, ya 2 possibilités... Avec ce voyage, soit ta vie a changé, soit rien a changé. Et ce n’est pas 6 mois à glander sur une barque qui va modifier ta vision du monde... Donc, tu rentres, le même... Tout pareil... et pas frais.
Et là, ya 2 possibilités, soit tu prétends le contraire, soit tu acceptes d’être toujours aussi gland.
Et là, ya qu’une possibilité... écoute tes potes quand ils te parlent avec le pif tout rouge, qu’ils te ressortent leurs salades toutes fripées qui te bercent depuis si longtemps. Prends une photo de tes fesses et mets là sur ton blog. En avant camarade ! « Fini, les trucs et manigances ». Sers l’apéro ! Quelle chienlit de se retrouver sans rhum... et pas de sornette, des rasades, des vrais, pas servies avec le dos de la main morte. Il me reste la boutanche d’Yquem dans le rafiau... je ne vais pas le boire pour la partager, mais va falloir les multiplier les petits pains pour étancher ma soif. Je compte sur vous, mes gorges en pente. Vous m’êtes précieux.
J103 - Physalie
Cette espèce de bulle faite en pâte à ballon est une physalie qui flotte sur l’eau.
Les physalies ont de très longs filaments très solides que j’accroche involontairement avec les rames.
Elles tournent alors pendant des heures autour de la pagaie...
Ces filaments sont très urticariants...
J’ai un masque quand je plonge, mais je peux m’en prendre sur les bras ou les jambes...
Tout à l’heure, je vois une petite masse toute rouge sur l’eau : j’étais très intrigué...
Je rame comme un fou pour m’en approcher, et "qu’est ce que je m’aperçois je ?" : c’était un bouchon de bouteille de Coca...
J’étais un peu vexé...
Depuis le début, c’est seulement le deuxième machin non marin que je vois flotter, après le paquet de clopes...
Je pense que les anatifes se mettent sur tout ce qui traine, et le font couler avant que j’arrive, pour me donner bonne impression...
Z’ont intérêt s’il veulent développer le tourisme dans le secteur.
J106 - Message de l’équipe à terre
L’équipe à terre a reçu hier 25/09 à 17h00’25’’ TU, un message précodé émis par Serge au moyen de l’une de ses balises ARGOS
Il s’agit du message précodé dit "N°1" qui, de manière convenue avec CLS / ARGOS (Collecte Localisation Satellites / ARGOS), signifie :
"Tout va bien, téléphone satellite en panne"
L’équipe à terre se mobilise pour résoudre au plus vite la rupture des communications transmises par Serge
Nous vous invitons à suivre sa progression toutes les 4 heures sur le lien "parcours en temps réel" régulièrement mis à jour par Laurent Barme : comme nous le voyons tous, Serge continue à progresser très régulièrement et très rapidement, et c’est là l’essentiel
Merci à tous
J107 - Le p’ti quiquin
Le téléphone a fait une pause ce week end et donc moi aussi... j’ai bien avancé... Le seul problème est que je suis tellement content de surfer dans les vagues que je ne fais pas beaucoup d’effort pour descendre plus au Sud... La nuit, ya un vents à décorner les boeufs. Je vais être obligé de descendre gratter, car la rame redevient un peu dure. Chaque fois que je m’apprête à plonger je chante le pti air du Nord de Franscesco pour me donner du courage. "Dors min p’ti quiquin, min p’ti pouchin, min gros rochin... Tu m’f’ras du chagrin, si tu n’dors pas ch’qu’à d’main" . J’sais pas trop si dans la chanson, les p’tis quinquin et les gros rochins font références aux grandes bouches à dents qui se baladent dans l’océan, mais ça m’apaise.
J107 - HO LUI Hééé !!!
ça c’est leur truc, aux piaffes... Faut qu’ils fassent dans le systématique... enfin, j’veux dire ; qu’ils fassent systématiquement... Chaque fois qu’ils choppent un poiscalle, c’est le même cirque : premièrement ils prennent un peu d’eau au vol pour se rincer la gargagnolle... sans doute que les écailles, ça chatouille... Mais surtout deuxièmement, et là, c’est vraiment chiant : il faut qu’ils lâchent une fiente... Comme un "trop plein", tu vois !
Sauf que si ils sont dans le secteur, c’est parce que c’est les dorades à Bibi qui lui font décoller les missiles... donc près de la barque... Et faut pas compter sur eux, pour faire un détour pour lacher leur bouse... Alors de deux choses l’une, soit ça tombe à côté, comme les bombes de l’armée allemande qui ont rasé Amiens mais n’ont pas touché la cathédrale, alors je pardonne... Soit je prends ça sur la pomme, et je pêche toutes les dorades pour en finir avec ce jeu puéril.
"Et le singe devint de plus en plus con"
J107 - Les mélanésiens
Je sens bien que le prochain mois va être le plus long, car il va dessiner l’arrivée...
Alors, le petit baigneur va-t’il terminer cette traversée en Nouvelle-Calédonie à se bourrer de Bougnat ? Au Vanuatu à s’taper des Kawas ? Ou en Papouasie, avec un cornet en forme de trompette à la place du slip ?...
En fait, peu importe, car ce sont tous des mélanésiens, qui appartiennent à des peuples frères extrêmement accueillants.
Vous ne répéterez pas à la Nouvelle-Calédonie que je vous ai dit ça, mais ce qu’il y a de pratique avec le Bougnat, c’est que t’as moins faim quand t’as fini ton assiette, ho la vache, par contre, t’as... bien soif : venez avec les bonbonnes !
J109 - Légendes d’automne
Les bouquins sont des remèdes à la vie terne, aux tensions intérieures, ils m’ouvrent aussi sans fuite le champ des possibles... J’en ai emmené 40 kg... C’est marrant, en donnant ce poids, on dirait que je me fous de la qualité, comme Thierry l’Hermite dans "Les bronzés" quand il parlent de "Kg de gonzesses" dont il tombait amoureux au Club Med ( Je ne sais pas si il y va toujours au Club Med, Thierry l’Hermite, mais ça doit faire des tonnes maintenant )...
Lire me soulage d’une tension intérieure provoquée par une hyper vigilance et un sentiment de vulnérabilité permanent qui finissait par me lasser quand je traversais l’Atlantique. Je lisais tout le temps quand je ne ramais pas... Et ici, sur cet océan plus grand, paré de ma première expérience me donnant un engagement plus assumé et détendu, quand je relève les yeux des pages et que je reprends conscience de l’endroit où je me trouve, je ressens encore quelques secondes de panique... Ce n’est pas assez long pour me pourrir le plaisir de lire mais c’est une "descente", comme pour toutes les ivresses... Je viens de lire "Légendes d’automne" de Jim Harrisson, trop balaise, formidable, quel bonheur !
J108 - Qu’allait-il faire dans cette galère ?
Bateau pneumatique jaune, Sévilor Caravelle, dont nous étions propriétaires.
Je dois vous expliquer ce qui, à l’âge de 10 ans, a déclenché mon envie acharnée de traverser un océan à la rame...
Mon père venait de passer son permis bateau ( on devrait dire "de bateau", car ce n’est pas un permis banal ), mais il avait trop hésité avant l’été pour acquérir une embarcation avec laquelle on aurait pu faire du ski nautique. Il a donc acheté celui que vous voyez en photo... ( cette histoire est vraie au mot près )... Comme tous les ans, l’été, on est partis à l’île de Ré en famille se faire bronzer la raie pour ceux qui avaient une raie et la tonsure pour ceux qui avaient une tonsure ... Ma soeur et moi, nous étions très intrigués par ce bateau, et pressés de monter dedans... Nous voilà donc partis tous les 4 à la plage de la Conche, au Nord de l’île... Ça commençait mal, car on était morts, rien que de gonfler cette chambre à air... On le met à l’eau, et là ! mon père s’interpose et nous dit : "Non, non, les enfants, c’est moi qui l’essaye en premier, je veux me rendre compte de la force qu’il faut pour se déplacer avec "... Putain, on l’avait donc gonflé pour lui... A 10 et 11 ans, ça compte... Il essaye de monter dedans, sauf que dès qu’il y a 1 mètre de flotte, c’est mou, t’as pas d’appui, et l’autre coté à tendance à te revenir sur la gueule... du coup, on le ramène au bord. (ma mère dans les dunes regarde la scène). Là, mon père remonte dedans... et pour le coup, comme y’avait plus d’eau, il lui a fallu 3 plombes et 3 vagues pour faire les 10 mètres nécessaires afin que les rames ne grattent plus le sable... Ha, c’était beau ! On voyait juste sa tête qui dépassait, coiffée de son bob rouge, ses lunettes de soleil sur le nez... Et ça flottait... C’est très émouvant pour un petit de voir son père qui flotte... et le voilà parti en direction de l’Amérique... mais... en travers de la plage, pour faire les essais... Sauf que c’était aussi en travers des vagues... Il se fait alors emmener bien à la limite de déferlement et une vague un peu scélérate nous a retourné, et le Sévilor, et notre père, qui, à l’envers, tenait encore les rames... C’est très émouvant pour un petit de voir son père qui ne flotte plus... Puis il a bien fallu qu’il respire, alors il est ressorti, sans bob, et sans lunettes... Ma soeur, une heure plus tard, en nageant, a sauvé le bob qui, en séchant, est passé en taille "small"... C’était trop fendard... On n’a jamais eu droit à remonter dedans, y’avait toujours trop de mer...
Il n’a servi que cette fois là, et depuis, une blessure au fond de moi mal cicatrisée a généré ce goût immodéré pour l’océan et les bateaux à rame...
J’espère que cette fois, avec cette mare à canards, j’aurais réglé mon problème.
J110 - Et voilà les thons
Hé franchement, ce sont des paresseuses les dorades...Comme je vous l’ai déjà raconté, lorsqu’elles sautent, elles montent à 50 cm au dessus de l’eau et retombent sur le coté pour faire s’envoler les torpilles... Eh bien maintenant, j’ai les thons qui s’y mettent... Ho le truc... Eux, ils s’envolent tout droit à 3-4 m au dessus de l’eau, et ils continuent à onduler le corps... Remarque, là, c’est con, car ça fait danseuse, tu vas pas me faire croire que ce dandinement en l’air, ça les fait monter plus haut... mais c’est pas grave, le coeur y est... Et quand ils retombent, ça fait un vrai splash du tonnerre, et la patrouille de France décolle à tous les coups... Manquerait plus qu’ils me lâchent de la fumée colorée... Les dorades font pingres avec leurs sauts de cabris juste à coté de mézigues, mais c’est pour me rappeler qu’elle sont là.. J’apprécie, j’apprécie...
Bon, sinon les news ne sont pas bonnes. Quand j’arrête de ramer et que je m’allonge 5 minutes, j’entends le klaxon des pompiers... C’est signe de quoi ça ? Remarque, entre mes travaux de plume et les pompiers, ça ne peut que m’apaiser.
Traduction : ça vous fait peut être marrer, mais pas moi...
C’est Xavier Curvat Pipapo, un marquisien, qui m’a imposé ça pour plonger, parce qu’il y a des physalies partout, et que c’est allergisant, et plus dangereux que les requins...
Elles ont de longues tentacules, comment veux tu que je l’enlève ? hein !
J111 - Chacun sa bonbonne et courage
La bouteille d’Yquem n’est pas grosse.
C’est la der, mais je me retiens, sauf que je finis par avoir une peau de bébé à force d’être à jeûn... Ça fait nul pour une épopée sur l’océan...
Lolive, il voulait une photo de mézigues pour être sûr que je vais bien, et surtout, une photo de la boutanche pour être sûr qu’elle est pleine.
Alors j’ai photographié les 2 en même temps.
J112 - Chaud devant
Cette année, l’eau est chaude en Australie, c’est le phénomène post El Niño prénommé La Niña, et donc, cela renforce les alizés qui sont des vents thermiques allant des régions fraiches vers les régions chaudes... Avec la houle et un vent d’Est Nord Est, je surfe dans les vagues et c’est trop bon... J’ai quand même du bol que ces alizés forts débutent en Octobre pile au moment où j’arrive... Je vais quand même pas remercier les douaniers et l’antifouling pourri quand même.
J113 - Les îles
Je vois que je me rapproche doucement des îles que je rêve de voir... TERRE, TERRE. J’imagine ce que devaient ressentir ceux qui la découvraient. Leur émotion devait associer, joie, curiosité, et crainte... Moi, je souhaite juste sentir un peu l’odeur des végétaux. Si je passe sous le vent de l’une d’elles, ce qui est plus raisonnable, je devrais avoir cette sensation avant l’arrivée... mais je ne ferai pas de détour pour m’en rapprocher en prenant le risque d’échouer le rafiot... A la place, vu que j’ai laissé du linge propre enfermé, mais humide, je le snifferai pour me gazer aux champipis.
J114 - Le transit
Je suis dans une nouvelle transition de ce périple, entre la cadence Nord rapide, et la descente Sud qui promet d’être plus lente... En fait, c’est couillon de parler de transition. C’est comme dans la vie... On en voit partout des transitions pour échapper au moment présent... Transition entre les saisons, entre les amants de ma femme, le dimanche soir entre les semaines de boulot, entre les dizaines d’années, entre les années scolaires, entre les projets de vacances... Ouais, mais alors ! Quand est-ce qu’on aboutit ?.. Eh bien jamais, et à c’compte-là, y’a plus de temps présent. Donc moi, j’ai l’impression d’être dans une longue transition avec des bribes d’existence déjà faite de souvenirs, d’ivresses et d’ennui... C’est ça la vie au large, le passé immédiat qui s’accumule donne de la force au chemin qui s’écoule, et plus ça dure, plus tu pourrais tenir... de transition en transition... T’as vu l’imposture ! J’ai l’air heureux, et ben j’suis en transit.
J114 - La triche
En ajoutant aujourd’hui Nouméa dans le tableau des distances, Laurent Barme, qui a conçu toute la cartographie de la traversée, a changé de référence, et j’ai subitement parcouru 500 km en 8 heures…
Ben, ça faisait un peu triche et remorquage quand même… Mais c’était tellement gros, que ça allait, et je me suis dit : « et si je sortais un moteur ? »…
Là, je crois que vous pourriez le lire dans le fond de mes messages…
Comme une femme finit inévitablement par mépriser l’homme qu’elle aime en le trompant… Ça se sent alors dans le masque de la charge théâtrale de ses petits tracas…, une sorte d’exutoire, justificatif des silences…, le mot d’absence des parents…, le baume du ridicule de celui qui l’attendait, même s’il ne le saura jamais…
Je vais ramer avec le courant, et ce n’est pas de la triche, même s’il m’accélère beaucoup ce couillon.
J115 - La plume
Y’a un piaf qui a lâché une plume qui est tombée sur le nez du rafiot... J’ai voulu la récupérer comme un trophée... mais elle s’est barrée dans la flotte... Je l’aurais donnée à un enfant à l’arrivée qui au bout de 5 minutes s’en serait débarrassé... Je crois qu’en voyageant, je n’ai jamais rien ramené, à part des bois de cerf que j’ai trouvés dans une forêt... Mais déjà je rentre avec ma pomme, c’est pas mal.
J115 - Wolf
« J’ai toujours pensé qu’on aurait dû appeler les hommes de cinquante ans en premier sous les drapeaux, puis ceux de la génération inférieure et ainsi de suite. Laisser aux jeunes la chance de pouvoir vivre un peu, de goûter les choses, avant d’aller se faire descendre dans la jungle. Et on devrait systématiquement recruter 25% du congrès. Leur faire tirer à la courte paille les missions en première ligne. N’importe quel type de cinquante ans capable de faire un parcours de golf de 18 trous peut certainement utiliser son index atrophié pour appuyer sur une gâchette et ses jambes flageolantes pour avancer au milieu des rizières. Personne ne serait exempté, pas même les présidents des chambres de commerce de nos charmantes petites villes. Je parie qu’ils se sentiraient alors considérablement moins américains. S’ils ont réellement envie d’agiter des drapeaux, qu’ils le fassent là où ça compte, sous le nez de l’ennemi… Cris et gémissements : « mais je suis agents de change, pharmacien ou dentiste, mes mains sortent à peine de la bouche d’un patient ». Justement. Donnez aux jeunes le temps de manger, baiser, boire, aimer, voyager et avoir des enfants. Si ces ventres bedonnants ne sont pas efficaces, nous leur enverrons en renfort d’autres ventres bedonnant. » (Wolf, Jim Harrison)
dans le même bouquin : "Je ne veux pas vivre dans ce monde, mais je veux vivre"
J116 - Mais non, j’rigole
Quel espace clos !... Imagine un peu, ça fait 4 mois que je suis dans ce tout petit machin et je trouve le moyen de penser peu, et c’est paradoxalement grâce aux livres... Un être humain qui n’est diverti par rien, pense tout le temps... en ramant, en préparant la bouffe, en lavant le linge, en se lavant la couenne... il n’y a aucune interruption du flot de pensée qui se centre sur la dernière idée, la prélave, la lave, la rince et l’essore... Un trait paranoïde se met en marche, et gare aux auto-intoxications par des humeurs néfastes dont le nom m’horripile : le ressentiment... et bien dans cette espace clos, enfermé dans l’immensité, car l’absence de barrière ici confère à la prison, le seul moyen de ne plus penser, c’est de lire... Sur terre, ya toujours un abruti pour te déconcentrer, mais bénis le, il te sauve de la folie et ça fait des trucs à raconter... il n’y a rien de pire que de n’être en contact qu’avec des gens que l’on aime... c’est un investissement affectif permanent qui peut user, il nous faut des cons pour nous divertir de façon neutre... même le mec sympa c’est déjà trop... sinon, te casse pas, choppe un bouquin.. et zou…dégage toi les bronches, même les navets ça passe... j’en ai lu un en commençant la traversée ho la vache, celui là, tu peux lui remettre la palme du navet... j’avais jamais lu un truc aussi nul... je ne vous donne pas le nom du bouquin car je n’aimerais pas vexer l’auteur, ni celui ou celle qui me l’a filé... Alooors... l’auteur il est étranger, il habite près de ... non, j’rigole, je ne dirai rien... tiens ! il faudra que j’en parle de cette expression, "non, j’rigole" qui sert souvent à atténuer les boules puantes que tu as balancé... Exemple vraiment pourri : "ouais ben, ma chérie, des nanas comme toi, j’m’en suis tapé des caisses, MAIS NON, J’RIGOOOOOOLE". Oui, je vais vous faire un machin sur le « mais non, j’rigole »... je vais lui tordre le cou à c’t’expression.
J116 - Faut bien rigoler
Voilà, on y est… je la tiens mon expression cataplasmique de la langue française :
« Mais non ! J’rigooooole » .
Quand tu entends ça mon pote... méfie toi.
Celui qui est obligé de corriger un trait d’humour par ce « j’rigole », vient tout simplement de balancer une boule puante dont il va essayer de s’affranchir…, et en rajoutant le « j’rigole », non seulement tu ne peux plus lui en vouloir de l’odeur de sa boule qui pue à moins de passer pour un mauvais coucheur, mais c’est comme si il te l’avait fait péter dans la poche…
Et pendant des lustres, tu vas te moucher avec cette puanteur… : c’est l’humour toxique qui, sous couvert de blagoune, instille un peu de venin
Il y a tellement de situation où elle peut être utilisée
On dira qu’il y en a de différents types, pas tous aussi venimeux les uns que les autres :
- Humour : « Maman, j’ai eu 20 en français… Non j’rigole, j’ai eu 2 et 0 »
- Gros lourd : « Ma chérie, j’m’en suis tapé, des caisses comme toi » … « Fais pas c’te gueule, j’rigole »
- Message in the bottle : « T’es pas un super coup… Hé, j’rigole »
- Venimeuse : « Dis donc chéri, tu sais Eric, mon collègue de boulot qui me drague tout le temps »…. « Eh bien l’autre jour au séminaire à Paris, il ne restait plus qu’une chambre à l’hôtel, et on a été obligé de dormir ensemble »………..« Mais non j’rigoooole , y’avait 2 lits séparés »
- Double tranchant : « Tu sais, j’crois qu’on va passer notre vie ensemble »… -« Pas moi » - « Attends, j’rigolais »
- à l’envers : « Y’aurait pas eu une histoire entre toi et elle dans le passé ? » - « Elle ! Une histoire ! Tu rigoles, c’était un "one shoot ».
- Tendre : « Qu’est ce que tu fais chéri ? » -« j’pisse dans ch’rigole » (accent chti)
- Grosse bâche de québécoise à un français : « Ostie, qu’elle te va bien ta coupe "Longueuil", et j’rigole pas » (coupe Longueuil = nuque longue à la chanteur des "Tenue de soirée")
- N’importe nawak : « Putain, rigolez pas les mecs, j’ai voulu lâcher une praline et j’ai fait dans mon ben »
Faut ‘igolééééer, faut ‘igoléééééer, avant que le ciel nous tombe sur la tête….
Faut ‘igolééééer, faut ‘igolééééer…
J119 - Putain, t’as pas d’humour
Pour en finir avec "le j’rigole", j’ai envie de conclure avec le "putain, t’as pas d’humour"... Qui doit faire preuve d’humour ? celui qui emmet le missile ou celui qui le reçoit... j’te laisse réfléchir... en fait le "t’as pas d’humour" arrive quand t’as oublié de dire le "j’rigole", et j’ai un exemple qui va t’éclairer....
En Espagne, l’annnée où on tournait sur l’autoroute autour de la ville de Salida, mes parents et nous, c’est à dire ma soeur et moi assez petit, on avait loué une baraque pour 1 moisavait loué une baraque pour 1 mois... Superbe, près de la mer, avec des sapins partout, le paradis... sauf que le paradis c’est transformé en enfer pour mon père... l’un de nous avait bouché les chiottes... je me doute de qui c’était, mais j’suis pas là pour délater... et mon père, grand prince et méfiant, car c’était sous Franco, dit : - "Si on fait venir un plombier, il va nous siphonner le chiotte et le porte monaie... laissez faire, je m’en occupe"... j’étais à l’aise vu que c’est pas moi qui l’avait bouché...
L’horreur, il n’y arrivait pas... il avait tout démonté et y avait un peu partout de ce pour quoi il sert ... on sentait qu’il était excédé, mais ce n’est pas son genre de faire retomber sur les autres ses propes tensions... "propres", si j’puis dire... Et ma mère, je ne sais pas depuis combien de temps elle préparait sa blague, mais elle passe la tête par la porte et dit : - "Hé dis donc, on dirait que t’aimes ça"... Il a tout planté sans rien dire et c’est cassé à la plage... lequel des 2 a manqué d’humour ?Pour moi les 2 ont eu de l’humour, car la blague et la réaction nous ont fait marré avec lui pendant des jours... Comme quand Bedos dit d’Yves Duteil que c’est le "Dutrou" de la chançon française et que ça le fout en rogne... C’est quand tu flingues un défaut physique que ça devient lourdingue... parce que la merde tu peux t’en débarrasser mais les blessures restent collées comme un tatouage.
J117 - Le soleil darde hard
"La mer, les flots, du soleil plein la vue..." Plastic Bertrand, début 80... Et je vais avoir des messages avec la vraie date...
Vous voulez que je vous dise franchement quelque chose... Eh bien, il commence à faire chaud..., c’est intenable quand y a pas d’air... Heureusement que cette année est une année "La Niña" ou "La gnigna" en espingouin... Ce qui veut dire que le bassin chauffe à l’arrivée... C’est comme ça qu’on me l’a annoncé il y a 1 mois, et, sur le coup, je me suis dit qu’il fallait que j’me grouille de finir avant qu’il refroidisse, même si je n’avais pas vu la photo du bassin de la dite Niña... Mais nenni, il va encore chauffer et faire du zef... malgré c’vent, le soleil darde hard et j’cuis.
J119 - Avirow
On voit sur cette photo, les rames incassables d’Avirow, et une sangle attachée sur la dame de nage...
Y’en a une de chaque coté, et elles me servent d’échelles de bain...
Et ouais : petit budget, demerde zy... Mais ça marche du tonnerre
Une fois, quand même, en remontant trop vite à l’époque où les requins me faisaient la courte échelle, je me suis mangé la dame et lardé le bide.
J117 - La pince ouvre la gueule comme un crocodile
Pour toi, lecteur de ce blog, j’ai photograpjié un coucher de soleil...
c’est un peu raté car je l’ai pris un peu tôt... or le ciel flamboye et le rouge et le noir ne s’épouse t-il pas, que quand il a disparu et qu’il éclaire les nuages par en dessous.
J118 - Message N°2 de l’équipe à terre !
L’équipe à terre vient de recevoir le 08/10 à 16h10’22’’ TU, un message précodé émis par Serge au moyen de l’une de ses balises ARGOS
Il s’agit encore du message précodé dit "N°1" qui, de manière convenue avec CLS / ARGOS (Collecte Localisation Satellites / ARGOS), signifie :
"Tout va bien, téléphone satellite en panne"
L’équipe à terre s’est mobilisée pour chercher la cause de cette seconde rupture des communications transmises par Serge, mais apparemment, tout est OK du côté de son opérateur satellite Orbitica.
Un sms, que Serge a tout de même réussi à nous transmettre il y a quelques heures, nous précise qu’il ne trouve pas de réseau. On ne peut donc pas faire grand chose, sinon attendre que la qualité du réseau s’améliore. Alors tatin... dirait Serge...
Nous vous invitons à suivre sa progression toutes les 4 heures sur le lien "parcours en temps réel" toujours régulièrement mis à jour par Laurent Barme : comme nous le voyons encore aujourd’hui, Serge continue de progresser très régulièrement, et s’apprête à passer tout près d’une île nommée Tongareva, ou Penrhyn Island, vers le 9°S/158°W. Cette île est l’île la plus au Nord de l’archipel des îles Cook, et une belle présentation en est faite sur http://en.wikipedia.org/wiki/Tongareva, pour les plus anglophones d’entre vous :)
Merci à tous
J121 - Pearl Harbour
Le matin sur le tarmac, ça sent le poisson... Je les ai rassemblés pour la photo, et je n’arrive pas à savoir si ils s’échouent un par un ou tous en même temps. D’autres matins, il n’y en a aucun.
J122 - Un vrai
Voilà un vrai coucher de soleil sans l’étendoir à slibards... Oui, je me mets devant et j’attends, comme devant un feu... Ça sert à laisser surgir la nostalgie normalement... Comme dit Léo Ferré, "la nostalgie, c’est un désespoir qui n’a pas les moyens".
J122 - Le petit chat
Récolte de ce matin. Ils arrivent un par un, et ça me sert à nourrir le petit chat.
Je me suis endormi en écrivant des messages, et j’ai rêvé qu’un petit chat était sur ma jambe en train de dormir... J’étais allongé dans ma couchette... et je me disais : "Merde, qu’est-ce qu’il fout là, comment va-t’il faire ses besoins ?". Je commence à le caresser, et ce batard me pisse sur la cuisse. J’étais dégouté... Je l’envoie valdinguer, et je me réveille avec, au fond de la cabine, l’ordi que j’ai failli destroyer...
En fait, il est chaud ce con, et en m’endormant, il a chauffé ma cuisse le long de laquelle une goutte de transpiration a coulé...
J’ai eu peur de l’avoir pété..., ensuite je me suis rendormi, et là, la barque s’est arrêtée dans une mare d’algues qui ressemblaient à des épinards, mais le vent me poussait et il s’est formé une congère qui a fini par s’abattre et recouvrir totalement le rafiot...
Ça m’a réveillé, et qu’est-ce que j’étais soulagé en voyant qu’il y avait juste un petit chat qui m’avait pissé sur la cuisse...
Ils sont très joyeux mes rêves.
J123 - Je balise le terrain
Sur la photo, on voit la balise Argos que j’ai embarquée...
Elle donne ma position toutes les 4 heures.
Je peux déclencher grâce à elle une demande d’assistance ( mais j’ai aussi une balise SARSAT spécifique pour ça...), et en plus, il y a un petit bouton sur lequel je peux appuyer pour envoyer un message précodé qui arrive par mail à l’équipe à terre...
C’est ce que j’ai fait il y a 15 jours quand je n’avais plus de téléphone, et plus récemment quand je ne trouvais plus le réseau...
J’en parle, car le chargement du téléphone satellite ne tient qu’à un ch’veu, et ça pourrait se reproduire.
Le message n°1, c’est :
"Tout va bien, téléphone satellite en panne", et comme ça, personne ne panique.
J123 - Les trompes de Fallope
Je suis comme un spermatozoïde qui arrive devant les 2 trompes de Fallope...
Je me demande bien de quel coté je suis allé moi, quand j’étais dans cet état avec ma tête et ma queue... parce qu’il fallait faire vite : on était un paquet à vouloir arriver le premier...
Là, je suis tout seul, donc j’ai le temps, et toujours 2 possibilités... : soit je passe sous les Fidji à l’Ouest des Tonga, soit je passe au Nord des Fidji avec un bord difficile pour descendre des Fidji jusqu’en Nouvelle Calédonie...
Je préfère la route Sud, mais ça va dépendre du vent, et ce couillon ne m’aide pas, car il a repris du Sud... ça fait chier quand même, mais vendredi, ça rebascule normalement avec de l’Est Nord Est.
Entre temps, il faut que je limite un peu ma progression à l’Ouest et arriver vendredi au plus au 161°Ouest...
J124 - Ya pas eu d’vent
Ça fait drôle quand ça s’arrête, parce que les alizés, ça souffle... Mais c’est une bonne chose, car le vent d’hier avait une orientation Est-Sud-Est...
Et là, pétole... nada... Ça m’a reposé, et j’ai gagné du chemin vers le Sud...
Je devais plonger aujourd’hui, et j’ai gratté avec les noeuds car hier soir, un requin est resté pendant des heures à chasser les petits poissons sous le rafiot, et vas-y
que je me frotte sur la coque, et vas-y que je mette des coups de queue pour effrayer les proies... Ce matin, zéro dorade, pas une de la journée, alors ça m’a refroidi, je me suis dit : - "y en a peut être un plus gros qui a tout bouffé et qui surveille de loin ?"... Oui, parce que le mien, c’était un p’ti quinquin de 1 mètre, avec une petite bouche, même les dorades se marraient en le voyant... Mais bon, j’aime pas quand même...
J125 - Rakahanga
Demain, dans la journée, je vais passer très près de l’atoll de Rakahanga... Ça va être une sacrée émotion, et si il y a des pêcheurs, je leur achète un litre de rhum et des noix de coco... Normalement, ma route est un peu plus Sud-Ouest, mais là je peux descendre et c’est irrésistible... je suis même nerveux à cette idée... 124 jours sans terre, que l’océan, que de l’eau et pas de Ricard... quel gros nul... Mais ce qui m’impressionne le plus, c’est que les oiseaux que je vois autour de moi peuvent aller poser leurs papattes pour reposer leurs zézailes en un coup de cuillère à pot.
J126 - Et si on mangeait les dauphins !
Chaque fois que les dauphins se radinent sur l’eau, c’est un évènement... Tu ressens quasiment une compagnie humaine.
J’ai assisté il y a un mois à une naissance, près de la barque... C’était une cérémonie incroyable, et je vous la raconte à nouveau...
Un groupe de quelques dauphins faisaient une chorégraphie, sans doute pour divertir un éventuel prédateur, tandis que deux autres attendaient à quelques mètres devant le rafiot. Un des deux restait en surface, et à un moment, une masse claire est sortie de son ventre, avec un liquide blanchâtre qui s’est répandu comme une volute de fumée le long de la barque... J’étais sidéré : je venais d’assister à la naissance d’un dauphin. Et puis rapidement, le groupe a reformé un convoi autour de la parturiente, et ils sont tous partis...
Savez vous qu’il est très difficile de capturer un dauphin vivant ? Ils font des arrêts cardiaques provoqués par le stress. Ils sont extrêmement solidaires entre eux, et les autres se jettent alors sur l’embarcation pour le libérer, et parfois se tuent...
J’ai appris par la suite qu’à la période des amours, les dauphins copulent plusieurs fois par jour, et y prennent du plaisir, et que lors des naissances, la parturiente est aidée par un autre dauphin qui prend le rejeton dès qu’il sort du ventre de sa mère, pour le faire respirer à la surface. Il est allaité pendant une année. Quand tu vois qu’un bébé requin peut chasser tout de suite, et qu’il peut se faire bouffer par le mâle s’il rode dans les parages... ce n’est pas le même genre de bête. En plus, ils se mordent en baisant, et vu les ratiches qu’ils ont, ça doit être douloureux ; par contre, le mâle a 2 bites... ça c’est bien.
Alors me vient la question suivante :
Est-ce que le requin mérite plus que le dauphin qu’on le tue pour le bouffer ?… C’est une question intéressante : quel animal mérite d’être mangé ?
En France et dans les pays occidentaux, on ne mange que les herbivores, mis à part le cochon qui est omnivore comme nous, et on ne consomme pas les mammifères marins.
Par contre en Chine, on mange tout.
En 1997, je me baladais dans le Sud de la Chine à vélo.
J’arrive en haut d’une montagne, et je tombe sur un marché de viandes. Il y avait des cages avec toutes les espèces ; ça m’avait vraiment secoué et pourtant, après réflexion, ce n’est pas plus idiot que le salon de l’agriculture. Il y avait là-bas des cages en bois, avec des chiens, des chats, des serpents, des rats, un hibou, des cochons d’Inde, des lapins, des poules, et,comble de la finesse, des aigles. Ils m’ ont vu arriver avec ma gueule de métèque, et ils me couraient après avec une cage contenant un aiglon qui avait encore son duvet, mais ça ne me disait rien, évidemment.
Vous mangez bien des poulets de moins de 60 jours, alors il n’est pas moins stupide de manger un aiglon...
C’est pourquoi, à l’arrivée, avec l’équipe du comité d’accueil, on pêche un dauphin, et on se fait des steaks.
Rien que de le l’écrire, ça me fait froid dans le dos, mais y a pas plus de raisons de tuer un requin de 300 kg pour lui piquer juste son aileron avant de rejeter son cadavre à la baille.
Même s’il n’a pas l’air très sympa.
J128 - Y a Quinquin qui vient
Aujourd’hui, j’ai plongé pour gratter le bide du rafiot et j’ai rencontré le requin sous l’eau...
Quel abruti, il m’a fait peur...
Il est curieux.
Moi, je surveillais en me retournant toute les minutes... et je le vois qui m’arrive droit dessus, qui change de direction et revient...
Je suis remonté en 2 secondes et avec 2 doigts... j’étais trop puissant...
Si j’ai plongé, c’est que je crois quand-même qu’il est inoffensif, car même les autres poissons n’ont pas peur de lui... Mais... ça reste un requin...
( Je peux vous dire que celui qui a chargé les dorades au début du voyage avait provoqué une sacrée panique, que j’ai filmée d’ailleurs, et il était beaucoup plus gros... )
Je ne souhaitais pas le rencontrer, et j’avais observé la flotte longtemps avant...
En plus, d’habitude, je le vois le soir, c’est un noctambule...
Par contre, la bonne nouvelle, c’est que sur les parties verticales sous la coque, il y avait moins d’anatifes.
J127 - La vieille bique
C’est encore une histoire de Frégate...
Figurez-vous qu’il y a au dessus de moi une frégate qui a l’air âgée...
Même allure, même envergure, mais elle fait partie de celles qui ont la tête blanche, et même le corps est blanc...
Je ne suis pas sûr que ce soit un signe de vieillissement, mais elle a l’air vieille...
Il lui manque des plumes d’un coté, des ramiges je crois, et ça fait un gros trou très visible dans sa silhouette...
Je l’observe depuis 2 heures en ramant, et à chaque fois qu’elle attaque, elle chope un poisson...
Je suis époustouflé... J’en ai vu tellement qui doivent s’y reprendre à 10 - 15 fois.
Elle est super adroite, et ça m’amuse tellement que je gueule "Olé !!". J’ai même l’impression qu’elle continue à bouffer que pour me faire plaisir... Elle est en économie maximale... pas de geste superflu...
Si on lui raconte mon histoire, elle n’a pas fini de se marrer. Chapeau l’artiste, bon vol.
J127 - Quinquin est de retour
Ce couillon de requin a élu domicile près du rafiot... Ça me gonfle et me rassure, car je ne crois pas qu’il trainerait ses guêtres ici, si un plus gros que lui, qui bouffe aussi les hommes, bivouaquait dans le secteur... Il n’a pas une tête à se laisser avaler comme un amuse-gueule... Moi non plus d’ailleurs.
J129 - L’heure du soleil
Je viens de faire un truc formidable... j’ai mis ma tocante à l’heure du soleil et donc je l’ai retardé de 6 heures... il était 22h30, et hop, je suis passé à 16h30... je n’ai plus que 2 heures en plus de décalage avec la Nouvelle Calédonie et pile 12 heures avec la France... mais je suis complètement paumé quand je regarde ma montre, alors, j’ai laissé le GPS et l’ordi à l’heure du Pérou... Je dis : 2 heures en plus avec Nouméa mais c’est en fait 22 heures en moins, car ya la ligne de changement de date qui approche... Si je la passe à minuit, je vais sauter un jour, et je pense que ce sera le 14 Novembre.
J130 - J’étais mou
Hier, je sentais que je devais modifier cette heure sur ma montre pour me recaler... Quel effet magique ! J’ai retrouvé du souffle... ça commençait à être dur, car ça cogne et y a pas d’air... En plus, il n’y a plus de courant, donc je vois le fond de la piscine... Avec ces conneries de décalage horaire, j’avais l’impression de me lever à midi... J’ai toujours pensé que la journée ressemblait à la façon dont tu la commençais... si tu te lèves tôt et tonique, tu vas faire plein de truc, et si tu te lèves tard et relaxe, il est l’heure de l’apéro, et t’as rien foutu de ta journée de libre... bon, c’est l’apéro, donc tu t’en fous... mais t’as un peu les boules, car tu l’attendais cette journée pour faire ce que tu ne peux pas faire quand tu bosses... J’étais dans cet état, j’étais mou... Et aujourd’hui, une patate détonante !
J’ai lavé tout mon linge, j’ai rangé, j’ai ramé en faisant un max de cap... remarque, j’ai intérêt si je ne veux pas me taper une île... Et puis j’ai vu un bateau. Ça faisait plus de 2 mois que je n’en avais pas vu... J’avais eu l’alarme, mais pas de rafiau... J’ai même rêvé qu’il passe pas loin pour lui demander des fruits ou du Rhum... Ça ressemblait plus à un bateau de transport inter-îles qu’à un cargo... Sinon, c’est pétole, je stagne, et le quinquin s’est fait la valise. "Adieu Quinquin, je t’aimais bien, tu sais... moi, j’m’en vais la paix dans l’âme, car j’sais qu’tu prendras soin d’ma femme"
J131 - Cartographie, barme.fr
Vous avez remarqué qu’il y a un suivi avec une carte sur le site.
Vous avez remarqué également que le rafiau se déplace tous les jours sur la carte et même toutes les 4 heures puisque j’ai une balise Argos...
Et bien ce que vous ne savez pas c’est que je peux aussi mettre des photos depuis mon bateau sur le suivi journalier... en fait, je ne l’ai pas fait parce qu’elles partent sur mon blog et qu’Anne et Lolive les incluent, enfin j’me comprends.... donc avec un simple bigophone satellite, en envoyant un SMS, je peux mettre ma positon à jour et laisser un message... et si j’ai un ordi, laisser un message plus long et une photo et sans que personne ne touche à rien en France... En plus, Laurent Barme ( http://barme.fr ) qui a mis au point ce système, peut intégrer les données d’une Balise Argos et tout se fait automatiquement... c’est magique, non !
Et en plus ça ne coûte pas cher... c’est dingue, t’es autonome en pleine mer, je n’ai rien vu de plus pertinent, c’est pas chèros et ça te sert de blog quand tu glandes sur l’océan... Il faut quand même le téléphone satellite...
Merci Laurent.
J132 - La zone
Ici aussi, c’est quoi c’trou ! ... depuis le départ, je n’ai pas vu une seule trainée de kérozène dans le ciel... nan j’rigole, c’est pas du kérozène, c’est de la vapeur d’eau... mais bon, nada, pas de vapeur d’eau non plus... C’est pas une zone de long courrier dans le secteur... quand je regarde un peu les îles sur la carte, je me dis "Quoi !! ya pas d’avions qui se posent, mais de quoi vivent ils ?"... et bien ils ont l’air heureux, ya une retraite ?... j’ai entendu que ça manifestait un peu en France... ça vous sort de votre léthargie... j’espère qu’il y a des cocktails Molotov, autrement, j’appelle ça des gamineries... Ils cassent un peu de bagnoles comme à l’époque des blousons noirs, ça c’étaient des clients... 95% des français n’auront pas vu la queue d’un manifestant, ni celle d’un casseur et pourtant ils sont là devant leur télé, stresser à penser que tout fout le camp... "et ils voteront, et puis après.." rien ne fout le camp, c’est des conneries tout ça, tord ou raison, fais ton choix... Mais ouvre un recueil de Rimbaud, bon sang... et des bouteilles de roteux, de vinasses et des binouzes... des conserves de confits... Ferme ta téloche mon pote et respire, c’est gratuit l’air...ya pas de guerre, pas de nuit de cristal, plus de tête de roi à couper... On peut écouter Brassens, Ferré et Freddy Mercury même s’ils nous ont quitté... Tout va bien... enfin pour moi ça va, mais je boirais bien un coup...
J133 - Revenez les gars
Quinquin est parti... Y a plus de dorades... Y a plus de poissons volants... Les oiseaux ne pêchent pas : ils viennent me voir, poussent un cri strident de salutation, puis se cassent de la zone... Je ne vois pas de dauphins... Revenez les gars ! Sinon, ça n’a plus de sens... ou alors que l’on m’apporte une bouteille de rhum que je reconstruise ce monde délicieux... enfin délicieux, si on veut car ce n’est pas romantique la nature, ell est hard... es autres espèces ont du mérite... L’autre nuit, y avait encore un piaf qui faisait la sieste sur la cabine... Il y a eu un orage du tonnerre, et il est tombé une quantité de flotte phénoménale... Eh bien, je l’entendais qui essayait de se maintenir en place sur le panneau solaire... il a tout pris sur la tronche... quel sauvagerie... C’est comme ça, sa vie... Et c’est pour ça qu’il a envie de baiser quand ça s’arrête. Voilà le vrai remède...
et arrêtez de bouffer des ailerons de requin ou des cornes de rhinocéros pour honorer votre amour , c’est stupide. Imaginez un instant que la femme de vos rêves vous dise "Toi ! t’as mangé un aileron de requin ou je me trompe ?!",
Va plutôt de faire doucher par un orage à l’eau froide comme mon piaffe
J134 - Demandez le programme !
Il me reste encore pas mal de kilomètres. Suffisamment pour ne pas penser au repos, allongé sur une plage...
Finalement, la trompe de fallope qui a été choisie, est celle qui passe par le Nord des Samoa (environ 10 jours)...
Dans 3 jours, le vent s’orientera avec une nette composante Nord, raison pour laquelle j’essaye actuellement de gagner un peu vers le Nord pour rester loin des côtes samoanes...
Ensuite, ce cap passé, je devrai descendre jusqu’au Nord des Fidji en passant à coté de Wallis et de Futuna...
Lors de cette étape, le vent et le courant devraient être favorables (environ 15 jours)...
Puis les difficultés commencent pour terminer, si je puis dire...
Car il faut que je descende vers la Nouvelle Calédonie (environ 20 jours)...
A partir du Nord des Fidji, le vent devrait prendre une composante Sud qui va m’enquiquiner...
Je viserai l’espace qu’il y a entre L’île de Efate et celle d’Erromango, au Vanuatu, et ça devrait aller...
Puis je dois encore descendre, et c’est là que Le Gros décidera s’il m’ouvre la porte ou pas, car le vent peut parfois être Sud-Est très fort dans cette région, et me remonter très au Nord...
En tout cas, je ne pourrai pas descendre jusqu’à l’île des pins, c’est quasiment sur, donc j’accosterai probablement sur la côte Est de la Grande Terre...
Voilà le programme...
J135 - Un petit verre pour la route
Aujourd’hui, j’ai préparé mentalement les quelques jours que je risque de passer sous ancre flottante, ce gros parachute ouvert dans l’eau par la traction de la barque, et qui ralentit la dérive due au vent, d’Ouest en l’occurrence...
Je devrais en avoir pour 6 jours... C’est long quand même pour le passage d’une dépression, mais si elle s’arrête boire un coup sur toutes les îles, alors je comprends...
Evidemment, il est hors de question de ramer, et heureusement, j’ai encore du Jim Harrisson au sec à bouquiner , ça va... Y a un truc terrible dans ses bouquins, c’est que les personnages picolent tout le temps, et alors je suis tellement dans l’histoire que ça me donne soif !
Harrisson ne fait pas le voyage pour rien : quand il boit, c’est de l’alcool fort et en bonne quantité, pour le goût et pour l’ivresse..., parfois pour partager, parfois pour dormir, parfois pour oublier un être cher disparu ou un amour perdu, parfois pour partager l’amour.
Ça fait du bien de voir l’alcool comme ça...
D’un autre coté, les coupures reposent un peu..., même si on ne sait parfois plus comment faire pour ne pas s’ennuyer dès qu’on n’a rien à faire !
J’ai trouvé pour les 5 prochains jours, après on verra.
J136 - Tonnerre de Brest
Ce matin il y avait une arche pour me montrer la direction... Elle arrive avec le mauvais
temps c’te coquine.
Je n’aime pas l’orage en mer, et c’est ce qui se passe actuellement, en même temps qu’arrive du vent d’Ouest...
Je débranche tout, et j’attends.
"Ça serait quand même pas de bol qu’il me tombe dessus"...
L’orage déclenche par erreur mon détecteur de cargo ; je n’ai pas fait le rapprochement la première fois, et je me suis dit : "Quelle tuile, il ne manquait plus que ça"... Finalement, fausse alerte...
Ça me rappelle l’atmosphère devant le Pérou... Ça fait une paye maintenant...
Comme je commence à vraiment glander, j’ai regardé les séquences que j’ai tournées au Pérou avant le départ... C’est intense, mais j’ai l’impression que c’est très vieux... En tout cas, c’est très loin, et puisque pour moi le temps s’est transformé en distance, il va s’arrêter quand je vais mettre l’ancre flottante...
"Si on pouvaiiit, arrrréter les aiguilleuuu..." quel chanteur et quelle année ?
J136 - Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Attention, la chanson est super joyeuse, tu vas pisser dans ta culotte. Mais le plus drôle, c’est la conclusion de Lolive (à la fin), qui m’a envoyé le texte complet... En plus ce n’était pas facile pour lui, car il devait arrêter le 78 tours pour recopier les paroles.
Pour ceux qui sont nés après 1985, qui n’ont donc connu que les CD, et sont tombés sur les disques vinyles 33 et 45 tours de leurs parents en se foutant de leur gueule..., un 78 tours est un disque vinyle qui tourne plus vite que les 33 et 45 tours, à 78 tours par minute, donc, mais surtout sur lequel on tombait en fouillant quand on était petits, et qui nous permettaient de nous foutre de la gueule de nos parents à nous...
Par contre, je ne sais plus comment ils tenaient sur la platine, car pour le 45, c’était chiant, t’avais pas interêt à avoir paumé l’adaptateur rond du milieu... et puis ça faisait de la manip... oh bordel ! Fallait le sortir de la poche en carton, puis de la poche en cellophane translucide, et aussi l’essuyer avant de commencer, sinon t’avais toutes les merdes qui volent collées sur la galette, et qui s’accumulaient en faisant une petite touffe sous le saphyr..., ce qui altérait très nettement la qualité du son... Si t’avais la flemme de frotter, quand t’entendais plus rien, tu soufflais, et ça se barrait... Et puis fallait te lever une fois la chanson terminée, autrement le bras de lecture finissait à dame au milieu en faisant... frruuut, frruuut...
Arrêter les aiguilles
by Berthe Sylva 1937
"Riches ou pauvres quoi qu’on fasse sur la Terre
Notre existence est une chose éphémère
Et des pendules le tic tac incessant
Semble nous dire "Tout passe avec le temps"
Voici l’enfant qui vient de v’nir au monde
Sa mère penchée vers sa petite tête blonde
Vers la pendule placée près de son lit
Jette un regard et soucieuse se dit
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Au cadran qui marque les heures de la vie
Nos p’tits enfants si mignons, si gentils
N’ grandiraient pas pour déserter leur nid
Lorsqu’à vingt ans, un jour, ils se marient
Sans un regret, ils partent et vous oublient
Et les mamans dont ils brisent l’espoir
Pensent "On voudrait près d’ soi toujours les voir
Rester petits garçons ou petites filles
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles"
Un malfaiteur, pour expier son crime
Est condamné au châtiment ultime
Dans sa cellule, il entend ses gardiens
Dire tout bas "Ce sera pour demain"
Le lendemain, il voit que l’aube se lève
Et ses idées se brouillent comme dans un rêve
Il est secoué de terreur et d’ remords
Et dit, tremblant, sentant venir la mort
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Au cadran qui marque les heures de la vie
J’ n’aurais p’t-être pas, lorsque sonnait minuit,
Commis le crime dont je vais être puni
Il a suffi d’une fatale minute
Pour que d’un homme je devienne une brute
Mais quoi, voici l’horloge de la prison
Qui sonne le glas de la séparation
Plus qu’un espoir, mon Dieu, pour ma famille
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Dans les campagnes ainsi que dans les villes
Règne le calme et chacun vit tranquille
Sans se douter qu’un orage gronde au loin
Pour bouleverser la paix du genre humain
Un peu partout, en Europe, en Afrique
Les noirs dessous de l’infâme politique
Sèment la guerre, horreur de tous les temps,
Que nul ne peut arrêter et pourtant
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Au cadran qui marque les heures de la vie
On n’entendrait plus le tocsin sonner
Pour enlever nos fils à leurs foyers
Quand à l’instant où tous les bras travaillent
Quoi de plus triste que l’heure des batailles
Peut-être qu’un jour retrouvant sa raison
L’homme maudira la guerre et ses passions
Plus de tueries ni d’hommes qui fusillent
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Tous emportés par l’effroyable ronde
Les années passent si vite pour tout l’ monde
Que l’on se dit "Pourquoi se jalouser
Se faire tant d’ mal au lieu de s’entraider ?"
Deux pauvres vieux, usés, cassés par l’âge
Sentant venir l’heure du grand voyage
Encore unis, comme dans leur jeune temps
Dans un baiser, disent en s’enlaçant
Si l’on pouvait arrêter les aiguilles
Au cadran qui marque les heures de la vie
Nous n’aurions pas la triste appréhension
D’entendre l’heure de la séparation
Après avoir passé toute une vie
A nous chérir sans aucune jalousie
Le coeur bien gros on n’ devrait pas penser
Qu’un jour, hélas, il faudra nous quitter
Vivons d’espoir, à quoi bon s’faire tant d’ bile
Puisqu’on n’ peut pas arrêter les aiguilles !"
"Waouh, ça sent un peu la chaussette, ça a pas été repris par Iron Maiden, des fois..." Lolive
J137 - Qu’est ce que c’est lourdingue !
C’est incroyable de repartir dans mes 22. En plus je ne fous rien et dehors, il y a 20- 25 nd de vent avec une mer formée, donc ce n’est pas agréable de sortir. Sinon, je serais allé faire un footing, histoire de conserver la forme... Le Gros travaille ma résistance au ressentiment...
"Je te remercie gros balourd, mais j’étais bien dans le coup"... Bon, je n’ai pas le choix, je suis en sécurité et je vais patienter.
"Résiiiiste ! Prouve que tu exiiiistes" France Gall.
J138 - J’attends
Je ne fais rien d’autre que bouquiner et manger...
Je transpire parce qu’il fait lourd, et toutes les 3 minutes tout valdingue dans la cabine... Parce qu’un bateau sous ancre flottante est retenu brutalement par le bout d’ancrage et tout ce qui n’est pas attaché part sur une rampe de lancement et donc mézigue aussi... Je m’éclate.
En mer, quand tu n’avances pas vers ton objectif, tu deviens un peu dingue, et tu comprends que tu n’es pas sur "le petit chemin qui sent la noisette".
Là, je regrette ces soirées d’automne quand il fait très bon, sans vent, la lumière est un peu rouge, l’heure du repas approche, et tu pars marcher quelques minutes sur un chemin de nature, seul ou avec un proche... Tout le monde est chez soi, tu ne penses à rien, tu discutes ou tu te tais, rien n’est douloureux, le moment est simple...
Et toi, lecteur, avec tes gros sabots, tu vas me dire : "ouais !!! comment on fait pour discuter et ne penser à rien ?"...
- Je te réponds "C’est ça, tu as trouvé ! C’est une conversation amicale où chaque mot que tu prononces est une écoute, une bienveillance, un flux de ce qui t’entoure... il ne faut surtout pas penser, pour ça, tu comprends ?"
- Non
- Tant pis !
- et tu rajoutes "Mais si tu passes à coté d’un chien qui encule un autre chien, comment tu fais avec "le flux de ce qui t’entoure" ?
- "Et ben, tu te marres, et tu rentres prendre l’apéro, la magie est brisée, mais ça n’arrive pas si souvent."
J145 - L’homme et la mer
Lolive m’a répondu à "La mémoire et la mer" par "L’homme et la mer"
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets ;
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables !
Charles Baudelaire.
J146 - La fête à la grenouille
Elle paraît petite sur la photo mais sur l’eau c’est impressionnant
Il n’y a rien de plus sympa qu’un enfant qui chante "Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille".. Ben la grenouille va avoir triple ration de fête... : qu’est ce qu’il pleut ! mais par grains, donc je peux quand-même ramer...
J’ai eu une belle frousse tout à l’heure... Je regarde par la fenêtre et je vois un tuyau dans le ciel... Je me dis "ça y est, j’ai ma première trainée d’avion à réaction"... J’ai suivi des yeux la trainée jusqu’à un bordel indescriptible sur l’eau... Là, je me suis dit "Merde, l’avion s’est écrasé dans la flotte, va falloir que je me tape des rescapés à bord"...
En fait, c’était une tornade... Elle m’a foutu les ch’tons, d’autant qu’au début, elle me fonçait droit dessus... Mais elle est finalement restée à distance...
Le seul risque, tu me diras, était qu’elle embarque par surprise le linge qui séchait, et peut-être moi avec. Hop ! direct à Nouméa en volant.
J147 - "Ne va pas gratter ta coque de nuit !!!"
Voici le courrier que m’a envoyé Xavier Pipap qui est responsable du club de plongée à Nuku Hiva aux Marquises... Je suis rassuré, mais je ne sais pas si mon coeur solide résisterait au contact du museau de requin.
"Kaoha Serge,
Concernant tes quinquins, les jeunes sont toujours très curieux et inquisiteurs et ils viennent plus près au contact des plongeurs que les grands adultes qui sont plus réservés. Ils ont souvent des réactions beaucoup plus vives... Ils peuvent s’approcher et te toucher pour mieux te sentir. Evite donc de tripoter tes poissons volants avant de faire trempette. Pour le reste c’est pareil que ce que je t’avais déjà raconté avant (ne rien jeter par-dessus bord, etc).
Ils ne sont pas dangereux... seulement un peu plus jeunes et foufous car ils ne connaissent pas la présence de l’homme dans leur milieu ... ce qui malheureusement les conduit souvent à leur perte. Ce n’est que lorsqu’ils sont nombreux (10 et +) qu’ils peuvent être chiants, un peu comme une bande de petits loubards qui roulent des mécaniques...
De plus, s’il y a du poisson comme tu le dis, ils n’ont aucun problème pour se nourrir. Ton embarcation agit comme un engin de concentration de poisson (DCP)... En pleine mer, un objet qui dérive ou même fixe, attire une multitude de petits poissons qui en attirent d’autres, et une chaîne alimentaire finit par se créer... C’est pour ça qu’ils restent avec toi !!!
Les autres poissons n’en ont pas peur car ils se sentent à l’abri le jour sous ta coque, mais par contre, les requins chassent la nuit, et là, ils se gavent !!!
Ne va pas gratter ta coque de nuit !!!
Voilà, et si ils approchent trop, tu leur mets un bon coup sur le nez et tchao !!!
J’espère que ton moral est bon...
Amicales salutations Marquisiennes
Xavier Pipap"
J139 - Un espace de liberté
C’est formidable la mer, c’est le dernier espace de liberté où tu peux balancer les bouteilles en plastique par la fenêtre et y’a pas un sociétaire de la "protection des trottoirs anti merdes de chien" pour t’emmerder... Il faut quand même un peu batir son sens des responsabilités... En guise de liberté, depuis plusieurs jours, je flotte et je fais un tour sur moi même, un looping... J’ai fait ça sur un rond point nigérien et mal m’en a pris... cette anecdote avait fait rire mes amis nigériens... J’ai travaillé à Niamey, la capitale du Niger pendant un an, en 1996, dans le quartier de Gamkalley et pour retourner en centre ville on devait longer le fleuve sur une route qui s’appelait : "la route de la corniche". Au bout de cette route il y avait le rond point fantastique... pas qu’il soit dangeureux mais pitoresque car il y avait toujours un poulet qui t’attendait avec ses lunettes-glace de policier américain sauf que lui il avait une mobylette.. En général, ils reconnaisaient les blancs, parce que tous les gens sur le bord disaient "Anassara, fofo", ce qui voulait dire "Bonjour, le blanc" et en plus on avait des plaques vertes d’immatriculation temporaire pour être repéré de loin... La première fois, je me pointe, et pof, il me siffle, prrruiiiit... je m’arrête un peu stressé, puisque c’était la première fois et qu’il représentait l’autorité, la vache, il m’immobilise le véhicule parce qu’entre la carte grise et le certificat d’assurance, il y avait 1 chiffre différent sur les 15 que compte le numéro de moteur... et j’ai fini par repartir une heure après avec mon amende...
Je repasse quelques jours plus tard : prrruiiiit, je m’arrête et il me dit :
- Vous avez grillé le Stop...
Je lui fais - Quel Stop ?...
et il me répond, pas géné du tout, - "Je sais, il n’y a plus le panneau mais avant, y’avait un Stop"...
je ne savais pas qu’il fallait en rire et je commence à m’énerver un peu, et je lui dit que clairement il se fout de ma gueule. Et il conclue en me disant :
- Nul n’est censé ignorer la loi...
Trop fort... pour la même infraction il avait répondu à Stéphane, mon collègue dentiste : - "C’est devenu un Stop de tradition orale"...
La fois d’après, j’arrive tranquille et je connaissais mal Niamey, alors je rate ma sortie et je fais un autre tour du fameux rond point : pruuuuiiit, je m’arrête et là, j’ai pris une amende pour "abus de bitume" parce que j’avais fait un tour de trop... et ouais, ya rien a dire sur l’océan c’est un espace de liberté, tu peux faire un tour pour rien comme moi en ce moment, tout le monde s’en fout... A Niamey, après, je ne m’arrêtais plus et par la suite on se saluait comme deux vieux complices - Vive l’océan, mais surtout, - Vive le Niger que j’adore.
J139 - Du Rhum arrangé, non merci
Mon pote Fred de Perpignan, ce sadique, me mettait l’eau à la bouche avec une bouteille de rhum qu’il venait de recevoir d’une patiente... je devenais dingue dans mon rafiot rien que d’y penser. Et puis je me rends compte que c’est une bouteille sans étiquette avec du Rhum et une gousse de vanille dedans... C’est dégueulasse ce truc, c’est du rhum arrangé, c’est sucré comme si tu mettais de la grenadine dans du pinard... ou de la sangria, beurk... Chacun y va de sa petite recette et toi, vu que c’est fait maison, t’es obligé de te l’enquiller... Non, j’aime l’alcool pur, je tolère un peu de jus de citron dans le rhum, mais c’est tout...
J140 - Quinquin est revenu
Au cours d’une accalmie, entre deux averses, le vent a basculé Sud Est 5 nds... et je voulais ramer un peu pour me dégourdir les pattes... Je remonte l’ancre flottante et au passage je vois Quinquin qu’est là... Merde ! il est chiant... Et je me dis qu’en reculant, j’ai dû retomber dans son territoire... Je remonte , je remonte, et un deuxième un peu plus gros passe à côté la barque : alors là ! bravo... Et finalement, quand l’ancre a été pratiquement hors de l’eau, suivait un banc d’au moins une centaine de
poissons... Je ne sais pas ce que c’est comme race de poiscail mais Quinquin et Quinquine ont l’air d’adorer... Je voulais plonger demain pour tout mettre à jour avant de redémarrer, eh bien j’ai moins envie, je gratterai avec les noeuds.
J141 - Nom d’une pipe, ça ne tourne pas
J’ai les yeux rivés sur ma biroute et elle ne tourne pas... elle est pinquée toute droite, plein Sud... J’essaye de l’encourager : "Aller vas y, incline toi un peu sur le côté", mais ça ne marche pas... Je suis trop pressé... On verra demain.
J141 - Encore un petit peu
C’est difficile de résister à "l’auto intoxication par une humeur néfaste survenant dans un espace clos après une longue période d’impuissance".
C’est la définition que donne Camus du ressentiment dans "L’homme révolté".
Ici, j’ai le double effet Kiss Cool, car je ne peux même pas changer de sujet.
Tout est engagé sur cette route, et il me faut avancer, ou attendre.
Dans notre vie sociale ou affective, le vent ne souffle pas toujours dans le bon sens et s’enclenche alors, le moteur de notre autodestruction : l’apitoiement sur nous même.
Pour moi ça va, j’ai vu le coup venir, et une semaine ce n’est rien...
Mais si je pouvais m’être définitivement débarrassé de ce sentiment morbide sans tomber dans un sentiment de majesté... J’espère seulement que ça ne signifie pas que je serai devenu sage, sinon, je sens que je vais me faire chier.
En tout cas, sur le Pacifique, le vent est tombé avant la bascule de la nuit prochaine, c’est chouette.
J142 - Ça tourne
Comme prévu, le vent tourne, et lundi matin (lundi soir pour vous), je devrais pouvoir reprendre la route...
J’ai essayé hier de lever l’ancre... Il y avait encore une centaine de poissons qui suivaient le parachute replié. Bonjour le garde-manger pour Quinquin.
Ça m’a fait du bien de ramer, mais j’avais un cap avec le vent légèrement contraire, donc j’ai fait peu de bornes. Mais surtout, je dérivais au Sud dès que je faisais une pause.
Je préfère patienter, car au Sud-Ouest il y a les îles Samoa, dont les150 km les plus à l’Ouest constituent une barrière infranchissable, et je dois garder un maximum de marge pour passer au Nord-Ouest dans quelques jours.
Je suis sage effectivement.
Je ne glisse pas très bien sur l’eau et je devrais plonger, mais les requins sont là.
Je vais donc gratter avec ma corde à noeud-noeuds qui servait jusqu’ici de bout pour l’ancre.
Je sais pourquoi on dit "les femmes et les enfants d’abord" parce qu’après, quand les hommes sautent, les requins n’ont plus faim.
J143 - Fête des morts
Aujourd’hui, c’est le Jour des Défunts... c’est bien de faire la fête en pensant à eux de temps en temps... Ferré dit dans une chanson "On avait mis les morts à table", voilà c’est cela, qu’ils viennent boire un coup..."jamais son trou dans l’eau n’se refermait, cent ans après coquin de sort, il manquait encore".
J144 - La mémoire et la mer
Je vous parlais de Ferré hier et bien en voilà du Ferré. Alors là ! les mots fendent la mer comme une étrave, c’est beau...
La mémoire et la mer
La marée, je l’ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l’arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j’en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre
Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l’écume
Cette bave des chevaux ras
Au raz des rocs qui se consument
Ö l’ange des plaisirs perdus
Ö rumeurs d’une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu’un chagrin de ma solitude
Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ö parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j’allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d’aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen
Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tans
Qu’on dirait l’Espagne livide
Dieux de granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s’immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu’on pressent
Quand on pressent l’entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D’où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles
Cette rumeur qui vient de là
Sous l’arc copain où je m’aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l’anathème
Comme l’ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S’en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C’est fini, la mer, c’est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d’infini...
Quand la mer bergère m’appelle
J148 - Alleluia
Le temps est superbe, le soleil est agréable, le vent plein Est 15 nds n’altère pas l’impression de beau temps et rafraichit l’atmosphère... J’ai trouvé des sachets de lyophilisés super bons que je ne connaissais pas (pâtes aux champignons et à la crème)... J’ai fait une nuit d’enfer en me réveillant complètement reposé... En 2 jours, tout a séché... et il me restait encore un roman d’Harrisson sur les 6 que j’avais au départ, "Nord Michigan" : je l’ai commencé et j’adore, encore une fois.
J149 - Mauvais temps
J’attends du mauvais temps et du zef défavorable à partir de lundi midi, heure de mézigue, et pour 3 jours au moins, ça va me retarder encore.
En prévision de ce binz, j’ai plongé pour vérifier que ça n’avait pas repoussé... Eh bien, du coté où j’avais pu gratter la dernière fois avant que Quinquin ne vienne me faire la bise , il n’y avait rien du tout, et ça fait plus de 2 semaines, et de l’autre coté, j’ai enlevé des touffes âgées composées de vieilles moules !...
C’est une bonne nouvelle car je pense n’être obligé de me baquer qu’une seule autre fois avant l’arrivée...
Sinon, je n’ai pas fait de rencontre insolite, mais je sentais une bonne petite pression, et je n’ai pas trainé dans la flotte.
J150 - Soif
Les nuages sont revenus avec de gros grains, et le vent tourne tranquillement... J’ai fait "la" sieste pendant 3 heures, le truc où tu pars pour la nuit et où tu n’arrives plus à te réveiller... Comme il y a peu de vent, c’était l’étuve dans la cabine et je baignais dans mon jus, assoiffé... Mais c’est reparti... Le dessalinisateur m’impressionne toujours autant. Quand je bois et que l’eau vient juste d’être filtrée, je suis émerveillé... Surtout quand j’ai très soif et que j’ai poireauté.
J150 - Un toulousain au Pérou
Gérard Sirech, compatriote pur jus, né à Toulouse, surnommé « Le khalife du Pérou » par Antonio Gwell du CNES qui est aussi partenaire de la traversée, est le boss de CLS Pérou.
CLS produit les balises Argos qui équipent mon rafiot et toute la flotte des bateaux de pêche au Pérou.
Gérard, donc, lorsqu’ il me filait un coup de main à Lima quand les zozos des douanes me tapaient sur le système, m’a raconté une histoire de dingue. Cette histoire, on peut la retrouver en archive sur le site de l’ORS (Ocean Rowing Society)...
Un Anglais avait décidé en 2004 de traverser le Pacifique Sud à la rame en partant de Callao, exactement comme je le fais... Gérard était au départ pour lui remettre les balises Argos de suivi, comme pour mézigue... puis il suivit son périple sur leurs ordinateurs avec les centaines de bateaux de pêche qu’ils équipent sur la côte péruvienne...
Notre ami anglais démarre, tout va bien... Il remonte la côte péruvienne, tout va bien... Puis il arrive près des Galápagos, et là, ça commence à merder... : il rate son virage et passe l’équateur, puis retourne vers les Galápagos où il va faire des cercles, exactement comme un ballon de baudruche qui se dégonfle pendant des mois...
Il sera récupéré au 129ème jour de mer, complètement déprimé, comme si moi, on m’avait récupéré il y a 15 jours aux Galápagos... Je crois que je ferais un peu la gueule...
C’est ça qui stressait Gérard au départ... Il me gueulait tout le temps sur les e-mails : « Tu remontes trop, arrête !! »…
Mais je suis passé et j’ai pris le virage.
Le 2ème problème qui le stressait, c’était que la pêche venait d’ouvrir... Et il me dit cette phrase qui va me poursuivre un moment et même me tendre le slip quand les bateaux de pêche, la nuit, vont me passer à ras des moustaches : "Je me méfie de certains qui sont tellement lourdauds, qu’ils attrapent trop de poissons dans leurs filets et font couler leur bateau... et j’ai peur qu’ils te ramassent dedans. Ha ha ha"... Oui, Gérard termine souvent ses phrases en se marrant, même si ce qu’il dit est sérieux, ça te laisse une porte de sortie. Mais j’y ai tellement pensé à ce cauchemar, que je me demandais : "Qu’est ce qu’il faut faire si ça arrive ? Sortir du bateau et tenter de m’extraire du filet ? ou rester enfermé dans la cabine en respirant tout doucement pour économiser l’air, en attendant qu’ils te remontent avec les thons sur le pont de leur épave, pour sortir en hurlant : COUCOU !"...Ça aurait fait une belle photo...
En tout cas, ce Gérard m’a appelé avant que je parte de Toulouse pour mon périple, quand j’ai reçu ma balise. Il m’a invité à bouffer de bonnes gamelles à Lima, arrosées de Pisco et de bon pinard. Il a balisé ma barque. On s’est bien marré...
Et depuis le départ, il m’appelle par téléphone tous les 15 jours avec sa ligne directe qui part dans les étoiles, pour m’apporter un peu plus de paix. Un toulousain au Pérou !
J151 - Poyot IV
J’ai eu de la visite hier soir... un piaf avec beaucoup de duvet... Il devait être jeune et je l’ai appelé Poyot the fourth... au début il était effrayé puis il s’est laissé approcher et je l’ai pris dans mes grosses paluches... il ne disait rien et il s’est attaché à moi tout de suite... il voulait rentrer dans la cabine et j’ai refusé car je ne suis pas un garde nid... Sauf que la suite est pathétique puisque que je me suis rendu compte qu’il avait du mal à voler... Faut dire que son atterrissage avait fait du bruit : Boum !!!! Je l’ai un peu poussé pour qu’il prenne son envol et il a sauté dans l’eau... c’était horrible, ce couillon battait des ailes pour remonter en se trempant les plumes... je me suis dit "Merde, il va se noyer, j’aurais du le garder"... et puis le bateau avançait très doucement il ne pouvait plus suivre en nageant et il s’est envolé... Ouf !!!, il ressemblait à un jeune égaré... Ce n’est pas Walt Dysney ici, c’est la sauvagerie pure, mais les animaux n’ont pas peur des humains... le plus flagrant, ce sont les poissons rayés noir et gris qui sont sous le bateau que j’élève depuis le début... ils sont grands maintenant (10 à 15 cm)... Et bien eux, quand je fais la vaisselle, ils se jètent sur la bouffe qui sort du bol et ils touchent ma main... Ils font pareil avec le seau, Beurk.
J152 - Histoire à dormir debout
"Elle est tellement tellement belle... Un paquebot géant, dans l’chambre à coucher"
De qui est cette chanson ?
Si vous trouvez, vous êtes forts... Je vous donne le titre : "Tu m’aimes tu ?".
Hier matin ,au lever du jour, un cargo est passé dans ma zone de détection et j’ai stressé car le jour se levait : on voyait mal et je n’apercevais que sa lumière arrière... En fait, c’était un petit cargo... un roquet...
Puis la journée fut pénible sous ancre flottante à rien foutre, avec des grains, de l’orage, et beaucoup de vents contraires renforcés par les grains...
Arrive l’heure du coucher du soleil : il faisait très très sombre, car un orage approchait ; mon feu de position s’était même allumé automatiquement depuis un bon moment...
Puis à nouveau cette satanée alarme de cargo : au plus mauvais moment, entre chien et loup, avec l’orage, et sous ancre...
Ensuite les alarmes sonnaient de façon de plus en plus rapprochée, mais je ne voyais pas la bête.
Je me dit : "C’est l’enfer, il est sous l’orage, et il va me sortir sous le nez...Dans 10 mn je suis sous la pluie, et on n’y verra plus à 10 mètres"... J’étais comme dirait l’autre, "pas très bien"... Mais ça faisait déjà une demi-heure depuis la première sonnerie, et d’après mon expérience, si je ne l’ai pas vu après ce délai, en général, il passe loin... Je sentais donc que je ne risquais quasiment plus rien...
Ensuite, les alarmes devenaient pressantes, et très rapprochées, mais toujours sans cargo...
Puis il s’est passé un truc incroyable : l’alarme s’est accélérée pour devenir extrêmement rapide, et puis plus rien... Comme pour l’impact d’un missile... J’y ai pensé... et là je me suis dit : "ça doit être un sous-marin, et vu que je suis à 150 bornes des Samoa Américaines, si c’est des américains, ils ne vont pas me descendre juste pour rigoler"...
Si si, je vous jure que je pensais ça...
Je n’étais pas bien du tout, et en regardant droit devant, vers l’Est, je vois, à 200-300 mètres, sortir de l’eau une énorme masse noire, qui retombe dans une éclaboussure en forme de geyser... puis je vois une queue de baleine qui plonge...
C’était dingue, je n’en pouvais plus...
Ça n’a rien à voir, mais c’est arrivé en même temps : j’étais impressionné et pas rassuré du tout car ça faisait beaucoup d’un coup, d’autant que j’ai appris qu’une baleine a déjà coulé un voilier au Cap Vert...
Je n’hallucinais pas, car elle a replongé 10 minutes plus tard mais complètement vers le Sud cette fois...
Tout était puissant : l’océan, l’orage, le cargo attendu, et cette baleine...
Je suis rentré dans la cabine en me disant : "c’était trop, j’ai eu vraiment la trouille"...
J’étais crevé à force de ne rien faire, et je me suis endormi tôt... Sauf que cette nuit, la foudre est tombée abraracourcix sur les Samoa et a à nouveau déclenché mon alarme...
Comme dit Romain, mon pote d’Amiens : "si tu voulais glander sur une chaise longue, t’avais qu’à aller au club Med".
Finalement, un orage c’est juste impressionnant, les cargos te voient avec leur radar, le risque de collision est très faible, et une baleine c’est banal par ici et plutôt placide...
Ton dos parfait comme un désert
Quand la tempête a passé sur nos corps
Un grain d’beauté où j’m’en vas boire
Moi j’reste là les yeux rouverts
Sur un mystère pendant que toi tu dors
Comme un trésor au fond de la mer
J’suis comme un scaphandre
Au milieu du désert
Qui voudrait comprendre
Avant d’manquer d’air
Y est midi moins quart
Et la femme de ménage
Est dans l’corridor
Pour briser les mirages
T’es tell’ment tell’ment tell’ment belle
Un cadeau d’la mort
Un envoi du ciel
J’en crois pas mon corps
Pour moi t’es une prisonnière
En permission qu’importe le partenaire
J’dois être le vrai portrait d’ton père
Une dare devil Nefertiti
Des sensations c’tu ta philosophie
D’aller coucher avec un homme t’haïs
Pour moi t’as dit à ta chum
" Checkc le gars ’ec des lunettes
M’as t’gager un rhum
Que j’y fixe le squelette "
Y est midi moins quart
Et la femme de ménage
Est là pis a fait rien qu’
Compter les naufrages
T’es tell’ment tell’ment tell’ment belle
Un paquebot géant
Dans ’chambre à coucher
Je suis l’océan qui veut toucher ton pied
J’pense que je l’ai j’t’ai sauvé’a vie
Dans queuqu’pays dans une vie antérieure
La fois j’t’ai dit " Va pas à Pompéi ! "
C’est quoi d’abord si c’est pas ça
C’t’à cause d’un gars qui t’a tordu le cœur
J’t’arrivé drett’avant qu’tu meures
C’pas pour mon argent
Ni pour ma beauté
Ni pour mon talent ...
Tu voulais-tu m’tuer
Y est midi tapant
Et la femme de ménage
A cogne en hurlant
" J’veux changer d’personnage "
T’es tell’ment tell’ment tell’ment belle
J’vas bénir la rue
J’vas brûler l’hôtel
Coudon ...
Tu m’aimes-tu
Tu m’aimes-tu
J153 - Ancre flottante
Voici l’ancre flottante que j’ai balancée par dessus bord une seule fois pendant quelques heures durant la traversée de l’Atlantique... Il ne faut surtout pas oublier de mettre une 2ème corde attachée sur le toit du parachute... sinon, pour la ramener : "macache bono"...
Celle que j’ai actuellement est plus grande et je l’ai laissée dans l’eau 9 jours...
J154 - Poyot the fourth is here
Le piaf que j’ai récupéré l’autre jour sur la barque fait du rase-motte à côté de moi tout le temps... Il s’éloigne et il revient... Je le reconnais bien, il est tout jeune mais alors quelle vigueur quand il vole...
Sinon, j’ai vu un gros requin qui n’est pas resté... J’ai eu l’impression qu’il avait la queue et les nageoires blanches avec un corps foncé... ça faisait peintre... Il faut que je pose cette question aux plongeurs.
En tout cas tous les poissons qui restent depuis quelques temps par dizaines autour du rafiot n’en menaient pas large... c’est pas comme avec mon quinquin... J’avais l’impression qu’ils se foutaient de sa gueule, ils n’en n’avaient pas peur... Mais d’après Xavier Pipap des Marquises, il se vengeait la nuit, et se gavait.
J155 - Requin peintre
J’ai revu le requin peintre avec ses nageoires et sa queue blanche. Je vais lui refiler un pot d’antifouling à s’connard, il va l’appliquer sous la coque en un coup de cuillère à pot... Parce que j’ai pas envie de descendre danser un slow avec lui, il a le sourire bien trop éclatant pour moi.
J156 - Samoas
Je vois l’île la plus occidentale des Samoas, c’est très émouvant de voir la terre après tout ce temps... Je dois encore faire face à du vent défavorable... Quelle bouse !!!
J157 - "Comment vous dire !"
Je suis en train de traverser le Pacifique entre l’Amérique du Sud et l’Australie. J’ai fait les 4 cinquièmes, et j’ai prévu une étape en Nouvelle Calédonie pour laisser passer la période cyclonique ... mais aussi parce que ça me fait plaisir... Seulement, depuis 3 semaines, le mauvais temps me joue des tours, et plus je vais aller vers l’ouest, plus les conditions vont être difficiles, avec du retard et un risque de cyclone élevé à partir de mi-décembre... tout ça à cause du phénomène la Niña : il est prévu une année exceptionnelle en cyclones...
Donc, sur les conseils d’experts, et sur les conseils de l’équipe à terre, je vais faire ma pause sur l’île de Wallis qui est à 350 km devant moi... Compte-tenu des conditions de vent compliquées, il me faudra probablement une bonne semaine pour y arriver...
Voilà, vous savez tout... En fait, je n’ai pas tellement le choix, et pour finir la deuxième étape jusqu’en Australie, au lieu de 3 semaines, il ne me faudra que 6 semaines, et dans des conditions plus sereines... c’est la seule différence technique.
Sinon c’est difficile d’annuler ce qui était prévu, en tout cas les potes viennent quand même, et on fera la fête pareille... et à Wallis, j’ai le plaisir d’avoir un contact, Thierry Bozon, qui organise en ce moment la sécurisation du passage du lagon et aussi mon premier repas à terre, et ma bière d’arrivée... initialement il devait tout m’amener en mer mais là, je vais les déguster tranquillement...
Le Pacifique est un lourdaud sympa qui m’a laissé passer jusque là, mais il a ses périodes, comme on dit... J’ai aperçu ce que ça donnait la semaine dernière, c’est rude et je vais m’abriter.
J157 - Le poulailler
Cette nuit, ils se sont battus pour avoir la meilleure place au balcon...
C’était théâtral...
Ils gueulaient, ils gueulaient...
Et moi je foutais des coups de balai dans le plafond, comme une vieille rombière en chemise de nuit que 2 jeunes mariés empêchent de dormir...
Ils sont trop nombreux pour que je leur donne des numéros, à ces poyots nocturnes...
Les 2 à l’arrière doivent être des mâles qui se battaient pour celle à l’avant ( elle avait un cri très aigu ).
C’est toujours la même histoire...
Vous connaissez "la théorie des grands mâles" ?
C’est Romain qui raconte ça... : ça dit que pendant que les grands mâles paradent et se battent pour la conquête des femelles, les petits mâles moches baisent les gonzesses, et se reproduisent...
C’est ça, "la théorie des grands mâles".
J158 - "Laissez moi vous dire quelque chose"
L’île de Wallis et son lagon
"laisse moi te dire un truc", si t’aimes mieux... je vais donc mettre à l’abri la barque dans une petite île de 20 km... je trouve finalement que ça a de l’allure... la grosse partie du Pacfique est traversée et tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça... je vais débuter une sorte de reportage en image... quelques trucs que j’ai en magasin dans mes caméras.. mais je commencerai par des images de Wallis car ça va être pour moi une vraie arrivée dans ce voyage, une échéance capitale... Parait qu’ils sont très sympas (je flagorne un peu)... parce qu’il ne faut pas croire que quand je vais mettre le pied à terre, dans une semaine, ce sera moins intense qu’à Nouméa... ça va être une explosion interne... sortir après tant de temps de cette inconfort et retrouver des humains, de la bière, de la viande... ça va être dingue... Il va manquer les proches de France dans le bateau qui sécurise l’arrivée, mais de toute façon avec le retard de ces dernières semaines j’allais les rater à Nouméa, alors que là, on va se voir quand même un peu après... Puis va commencer une vie dans le Pacifique Sud en attendant que le bassin descende en température... je finis les 3000 kms qui manquent et je rentre illico donc mi Mai, juste à la bonne saison pour les barbeuks... Il pleut chez vous, je reste au soleil. Le gros, il fait un tiers de la planête à cet endroit ce couillon, alors c’est dificile de viser juste pour être hors des périodes cycloniques. J’ai vu une tornade l’autre jour dont j’ai montré la photo, ça fait réfléchir, et réfléchir à glandouiller dans une île de rêve, c’est pas mal. Après l’étape jusqu’en Australie ou même la Papouasie Nouvelle Guinée (j’adorerais), alors seulement ce blog disparaitra dans le cyberspace et je me tairai à tout jamais.
J159 - "Ça se précise"
J’arrive, Dimanche, Lundi ou Mardi... C’est incroyable... Je commence à réaliser, après le coup de mou de ne pas redescendre sur la Nouvelle Calédonie... La joie d’arriver à Wallis est en train de tout envahir sauf qu’il pleut et qu’il y a de l’orage... C’est pour cela que la date est si peu précise. Rien n’est remis en cause. La pause cyclone se fait dans une autre île, et la traversée est quand même derrière moi. Ce qui restera à parcourir doit être préparé avec beaucoup de sérieux même si c’est court, mais imaginez que je n’ai plus à plonger pour gratter avec quinquin. Je vais faire une coque lisse comme une boule de billard avec un antifouling bourré de biocide pas écolo du tout, mais là je mettrai le paquet...
En attendant, musique !
J160 - Y a de l’orage
Un orage en mer, je te jure que c’est impressionnant, surtout que tu serres les fesses en espérant que la foudre ne te tombe pas dessus... Et chaque fois que ça tombe, l’alarme stridente des cargos se déclenche... C’est un moment super cool, ça fait ambiance Techno... Toum tsi toum tsi toum tsi toum tsi toum piiiiIIIIIITTT... C’est aussi efficace que les dragées Fuca et t’es peinard, y a personne dans les chiottes... J’en ressors lessivé... Faudrait vraiment pas avoir de bol pour que ça tombe sur toi en plein milieu de nulle part... Oui mais voilà, c’est ça le problème ici : les risques pour tézigues sont faibles, mais comme t’es tout seul, si ça arrive à quelqu’un, c’est ta pomme, et ça décuple bêtement le risque dans ta tête. A terre, je ne joue jamais au loto, car je ne mets pas d’espoir sur les très faibles chances... Pareil quand je monte dans un avion je n’ai pas peur.
En clair si tu crois que tu peux gagner au loto tu dois craindre de te crasher en avion... Mais avec un orage en mer, ça ne marche pas mon truc de ouf.
J161 - Ça recommence
Physalie
Je suis à nouveau bloqué par des vents défavorables et sous ancre flottante.
Je suis presque arrivé, et ça coince. C’est très ralant, si je puis dire.
L’eau qui est quand même calme est envahie par des physalies qui sont différentes de d’habitude, et sans filaments... Enfin, je n’en n’ai pas vu...
Elles n’ont pas la forme d’un ballon de baudruche comme celles que je voyais au Nord...
Il y en a une tous les 5 mètres c’est incroyable, et je me demande si celles-ci sont urticantes. La partie violette de la base ne m’inspire pas confiance. De toute façon, je ne plonge plus.
J162 - Quel temps
Il fait moche..., voire très moche..., et avec, tout à l’heure, une période de vents très forts pendant plusieurs heures... Par chance, le vent était passé Nord-Nord-Est, et
j’ai pu avancer un peu sur ma route... Je raconte un peu ces histoires de
mauvais temps et d’orage... En fait, je ne risque pas grand chose, et je me moque de
mes frousses qui sont quand même rares... C’est le coté disproportionné qui est risible ! En fait, ça va très bien. C’est juste moins sympa quand ça n’avance pas et qu’il pleut, mais ça laisse de bons souvenirs.
J162 - Fou perché
Cette nuit, y a un piaf genre "Fou" qui a élu perchoir sur le taud enroulé.
Il dormait avec la tête sous l’aile comme les poules de chez mémé...
Je l’ai dérangé un peu parce qu’un cargo rodait, et une vague a fini par le faire tomber.
Il m’a alors lancé un regard ! persuadé que c’était moi le fautif..., puis il a grimpé juste au dessus de ma tête sur la trappe ouverte...
Alors là non !
J’ai gueulé, et je l’ai poussé... eh bien il a refusé de bouger : il s’est retourné, a poussé un cri rauque horrible, et a essayé de me pincer avec son bec à la con...
"Ha, c’est comme ça que tu le prends ?", que je lui ai dit...
En plus, il m’avait foutu les ch’tons...
Je lui ai mis un coup de gaffe, dans sa gueule de perdreau...
C’est pas Walt Dysney ici, c’est la nature, faut la gagner sa place dans le pieu...
Sinon, je me suis lavé complet, mais complet, et j’ai voulu mettre le machin désodorisant en stick sous les aisselles...
Putain la vache, ça chlingue quand tu l’as pas senti depuis 6 mois : ça m’a foutu la nausée.
Il se passe encore plein des trucs... mais je sens qu’il va s’en passer, un gros, de truc.
A tout à l’heure.
J163 - La Frégate Prairial
Vous avez déjà eu un navire de guerre en mer qui vous arrive sous le nez... Vous vous dites que quand ils tirent ça doit déménager... Mais je vous assure que de voir 2 heures avant, un plongeur largué par un hélico qui vient t’amener de la bouffe dont tu rêves depuis des mois et discuter le bout de gras pour évaluer la situation en relation avec le commandement, ça secoue... La Marine Française n’a pas vocation à trimbaler les plaisanciers quand il ont du mal à arriver à bon port... Seulement le mauvais temps et ma dérive devenait inquiétante, et je pouvais me retrouver dans quelques temps dans la même situation et en danger : ils sécurisent donc mon arrivée en me remorquant sur les derniers milles... Le commandant Pitrat a attendu, avant de décider ce remorquage, de constater que personne, avec ce mauvais temps, ne pourrait s’éloigner des côtes pour le coup de pouce libérateur...Mais quel accueil... Remarque que le moindre sourire est un accueil pour celui qui n’en a pas vu depuis longtemps... Et la mise en condition de remorquage... là, t’es plus en train de faire le couillon avec ton Sévilor Jaune et ton Bob... : le bateau de 93 mètres, 2600 tonnes, la nuit, à 20 mètres de mon radeau avec le vent et la houle, impressionnants les pros, tout au millimètre... Et les mecs de quart, la nuit, qui surveillent la barque à l’arrière pour pas qu’elle se fasse la valise, et qui te racontent un peu quand ça bastonne...
Demain Wallis.
J164 - Message par SMS
Il est midi, le bateau de la Marine m’a largué et des Wallisiens m’ont pris en remorque. On rentre dans le lagon, c’est Magnifique...
J164 - Message de l’équipe à terre
Serge est arrivé à Wallis. Il partage des moments simples de bonheur autour d’une table, d’une bouteille, d’un verre. Il est juste heureux !
Il pense déjà à repartir après la période cyclonique pour rejoindre l’Australie... Génial
C’est cool ici
C’est la vue de la terrasse... Je dois vous dire qu’il y a des retours sur terre plus difficiles... J’encaisse bien les kilos debidoche et les litres de bière.
(Pause : période cyclones) J’y suis, j’y reste
La frégate Prairial de la marine nationale m’a donc remorqué sur 70 milles, me sortant d’une trappe dont je ne sais si elle se serait réouverte...
C’est d’ailleurs ce danger potentiel qui a motivé se déhallage...
Ils m’ont ensuite laissé proche de Wallis...
De voir ce gros bateau et ses 94 membres d’équipage me sonner 3 coups, m’a secoué les tripes...
J’ai ensuite pu ramer vers les passes... 2 bateaux sont arrivés, celui de Jean-Claude, avec l’équipe d’RFO, et celui de Thierry, avec des potes à lui...
Ils m’ont remorqué dans les passes, puis déposé sur un îlot pour déguster une bière...
Je commençais à être un peu beurré puisque j’en avais déjà bu 2 dans la barque depuis la jonction...
On a repris la route vers un petit port de mouillage et de mise à l’eau...
Ensuite, tout s’enchaine à terre, avec l’hospitalité wallisienne, mes tomates à la vinaigrette, sortir le bateau, le mettre en sécurité, puis le déposer sur des pneus.... 800 kg, 8 Wallisiens... Trop balaise....
Ensuite, dans la journée, je suis de plus en plus à l’ouest...
La fatigue, l’ivresse d’être arrivé et de fêter ça en buvant des coups...
Un gramme dans chaque bras, le pied total...
Merci à tous ceux qui ont oeuvré pour faire de cette longue balade un beau périple...
Je reste dans le Pacifique Sud, je laisse passer cette saison menaçante, et je
repars....
Demain, je vais envoyer quelques images de la Frégate en action...
Quinquin
C’est un de mes Quinquins, il est petit, vous allez vous foutre de ma gueule...
(Pause : période cyclones) Je ne touche pas terre
Je me balade tout le temps... Demain, je vais avoir plus de temps pour mettre quelques vidéos en ligne et décrire la vie ici. L'accueil à Wallis est incroyable... C'est le paradis.
(Pause : période cyclones) Remorquage
J'ai été remorqué par le Prairial, une Frégate de la Marine Nationale sur quelques dizaines de milles pour me sortir d'une ornière de très mauvais temps. Encore merci au Commandant Pitrat et à tout l'équipage.
(Pause : période cyclones) Futuna
En boite de nuit, ya des périodes de musique traditionnelle et hier soir les futuniens ont occupé la piste pendant quelques morceaux... C'est impressionnant.
Bateau pneumatique
Depuis le premier jour à Wallis, le bateau à été sécurisé et déposé sur des pneus au centre de reception par satellite des télécoms que dirige Jacques Pambrun, un de mes hôtes (Trop sympa). Il était sur la flotte avec son rafiau à moteur pour m’accueillir... Je commence à bosser un peu pour le reconditionner avant le nouveau départ d’Avril... En fait il n’y a rien à faire et c’est rassurant quant à la préparation faite à Toulouse... J’ai traité au biocide le dessalinisateur pour protéger la membrane de filtration du développement bactérien... J’ai sorti la bouffe pour la stocker au frais... je fais un inventaire un peu fastidieux... Ensuite, quand je reviendrai, je n’aurai plus qu’à passer une couche d’antifouling... je vais en choisir un pas écolo du tout avec plein de biocide dedans, mais tant pis, je ne veux plus plonger.
La vie rêvée des anges.
Ha la vache ! rien n’a changé... tu crois que c’est bon... Que les embouteillages vont te faire marrer... Que la vie n’est qu’un tissu d’amicalité sans tension... Que tu peux bouffer comme un cochon sans grossir et picoler sans avoir la coupe rose sur les pomettes... Et que plus jamais tu ne feras la queue au supermarché..
Le supermarché, c’est le test absolu... le belle ivresse... le chariot... le gosse qui se roule par terre... le ticket au poisson... la bouteille de pinard que tu choisis en fonction du prix et que tu te dis que plus elle est chère, plus elle est bonne... la caisse... Tu pousses le chariot plein jusqu’à la bagnole... Et même que tu vas perdre encore 5 minutes de ta vie précieuse pour récupérer l’euro dans la fente... Mais je me sens bien quand même, c’est trop cool le plancher des grosses vaches.
(Pause : période cyclones) Et après ?
Je réfléchis au rythme des messages sur ce site. Depuis l'arrivée tout va tellement vite... Je suis arrivé en Nouvelle Calédonie où j'ai recommencé à travailler et ça me fait du bien de retrouver la relation très neutre du travail... je vais donc à partir de la semaine prochaine écrire un message par semaine, le mercredi, et je reprendrai un message quotidien dès que je serai revenu à Wallis avant le départ en Mars-Avril... Je réfléchis au trajet jusqu'en Australie, et peut être que je m'arrêterai aux Salomons ou en Papouasie ou en en Australie... et pourquoi pas en Nouvelle Calédonie... J'ai fait le plein de Rhum et mon organisme à besoin de mer...
Arsène Lupin
Je viens d’apprendre un truc fendard... Les braqueurs de maison en Nouvelle Calédonie chient dans la salle à manger en plein milieu avant de partir, pour laisser une carte de visite comme Arsène Lupin... c’est trop la classe !
Enfin des gentlemen cambrioleurs... parce que je vais te dire que quand y’a pas de message, c’est trop nul... tu te sens tout seul dans le monde... Je n’ai pas de photo pour illustrer et tu sais bien, lecteur, que je ne veux pas truquer en faisant des photos montages... Y’a que de l’authentique sur ce site.
Vania Ultra
C’est un peu ça que je n’avais pas envie de rencontrer... Pour l’instant ça va, cette dépression "Vania" fait joujou en balançant de l’eau mais pas trop de vent.
(Pause : période cyclones) Et maintenant, ça souffle.
On est en Arlette Rouge, c'est la commune.
Je regarde passer les dépressions
J’attends...
Depuis 2 semaines, je regarde passer les dépressions... On sent que les liens entre les gens se resserrent autour des éléments déchainés et des alertes rouges, jaunes, vertes, grises, oranges... j’ai même entendu à la radio, l’interview d’un élu du Nord de la Nouvelle Calédonie qui était déçu qu’il ne se passe rien vers chez lui... Alors que le Sud, héroique, se faisait secouer les puces par Vania... Mais vraiment déçu.. il ne pouvais pas le cacher... comme si de ne pas pouvoir sauver ses administrés lui faisait perdre de sa légitimité... Moi, ça me fait le même effet quand je vois un film sur la résistance, et que je me sens couillon dans mes pantoufles sans jamais avoir la possibilité de prouver que j’aurais été brave... Font chier les allemands... ils sont devenus sympas, écolos, socio-démocrates... Tout est perdu si on n’a plus les cyclones des années 40... le monde avait quand même de la gueule avec tous ces méchants...
Never complain, never explain.
Je dois confesser que la devise qui me plait le plus vient d’une femme. (trop les boules)...
- "Ose tout... n’aie besoin de rien" de Lou Andréas Salomé
Mais je n’ai toujours pas réglé la contradiction avec le dialogue du film "Les tontons flingueurs" qui est la devise de ma soeur, la Nini.
-"Les cons, ça ose tout et c’est même à ça qu’on les reconnait"
Je viens d’en découvrir une deuxième franchement aussi fortiche. (Arrrrgh ! encore une femelle... et en english)
- "Never complain, never explain" d’Hélène Carrère d’Encausse
(Pause : période cyclones) Barquasse
Théo, Poyot et Mézigues sur la photo, on plie les gaules...
C'est sympa de se balader sur un tronc creusé à l'ancienne... Ces barques à voile datent d'une période où les Khuniés (habitants de l'île des Pins) mangeaient leurs prisonniers... Quand ils rentraient sur leur île après leurs balades guerrières et qu'ils ramenaient des prisonniers sur ces pirogues... c'était pour les bouffer...
Maintenant, ce n'est plus pareil... Personne ne mange plus personne sur cette île... C'est mieux pour le commerce...
Les vrais marins
Ils sortent en hiver quand ça bastone... Chapeau bas !
No complain
Photo : Annick Blusson
Laissez ce pêcheur participer à la course de l’America... Il a l’air cool, et il ne fera pas de procès s’il perd la théière en argent.
No complain...
(Pause : période cyclones) "Yasi" agite la mer.
C'est un peu le bordel sur l'eau en ce moment. Mercator Océan me donnera le top départ fin Avril quand la température du bassin sera moins chaude... quand je dis "le bassin", j'veux dire "la mer de Corail"... enfin j'me comprends !
Anne Quéméré va partir... Attention au départ !
Dans 16 jours, Anne va traverser le Pacifique jusqu’en Polynésie en partant de Lima... http://pacific-solo.com/ avec son Kite Boat... Elle a la pêche et la moelle de s’embarquer sur ce rafiau tiré par une aile de Kite.Son blog va être passionnant comme chaque fois qu’elle part en mer.
Encore quelques bourrasques et je me balade.
Je vais repartir bientôt dans ma cabane flottante grande comme un chiotte et j’en rêve... J’aime les tempêtes quand je suis à l’abri dans un port... et pour l’instant, je dois faire allégeance au rythme de la nature, au ciel, à l’eau, au soleil et à la nuit... mais le Pacifique va bientôt se calmer. C’est chouette l’océan car t’es pas obligé d’embrasser à genoux, des bagouzes princières pour te balader... faut juste attendre que Neptune ne soit plus en rut...
En partant de Wallis, dans quelques semaines, Il y aura une différence très réjouissante avec le départ de Lima... Le rafiau est au port, prêt au départ... aucun stress de douane ni de transport et pas de lardus pour les papelards... Je peins le bide de la barque... je recharge le fond de cale avec un peu de bouffe et d’pinard et vogue amigos ! J’ai beaucoup de chance.
(Pause : période cyclones) Il était beau... mon peintre...
Ché pas si vous vous rappelez dl'anecdote, mais pendant que j'étais en mer, j'ai rencontré un "requin peintre"... en fait, ce couillon s'est foutu de la peinture plein les paluches en repeignant sa cuisine... Parce que chez les requins... y'a qu'une pièce, et c'est la cuisine...
Son nom scientifique est "Longimanus". intuitivement, je le traduirais par "longue main".
Cette vidéo a été réalisée par l'équipe d'Equinoxe Center qui plonge avec m'sieur Molière qui se fait lécher les pieds pendant qu'il matait un autre requin ... Franchement, je n'ai pas eu la moelle de me baigner pour gratter la coque pendant les quelques jours durant lesquels, il rodait dans le secteur.
Ils sont lourds les cyclowns.
Ya encore des cyclones...
ici, en Nouvel Calédonie, on a des cyclopes jusqu’en Mai avec un neunoeil en plein dans le mile...
Mais ya aussi des cyclowns partout dans le monde...
Moi, je dis qu’c’est les lybiens qui ont fait péter la centrale nucléaire avec l’accord des japonais qui vont avoir des poissons plus gros et des sushis fluos.
Avec une conviction comme ça, je suis prêt pour me présenter aux élections. Mais à la place, je vais partir sur l’océan et me laisser bercer sans info, comme quand on était des primitifs et qu’on ignorait de ce qui se passait chez les autres.
à l’Ouest des Vanuatus, commence la "Mer de Corail". C’est une bonne nouvelle puisque c’est peut être une solution confortable. Car en passant cette limite, il y a encore beaucoup d’îles et je risque de gacher cette belle balade en posant la coque sur les rochers. Si je peux rester très au Sud, et passer entre Efate et Erromango, ce serait l’idéal.
Donc le Pacifique Sud sera traversé en passant la longitude des Vanuatus ("New Hebrydes islands" dans le texte officiel)
Dites donc Monsieur Cadsburry ! Vous pourriez pas les faire un petit peu plus grandes, les légendes.
(Pause : période cyclones) Pacifique Sud
Il n'en manquait pas beaucoup pour finir de traverser ce "gros Pacifique" et "tout arrive à qui sait attendre"...
cette expression est sympa également, mais il faut rajouter : "mais pas les pieds dans le même sabot", sinon tu deviens un boulet.
Message pour les enfants des écoles.
Le père Deleuze dit un truc important sur la signification de la "volonté de puissance" décrite par Nietzsche...
Il dit : "La volonté de puissance ne consiste pas à convoiter ni même à prendre, mais à créer, et à donner. La puissance, comme volonté de puissance, n’est pas ce que la volonté veut, mais "ce qui veut" dans la volonté".
Autrement dit par mézigue : c’est un peu le "gout des choses", " la force vitale", "Ce qui te met sur l’eau".
Mais va savoir ce qui stimule ce goût des choses !!
Voici la pointe la plus au Sud de la Nouvelle Calédonie.
Il s’agit d’un banc de sable au Sud de l’île des pins qui s’appelle Nokanhui...
Il y a là, une ambiance de bout du monde...
Un rêve d’ailleurs qui soule...
Une vie légère espérée et délestée de tes vielles dettes...
Un endroit où tu t’emmerdes en 10 minutes mais qui te dit que tout est possible...
Tu rentres de là, persuadé que tu vas partir pour toujours et tu ne le feras pas...
Cet endroit chiant et sans vie compose désormais un bout de ton goût pour la liberté...
Enfin, tout ça pour dire que je devais arriver à Nukanhui et le mauvais temps de Novembre en a décidé autrement...
mais qu’à cela ne tienne, je repars le 29 Mai de Wallis pour finir de traverser cet Océan Pacifique.
J-21 avant de repartir.
21 jours avant la fin de la période cyclonique !
Ben, ça fait pas beaucoup.
Je reprends l’avion pour Wallis le Samedi 14 Mai (dans 7 jours)... Puis je vais avoir du boulot pour nettoyer l’intérieur de la barque... car j’ai fait une grosse boulette... J’ai laissé entre ouverte la trappe de la cabine avant de partir en Décembre et elle s’est remplie de flotte... donc, ya plein de machins qui ont pourri... Jacques et Atonio, les anges gardiens qui prennent soin du bateau à "France Câble" à Wallis, en ont plus ramassé avec le nez qu’avec une pelle, en débarrassant le matos que j’avais laissé à bord... quel couillon, je suis !!!
Je vais arriver avec du vin, car c’est comme ça qu’on remercie le mieux...
J’remet le portrait de Wallis et d’son lagon qu’Anne et Lolive avait mis sur le site mi Novembre.
Wallis, vu du ciel... Il y a quelques trous dans le lagon qui laissent des passages avec la haute mer... Ce sont des passes... on rentre et on sort par là.
Je voulais te dire un truc.
Je voulais te dire un truc.
Il y a une question difficile que l’on me pose souvent :
"Mais pourquoi tu fais ça ?"
et moi je suis malin car je réponds ce qui me passe par la tête, et un truc différent à chaque fois...
Or machin a dit : "La connaissance tue l’action, pour agir, il faut être obnubilé par l’illusion" ( F Nietzschte, la naissance de la tragédie)
C’est ça le truc... répondre à cette question dénature ton illusion... tu n’en sais rien... car La réalité en mer est frustre et ennuyeuse mais l’illusion est démente... la première fois, c’est un enfantillage initiatique au cours duquel tu confrontes le réel à ton rêve et ça reste un rêve... la fois suivante, c’est plus réel, et ça laisse des souvenirs incroyables...
Là, c’est France Câble Wallis
ça c’est l’image du bateau à Wallis sur ses pneus à France Câble (Partenaire du projet)... Jacques et Atonio ont du rentrer à l’intérieur pour pomper la flotte... ça sentait un peu la vase, je crois...
(Pause : période cyclones) Voici le vent sur le trajet
Depuis plusieurs semaines, le vent sur mon futur trajet est faible vers la Nouvelle Calédonie... Mais surtout, il est dans la bonne direction.
Le cercle rouge entoure l'île de Wallis et à gauche le la carte commence les Vanuatus
Ils rament depuis toujours à Wallis
On a un peu de mal à se figurer que les ancêtres des Wallisiens ne sont pas arrivés en avion sur l’île de Wallis, ni à pieds, ni en hélico, ni à la nage, ni en skidou... Tu t’imagines, toi ? ramer sans savoir où tu vas... en attendant de t’échouer sur une terre qui dépasse... n’importe laquelle... et puis de rester là, parce que tu n’as pas le choix... et d’ailleurs, tu n’as tellement pas le choix que ça ne te vient même pas à l’idée de repartir en arrière... Ne souhaiter que ce qui est accessible est un autre bout de ta liberté...
La passe
Dans 8 jours, je sors par cette passe au Sud de Wallis...
Je crois qu’un peu de monde va m’accompagner sur l’eau. D’abord, parce que c’est impossible de sortir à la rame sans me prendre du corail en pleine poire et puis c’est plus sympa...
Je suis très content de repartir pour quelques semaines...
Hé !... pas d’infos !!! ... plus que du vent, des vagues, des poiscailles et des piaffes...
Photo : sailrover
(J-6) Le matin, au lever.
C’est un palmier "machin", très majestueux.
Franchement, y’a d’ces arbres ici !
C’est un PANDANUS. Cet arbre balance des racines dans le sol qui partent du tronc... Un truc de malade.
Coucher du soleil de ce soir.
(Pause : période cyclones) ça prend tournure.
On vient de virer l'engrais à Anatifes qui m'a obligé à plonger tout le long de la balade.
je suis prêt !!!
Lolive, y m’dit "t’es chiant, tu pourrais sourire"... Sauf que moi, je fais parti de ceux qui ont l’air de pondre un oeuf quand il force un sourire.
Il est 6h30 du matin... On met à l’eau à 8h00 (22h00 pour vous) puis je suis remorqué jusqu’à Vakala, le centre Nautique qui me file un coup de paluche depuis que je suis là... ensuite je serai tracté jusqu’à la passe Sud à 13h30 (3h30 pour vous)... puis je serai largué en pleine mer vers 15-16h00... (5-6 heures)... je vais essayer d’envoyer des SMS pendant le remorquage... je dis ça mais dans l’action, c’est plus délicat...
Je m’en tiens une de ces couches
Il pue bien c’tantifouling... il doit bien cramer les moules
J 166 (J165+1) : Départ
C’était dingue cette fiesta sur l’eau avec tous les bateaux...Il faisait beau et tout le monde souriait...
Maintenant, il fait nuit. Le vent fait OUUUUUUUHHH, et j’ai la gerbe... Le premier vomi est initiatique...
Mais ça va passer et je vais rentrer dans la balade...
Merci à tous ceux qui m’ont aidé à partir et à repartir... je vous embarque.
Le jour du départ est arrivé
Le temps était magnifique avec un alizé d’est. Il a été accueilli par une foule conquise à sa cause.
A 14h30, il a quitté la base nautique de Vakala tiré par un bateau à moteur.
Le remorquage (Photo T. Bozon)
Les bateaux à moteur
Il était accompagné de plusieurs bateaux à moteur. (message de l’équipe à terre)
(Photo T. Bozon)
Avec les Wallisiens
Les rameurs wallisiens étaient de la partie. (message de l’équipe à terre)
(Photo T. Bozon)
Avec les catamarans
Les catamarans (hobbie 16) étaient de sortie. (message de l’équipe à terre)
(Photo T. Bozon)
Emotion du départ
Après 1h30 de remorquage, il a passé la passe d’avatolu qui se situe à l’ouest, puis il a largué les amarres au milieu des applaudissements de ceux qui l’ont accompagné.
C’est le coeur serré mais serein que tous le laissent partir. (message de l’équipe à terre)
(Photo T. Bozon)
J 167 (J165+2)Première nuit en mer
Cette nuit j’ai dormi tout le temps...
J’ai cuvé les litres de pinard que j’ai avalé ces derniers temps...C’était une pause..J’ai quand même ramé tard dans la soirée, parcequ’à l’intérieur de la cabine, ça sent un truc pas bon que mon estomac n’aime pas....En plus y’a pas de vent et la mer est hachiée. Mais c’est cool d’être là !
J 168 (J165+3) La joie est une posture
D’habitude quand je pars en mer et que ça secoue, je ne suis pas bien pendant 3 jours, et là, je n’ai passé qu’une soirée avec la nausée...
Sinon, après un départ joyeux en fanfare, dimanche, avec plein de bateaux sur l’eau et des habitants qui faisaient coucou sur la rive, j’ai commencé cette traversée par
une nuit en mer... Hop là, direct dans le bain...
Il fait beau... je viens de manger un bout de fromage... Le vent est sympa, d’Est 15 nd...
La solitude, n’en parlons plus, jamais on a autant pensé à un gugus que lorsqu’il est en mer.
"La joie est une posture" Mère Denis...
J 185 (J165+20) L’amour et le permis à points : 2ème chat pitre
Ben voilà... J’étais en train d’écrire un message sur la pétole actuelle, mais vu que c’est calme et que je suis tout seul dans ma barque comme le soldat inconnu sous son Arc, je me suis mis à penser à cause du truc de l’autre jour sur les haleines de phoques au saut d’Ulysse et je me demandais, si le sentiment amoureux était un permis à points…
Tu remarques tout de suite que j’en parle au singulier... Je suis dans le commun à tous, le patrimoine : "Le sentiment amoureux"...
C’est un peu trivial de le résumer à un permis, mais si l’on considère que l’ivresse amoureuse est la somme des grâces et des disgrâces qui viennent chatouiller un schéma préétabli dans notre cervelle par Walt Disney et un peu d’éducation, et bien, la part des disgrâces peut conférer au permis à points… Et moi, je vais t’expliquer comment tu peux éviter de perdre bêtement tous tes points …
Attention, y’a une grosse tension dans ce message, car c’est ta vie que je raconte…
La journée type commence le matin au réveil, et là je ne te refais pas le coup du Crottin de Chavignol qui était resté coincé entre tes ratiches... non, c’est fini... t’y as laissé 2 points !... Tu te lèves, tu vas pisser et tu vises la flaque au fond de l’émail pour montrer que t’es une bête...
Elle s’est réveillée avant toi et tu la retrouves au café… et là, pas de bol… elle est muette au sot du lit… Console toi… au début, c’est lourdingue qu’elle ne dise rien, mais la volubile au p’tit dèj va vite te gonfler…
Bon ! tout est en place pour la boulette… c’est parti…. :
- tu fais la gueule ou quoi ?
Là mon vieux, c’est vicelard, t’as pas d’humour... ça serait drôle si y’avait un spectateur, mais t’es tout seul…
Et puis pas de blague du genre :
- Dis donc mon lapin, sympa ton gel douche à la crevette !
Celle là, tu ne l’as pas faite au pieu, alors t’évites en bouffant… Du léger que du léger… Chacun a le droit à son intimité dans cette promiscuité... elle ne l’aura que si toi tu as un peu de retenue... T’es trop nul, c’est encore 2 points... si ça ne tenait qu’à moi, j’enlèverais 1 point pour le "Mon lapin"... quelle horreur !... mais elles aiment bien, ça mange pas de point... Il ne reste que 8 points sur le permis et la journée ne fait que commencer...
3ème chat pitre : "Les oeillades à la bimbo de la table d’à coté" coming soon...
J 169 (J165+4) Mésajinezeboteul
Le 25 Novembre 2010, il a fallu que j’arrête cette longue balade à cause du mauvais temps, et celui qui m’était promis vers les Vanuatus, dans cette année El Nina, ne m’encourageait pas à poursuivre...
Ouais, j’avais une grosse trouille ! L’arrivée à Wallis pour cette première étape était dingue, heureuse, mais il me restait un gout d’inachevé...
Et voilà, je suis reparti ! Wallis m’a remis à l’eau avec une grosse fête.Quel accueil ! Je n’oublie pas non plus le formidable accueil au Pérou, en Métropole et en Nouvelle Calédonie...
Entre temps, j’ai étudié de très près la carte du Pacifique Sud, or la limite Ouest se situe au niveau des Vanuatus (après, c’est la mer de Corail) et ça change tout, car je peux m’arrêter là, si je veux, et j’aurais le sentiment du devoir accompli...
Si une fenêtre météo s’ouvre vers la Nouvelle Calédonie je tenterai de la rejoindre à la rame, sinon ce sera la dernière pierre de cette route...
Il faut savoir que derrière la Nouvelle Calédonie et les Vanuatus, il y a d’abord un gros traffic de cargos et une barrière de Corail très loin de la côte Australienne, difficile à négocier...
Papa Tango Charlie
FCR Wallis et Futuna
Suliano, Maleco, Bilel (devant), Jean Claude (derrière), Jacques, Pasikate....
Atonio, mézigues
Voici l’équipe de FCR Wallis et Futuna (Fédération de Culturisme Russe à Wallis
et Futuna). Ils m’ont filé un sacré coup de paluche pour remettre la barque au
départ... c’est Atonio, (qui a une photo à part avec mézigues) qui a fait le
plus gros... j’veux dire "du travail".
Mais ils sont où ?
Merde alors, ya pas de poiscailles autour de la barque...
C’est vrai que je glisse comme un pet sur une toile cirée avec c’t’antifouling de Seigneurie...
Mais comme y’a plus de coque qui pousse sur la moule (ou l’inverse, j’sais plus), et ben ya pas de chaîne alimentaire qui se crée, et pas de poissons pour se fendre la gueule quand ils se font gober par des plus gros... et je ne vois pas non plus de poissons à ailes... les avions renifleurs qui se baquent dans mon pot de chambre la nuit... et donc pas non plus d’oiseaux bouffeurs de ces espèces de libélulles...
Alors, je veux bien ne plus plonger, je veux bien glisser comme une savonette, je veux bien être poussé droit dans l’dos par des alizés... mais je veux me fendre la gueule !
Alors vous revenez ! ! ! !
J 170 (J165+5) Ayé, ils sont revenus
Il faut gueuler parfois... ça marche... puisqu’il y a plein de poissons aujourd’hui.. Oh ! puis des gros !...
D’abord 2 zispices de gros dauphins avec un énorme éperon... puis plus tard, le saut d’un autobus qui ressemblait à un Néspadon... puis, plein de petits poissons à la con qui font n’importe quoi... Je crois qu’ils se secouent pour faire comme les gros...
Et là... à c’t’instant du message, je te recase "la théorie des grands mâles" qui dit "que pendant que les grands mâles paradent et se battent, les petits chétifs baisent les femelles et se reproduisent"...
Alors, pas la peine de faire les gros...
Sinon, today, il y avait un vent faible plein Nord avec un courant contraire... Je n’avance pas beaucoup parce que j’ai ramé vers le Nord... Je crains énormément le courant plein Est de 0,5 nd visible sur la carte Mercator à partir de 14,5°S et bien présent vers 15°S... Si je me fais embarquer la dedans, je ferai moins le malin... Alors je rame vers le Nord en attendant que le zef me refile un coup de main.
J 171 (J165+6) Transition
J’ai l’impression d’être retourné 6 mois en arrière, quand je galérais les
derniers jours, avant l’arrivée sur Wallis...
Le vent s’est mis en position Nord me poussant vers le courant Est au dessus des Fidjis... et puis de la pluie et puis du vent d’Ouest qui m’a fait reculer...
Mais ça va bien, il fait bon et j’adore mes croquettes matinales chocolat-caramel.
Erratum
Je me suis trompé en décrivant le poisson... ce n’est pas un éperon que je
devais écrire mais un aileron, long et pointu...
Sinon je vois beaucoup de thons qui sautent... Imaginez seulement la quantité de thons qui est pêchée tous les ans dans le monde... il y en a partout ; au marché, au resto, en boite, en miettes... Leur chaire est l’une des meilleures...
Quelle belle bête ! On dirait un obus...
Sur l’eau je fais le yoyo Nord-Sud et je patiente et l’océan s’est transformé
en lac... Pas de vent... Pas une frisure sur l’eau et dans la cabine, ça
cuit !
Marlin l’enchanteur
Lui, quand je l’ai vu, je me suis dit : "Je vais essayer de le pêcher, ça fera une super prise", et puis je me suis repris, car Machin, c’est le genre à pas se laisser faire.
Number one, il va bouziller ma ligne qui résiste aux maqueraux...
Deuzio, même si j’avais un fil d’acier, avant d’en faire un steack, il va se passer des plombes...
Et puis après ? Je l’attache le long de la barque avec les requins qui vont me laisser que la grosse arrête du milieu comme dans "le vieil homme et la mer"... alors Machin, je l’ai juste filmé avec ma caméra amphibie.
J 172 (J165+7) "Le choigt dans la datte"
Regarde bien !
A 180°W de longitude, la date va changer (d’ailleurs, le décompte se fera à l’envers 180E, 179E,178E...). En fait, en passant cette ligne d’Est en Ouest en 1 seconde, tu sautes une journée... Enfin, je veux dire que la prochaine ne s’écoulera pas... Enfin, j’me comprends...
Mais voilà !!! Si mon rêve, en Novembre, en m’approchant de cette ligne, était de faire sauter le jour de mon anniversaire et du même coup, de ne pas veillir d’un an... en arrivant sur l’île de Wallis, qui est pourtant avant la ligne de changement de date, mais qui s’est callée sur le jour de Nouméa pour une question pratique, j’avais déjà mangé cette journée... et ce fut avec un plaisir immense... car le Samedi 20 Novembre, j’en ramassais plein la poire sur l’eau... 35 nd de vent du Nord... de la pluie, des orages, un gros stress puisque je rentrais dans la période cyclonique et que tous les voyants étaient au vert pour la fessée...
La Frégate "Prairial" se trouvait en démonstration le week-end à Wallis... Or elle devait repartir le Lundi, et les 2 Thierry, Bozon et Beauvillain, s’activaient comme des lions pour transmettre au Pacha du navire, l’envie de faire un petit crochet et de me remorquer... car même proche de Wallis, avec ce vent, je ratais le paradis..
Samedi ! et le seul bateau capable de sortir en mer dans ces conditons et de venir me remorquer, même un petit peu, ne partait que le lundi...
En une fraction de seconde, j’ai réalisé que nous n’étions plus samedi mais dimanche (heure de Wallis) et que la journée difficile du lendemain, que je m’apprêtais à vivre, venait de sauter... Enfin, j’veux dire qu’elle ne s’écoulerait pas...
Joyeux anniversaire !
Météostrategy
Pascal Landuré a fait un point météo pour le parcours à venir... C’est lui qui a suivi toute la traversée avec Pascal Donnart, mais aussi JF Bonnin et leur équipe.
L’affaire ne se présente pas trop mal.
Évidemment, il y a ce courant sur les cartes Mercator d’environ 1 nds dans le nez plus au Sud de ta position ! Intéressant de savoir si tu le sens et donc s’il est bien là, dans cette direction et aussi fort en vitesse moyenne !
Pour ton vent, je penche, au vu des modèles, sur du SE 07/12nds. Cette tendance de vents de SE pourrait bien durer jusqu’au 4 juin, puis on devrait voir un flux d’Est, toujours faible, s’instaurer et même s’orienter au NE jusqu’au 6 juin, ce qui serait toujours ça de gagné..
Plus à l’ouest, un thalweg faible, orienté depuis les basses pressions équatoriales vers le sud (bien sûr ! ), se déplacera certainement vers l’Est. Dans les jours qui viennent, il est à l’origine, dans sa partie "Est", de l’orientation temporaire que tu devrais avoir au secteur NE (04 au 06). A son arrière (partie gauche du thalweg), il imprime un flux de SE. Ce sera à bien prendre en compte pour la suite car à compter du 175°E et jusqu’aux Vanuatu, ce devrait être ton régime de vents dominants impliquant donc une dérive vers le NW.
Il faudra voir, et peut-être tabler sur le courant portant au SE (vers le 171/170°E) pour obtenir une composante de dérive totale ( Vents/courants) quasi nulle et donc de pouvoir continuer à faire route vers la terre promise... sereinement ! ! ! "
J 173 (J165+8) La grolle
"La nuit est calme... elle est sauva-age... la nuit est chaude..."
Je chante cette chanson la nuit, quand je me réveille.
On voit sur la photo que la mer est d’huile... Au milieu de cet étang ce matin, j’aperçois de très loin une petite masse noire... Je me dirige barquement vers elle et que vois-je ? Une godasse !
Ça m’a fait le même effet que quand j’en trouve une sur la plage, ça me désopile... Bon Dieu, mais qui peut bien l’avoir eu au pied, cette merde... j’espère qu’il ne s’est pas noyé ce con...
Oui, parce que c’est un mec ! C’est sûr, vu que c’est une sandale... Est ce qu’il portait des chaussettes avec ? D’habitude tu les trouves au bord de l’eau avec un paquet de varech dans les alques qui chlinguent... là, y’avait juste un petit crabe en train de traverser sur sa godasse.
Ça me rappelait quelqu’un...
J’ai foi en la date
Cette nuit, je me suis mis à reculer...
Ça aurait été drôle que je coupe la ligne de changement de date plusieurs fois, dans un sens, puis dans l’autre... En fait ce ne sont que des idées et ça n’aurait pas été drôle...
Les instances internationales anglaises sont malines, parce qu’elles auraient pu prendre comme échelle 360° au lieu de 180° Est et Ouest.
Mais voilà, on a déjà en Europe la référence de Greenwich qui donne le départ. On n’allait pas se taper la ligne de changement de date chez nous... Quel bordel !
Alors, elles l’ont fait tomber au milieu du Pacifique, vers les pays inconnus où l’on vit presque nu... de mille âges... dressant m’a-t-on dit de ces colliers de fleurs qui enivrent...
Les colliers de fleurs de tiaré et de frangipanier, qu’est ce que c’est beau ! Et ça sent super bon. Par contre, y’a un collier un peu particulier, c’est celui d’Ylang-Ylang... On dirait des oursins gras qui ont les épines collées... Et ça sent vraiment très fort !
Mais même avec le collier d’oursins, l’accueil est tellement joyeux et sympa.
J 174 (J165+9) Alors ! Où en sommes t-on ?
Alors, même si j’avance peu (S 14°22’, E 179°41), j’avance, et je me positionne pour amorcer la descente vers Efate (Port-Vila, S 17°45, E 168°16), capitale des Vanuatus...
Le Pacifique Sud s’arrête aux Vanuatus. Après, c’est la mer de Corail... Je suis positionné à 14°20’ Sud et je dois arriver à 17°45’ Sud, soit 382 km vers le Sud, en parcourant 1221 km vers l’Ouest... le vent est Est-Sud-Est, donc légèrement défavorable pour descendre, mais j’ai des bras et je vais bientôt rencontrer vers 175E un courant descendant plein Sud de 0,6 nd, soit 1 km/h, qui va m’aider un peu...
Je suis resté coincé un peu au Nord en raison d’un courant contraire un peu plus bas et je me voyais mal me retrouver là dedans avec la pétole (pas de vent) car je serais reparti en arrière...
Il reste 20 jours avant la ligne d’arrivée ? Noooon ??? Siiiiii !!
Le petit drapeau bleu marque ma position. Le point vert aux Vanuatus marque Efate, l’île où je souhaite arriver, et tous les points noirs sont des îles.
J 175 (J165+10) Un fou en liberté
Heureusement, il reste des fous en liberté...
Ça me rappelle que la veille de mon arrivée à Wallis, alors que je surveillais en pleine nuit un cargo qui rodait, y’a un fou de sa race qui est venu se poser juste au dessus de la cabine, prenant la balustrade pour un perchoir à poules...
Je voyais son trou de balle qui donnait pile dans le tombant de l’ouverture de la trappe et ça ma gonflé, alors je l’ai viré... Mais c’t’empaffé s’est retourné et m’a laché un cri glauque horrible qui m’a effrayé... Ni une, ni deux, il a pris un coup de gaffe dans la tronche, mais doucement, juste pour qu’il ait peur à son tour... Dieu soit loué, il n’avait pas chié... Mais ça m’a valu quelques remontrances de la part d’un internaute québéquois colombophile qui suivait ma balade...
Ben alors, si on peut plus foutre des torgnoles aux fous qui s’installent chez toi, où on va !
J 176 (J165+11) Du fromage en conserve
Louis Henry de Wallis m’a offert 2 cartons de Fromage en conserve... du Brie et du Camembert... et bien tu sais que c’est bon cette merde !
Vraiment ça change tout... en fin de repas, hop ! Tu ouvres ta boite, ce qui est un geste un peu blasphématoire pour un fromage, j’en conviens, car il s’effeuille normalement, mais là c’est une boite... le calendos est quand même dans son papier et tu retrouves les vielles habitudes... ça fait du bien et tu pars au paradis...
Vous vous rappelez de la pub du "Rouy" du début des années 80... (je peux pas faire plus jeune, je n’ai pas de téloche)...
Alors voilà... Il y avait en scène un couple d’anglais d’une soixantaine de piges... et v’là la serveuse qui rapplique avec le fromegi... le vieux en coupe une portion pour sa vieille et une pour sa gueule...
Ils goutent tous les 2.
Et la vioque dit, l’air pénétré : "What’s this ?"...
Et lui, il répond avec un accent anglais pas possible : "c’est du Camembert"
Et cette con de serveuse qui est restée pinquée pour assister à la scène se met à glousser avec l’air de dire, "mais ils sont trop incultes ces rosbif"... comme s’ils étaient sensés connaitre son fromage qui schlingue les pieds et qui venait juste de sortir...
Ha ! J’te jure...
J 177 (J165+12) Ames qui vivent
Aujourd’hui, j’ai vu un bateau de pêcheurs sur l’eau...
Y’a d’abord mon alarme qui a essayé de sonner... Ca faisait "coq enroué"... Ca m’arrange d’ailleurs car j’appréhendais cette première fois...
J’ai attendu la bête et elle est venue tout doucement... un gros bateau de pêcheurs... J’ai pu leur causer à la VHF, mais je dois dire qu’ils n’étaient pas très loquaces et que je comprenais quedal... Enfin, j’ai juste compris que je pouvais continuer ma route, qu’ils resteraient vigilants et qu’en fait, ils me voyaient bien sur leur écran radar...
Ca parait léger cette info..., mais après la pause à Wallis, je me demandais si mon transpondeur fonctionnait bien, puisque je n’avais pas croisé d’autre rafiot.
J 178 (J165+13) Brosse toi les dents
J’ai coutume de dire à mes patients : "Si vous n’avez pas une activité physique quotidienne, c’est comme si vous ne vous laviez pas les dents... et vous ne vous sentez pas bien". Ici, je fais gaffe à l’hygiène buccale, mais j’ai décalé le brossage de ce matin à l’après midi... et ben, c’est pas agréable...
Ça me rappelle le concours, qu’adolescent, j’ai fait avec Lolive...
C’était à celui qui tiendrait le plus longtemps sans se laver les ratiches... Il m’a battu parce qu’il avait un jour d’avance et qu’il suffisait qu’il contrôle... Au bout d’une semaine, on voyait plus ses dents parce qu’il mangeait des Princes et des carrés BN... Beurk !... Ho puis j’te jure que les conversations ne duraient pas longtemps !
Vas-y te concentrer avec c’t’odeur d’égout au milieu de la phrase...
Enfin, je me permets de te rappeler la base...
Le matin au réveil, tant que tu n’as pas encore rincé ta gargagnolle à la chlorophylle, sache qu’au moment où tu ouvres les yeux correspond le moment où tu ouvres le bec… Alors, t’évites de dire des mots doux à ta chérie en plein dans le pif avec ton haleine de dragon…
D’un autre coté, si tu lui dis qu’elle est magnifique en lui tournant le dos, elle va penser que tu te fous de sa gueule.. C’est subtil… Si elle te répond : « Bonjour mon petit phoque », tu l’auras pas volé... Mais elle ne le fera pas, parce qu’elle sait qu’elle aussi pue du groin, et qu’une boucane encore plus dense risque de sortir de sa gueule et de faire un vol plané vers ton rhinencéphale qui te sert à sentir…
Mais t’as un avantage sur elle, l’haleine de trappeur détruit plus facilement la féminité que la virilité… C’est un peu sexiste mais c’est comme ça... Si l’étreinte est engagée et que tu ne peux plus reculer, respire vite et fort entre tes ratiches un peu serrées et en coinçant ta face de requin dans l’oreiller, tu peux encore rattraper le coup…
"D’un pote"
Le boeuf est lent, mais la terre est patiente.
J 179 (J165+14) Vla c’que je vois par le fenestrou
J’ai toujours une bouteille vide qui tient la trappe entre ouverte... C’est la taille idéale pour bien ventiler et ne pas ramasser une tonne de flotte quand une vague s’étale.
Je ne laisse la trappe grande ouverte que quand la mer est très calme... C’est le piège à con ce truc, car si une vague te renverse la trappe ouverte... l’eau rentre dans le bateau retourné et fait ballast inverse... donc c’est foutu... il ne peut plus se redresser...
Alors je fais gaffe..
J 180 (J165+15) "L’autoroute du Sud"
Le vent a basculé, me laissant de la place pour faire une route un peu vers le Sud.. puis en milieu d’après midi est arrivée une espèce de plafond noir, bas, sans pluie qui a mis encore plus de Nord dans le vent...
J’avais le coeur tendu entre les ténèbres du ciel et la joie de partir vers le Sud... j’ai sacrifié la distance, encore une fois pour gagner du terrain sur ma route... Oh ! la vache, je suis lent, mais ce n’est pas important...
Maintenant, le problème, c’est que je commence à compter les jours... et tu sais bien, (je t’en ai déjà parlé) que c’est comme quand t’as la diarrhée et que tu t’approches des gogues, les deniers moments sont intenables...
Si au bout de 2 semaines, je m’étais mis à compter les jours sur la pemière partie entre le Pérou et Wallis, ça se serait terminé au fond du puits.
Là, tout va bien.
J 181 (J165+16) Un pti pour la route
" Quand t’es dans le désert, depuis trop longtemps,
Tu t’demandes à qui ça sert
Toutes les règles un peu truquées du jeu qu’on veut t’faire jouer,
Les yeux bandés." (Capdevielle)
A qui ça sert ?? Et ben à moi... car il faut bien qu’il y en ait qui bossent pour que je bulle dans le désert depuis trop longtemps...
Je suis parti de Paris pour Lima le 5 Mai 2010... J’ai commencé à traverser le 12 Juin 2010... On est le 13 Juin 2011....
Bon anniversaiiiire !
Ah oui, au milieu... j’ai fait une pause de quelques mois dans la Pacifique, avec les cocotiers, les palmeraies d’Ukhu... les lagons... la mer, les flots, du soleil plein la vue (ça c’est du Plastic Bertrand)
Un p’ti coucher de soleil pour la route.
Vous savez ce que j’en pense des couchers de soleil... Cette ambiance romantique est usée... Elle a trop servi... En plus, j’sais pas si tu as vu la tronche triste de ceux qui regardent au loin et te font croire qu’il se passe quelque chose en eux...
Arrête ce machin mon pote, sors les bouteilles et n’oublie pas les cacahouètes... Ya toujours ma corde à linge au milieu de la photo mais cette fois, y’a rien qui pend.
J 182 (J165+17) paille en queue
Lui, c’est un oiseau, tout ce qu’il y a de normal, sauf qu’à la place de la queue, il a une paille... Où que tu ailles, y’a toujours un individu qui inventerait n’importe quoi pour faire le malin !...
Votez nul, votez Coluche !
J’aime la compagnie des piaffes, même si parfois, c’est un peu la guéguerre pour que je garde ma place... la plupart du temps quand ils passent dans le secteur en volant, ils font un petit crochet, viennent me voir, beuglent un peu, genre "salut mon pote" et reparte en lâchant une bouse... ça doit être un signe de politesse chez ces oiseaux... enfin, c’est ce que j’me dis... Puis la nuit, ils se posent, et le matin, je dois quand même inspecter que ces connards n’ont pas laissé de fiente sur le siège ou les rames...
Et ce matin, ça me rappelait une anecdote incroyable...
Mon père, quand j’étais mioche, pour parfaire mon éducation civique, m’emmenait parfois le soir des élections, voir les résultats locaux... ça me plaisait... ça faisait Tombola... et une fois, à Creil dans l’Oise, il était même scrutateur... J’étais fier de lui qui était inconnu de touttes ces stars locales, choisi sur sa bonne mine, ça m’épatait... Faut dire quand même, que peu de monde s’était proposé mais je ne l’ai su qu’après... et les voilà partis pour ouvrir les bulletins... gros silence... on aurait entendu un taon voler... et ça commence... franchement, d’habitude quand ils annoncent les noms, ce n’est pas la grosse rigolade mais quand même... c’était particulièrement lent et tendu... et au bout de 10 minutes... y’en a un qui gueule : "Je l’ai !!!!"... tout le monde se marre... et d’un seul coup la cadence prend du gaz et un rythme habituel... et ben le "je l’ai" en question, ça voulait dire qu’il l’avait trouvé, le bulletin avec lequel à chaque scrutin, un électeur se torchait le cul avec. Je vous jure que c’est vrai... en tout cas, j’espère qu’ils avaient prévenu mon père, ces enfoirés...
Tiens, j’ai qu’à me dire qu’ils votent, les piaffes..
J 183 (J165+18) ça se débloque un peu
Le vent a basculé aujourd’hui... mais cette fois vraiment plein Est et même ENE... et je dois subir un courant qui me fait obliquer un peu plus vers le Sud... C’est tout ce que je veux... donc je peux laisser filer la barque et j’accélère dans la bonne direction... C’est chouette...
La bonne direction c’est l’île d’Efate à Port-Vila, aux Vanuatus... C’est catégorique, je m’arrête là, car le remorquage près des côtes s’organise... Le Pacifique Sud sera terminé, après c’est la mer de Corail... et mon objectif était de traverser ce Gros Pacifique... De plus, je crois que j’ai eu mon comptant de balade en mer et de solitude... C’était vraiment bien... Il reste quand même 12 jours...
Arrivée possible le Dimanche 26 Juin...
J 184 (J165+19) L’habit qui te va bien, c’est celui dans lequel tu te sens bien
J’ai fait un rêve étrange...
J’ai rêvé que j’étais dans une soirée super classe, habillé comme je suis en ce moment, avec un tee-shirt abimé par la mer et le soleil et surtout, mon short pourri et mes vieilles godasses, mais les dents propres... Alors je guinchais et je buvais des coups... On me faisait des compliments sur ma tenue et son coté très décallé... Je ne me sentais pas très à l’aise, mais je ne passais pas pour un con, ou alors, ils étaient très polis...
Et ça me fait penser à Mandela qui arrivait en chemise à fleurs à des réunions internationales, et quand on lui posait la question pour sa chemise, il répondait : "l’habit qui te va bien, c’est celui dans lequel tu te sens bien"... Il est gentil Mandela, mais quand n’importe quel autre chef d’état africain fait ça, il passe pour un primitif à côté de tous les autres en costard... C’est son énorme charisme qui impose ce naturel... La vache ! il est resté enfermé 27 ans, il a eu des fers aux pieds, on lui a fait bouffer sa merde, on l’a condamné à mort et il a refusé de faire appel... Et en sortant, il a tout pardonné, sans réserve... en disant "c’est un racisme de
circonstance, on peut et on va tout changer"...
C’est impressionant, mais moi, je me demande quand même, si je ne suis pas passé pour un con à cette soirée..
J 189 (J165+24) Ma ligne d’arrivée
La règle de "L’ocean Rowing Society" dit que tu peux te faire remorquer quand tu vois les côtes, et ce n’est pas considéré comme une assistance... mais de toute façon comme j’ai fait une escale, on ne retient plus cette notion d’assistance... L’escale en est une...
J’aurai traversé le Pacifique Sud quand je verrai les côtes mais c’est flou... et les côtes, je vais les voir de très très loin, vu que ce sont des volcans... Moi, je veux une ligne d’arrivée... une limite où ça fait TUUUUUUUU....
On va pouvoir gueuler : "Ca y est !!!!!!"...
J 190 (J165+25) Ma vie, c’est du vent
Ma vie, c’est du vent en ce moment... Je regarde ma biroute tout le temps... Quand elle est de travers, je sais que je vais avoir mal à un bras, car je dois compenser malgré le gouvernail, et quand elle est toute droite, dans la direction du bateau, je tire comme un mulet avec les 2 bras...
"Il faut rentrer dedans", comme disent les gars qui font de la musculation...
Tu connais toi, la salle de musculation ?...
Et là, y’a 2 écoles :
Soit le musclé est sympa et il t’adresse la parole à toi le coton tige, soit il est snob et il te fait comprendre qu’il n’a pas passé toute sa vie à être humilié en société pour que proche du graal aristocratique des gros bras, il s’abaisse à t’adresser même un regard courtois, à toi, la baguette de Mikado...
Dans tous les milieux se crée se genre de hiérarchie et de majesté... C’est passionnant.
J 188 (J165+23) C’est un bout de bambou
T’imagine quand t’arrives à fond la caisse là-dessus avec ton voilier... ça doit rayer l’émail... Remarque que c’est le premier objet flottant possiblement contendant que je vois, Il faudrait ne pas avoir de bol pour se le prendre de face... Je l’ai aperçu de loin et j’ai ramé jusqu’à lui..
Et qu’est que je vois, collées dessus ? Des anatifes !...
Ca faisait longtemps et ça ne me manquait pas du tout... quand je pense qu’à cause de ces coquillages, je me suis baigné toutes les semaines pour gratter sous la coque pendant la première partie de cette traversée... même dans le courant de Humbolt devant le Pérou où on se les caille dans l’eau, il a fallu que je plonge...
Les crevettes devaient bien se fendre la gueule... Ca caillait tellement que j’étais blanc en rentrant dans l’eau et tout rouge en ressortant...
La voie du Sud
Depuis le départ de Wallis, je craignais un peu le vent de Sud Est car il limitait ma descente vers l’île d’Efaté où se trouve Port-Vila aux Vanuatus... et au moment idéal, un passage dépressionaire faible a fait basculer le vent plein Nord pour me projeter dans le courant descendant qui était là à m’attendre...
Maintenant, il me reste 370 milles à parcourir vers l’Ouest... J’ai un peu de réserve pour appuyer sur le champignon... on va voir.
J 186 (J165+21) L’amour et le permis à points : 3ème chapitre
Il va falloir partager des repas. Ce sont des moments sympas qui font normalement partie des grâces, mais y’a 2 pièges grossiers à éviter.
Si tu entres dans la cuisine, tu t’attaques à l’inné… Elle est chez elle dans la cuisine, même si c’est TA cuisine… Aucune réflexion, même si tu maîtrises… T’en vas pas briser son éducation qui lui est chère… Elle va faire semblant de te laisser faire mais tu es l’élève, un point c’est tout, et ne dis pas : - "ma mère, elle fait comme ça"
Fils à maman = -2points …
Fais le benêt,... dis que c’est bon... on s’en fout !… Tu peux récupérer des points en bouffant 3 fois de ce qu’elle a préparé…
Le captage du regard au restaurant !!!
Attention tu n’as pas les mêmes sens qu’elle… Toi, tu pêches au gros et elle, à la mouche… Dans un resto, si tu mates derrière son dos, tu es sûr de te faire gauler, car fatalement, elle va finir par aller pisser… Et regarde bien la première chose qu’elle va faire en se levant, le menton relevé et le regard panoramique, genre , « je salue la foule »… Elle va vérifier ce que tu regardais, et gare à toi couillon, si tu matais la reproduction de Modigliani collée au mur et que malencontreusement une belle gonzesse bâfrait juste en dessous… (sans boucles d’oreilles d’ailleurs, avec les boucles d’oreilles, la belle perd 0,25 pt car je ne trouve pas ça très beau, mais ça c’est perso)C’est dur, mais tu dois faire l’aveugle… Tu peux rattraper le coup la fois d’après en matant comme un lion qui veut bouffer une antilope, vers une grand-mère… Elle se lève, voit la vioque, ne comprend plus, et elle efface l’ardoise de la dernière fois… pas mal… t’as repris les points… Sans ça, c’était -2 points...
Bon ! Vous êtes gentille les filles, mais avec tout ça, faudrait pas croire que vous êtes affranchies dans cette histoire… parce que se retrouver au resto avec la fille qui est assise en dessous du Modigliani, ce n’est pas marrant non plus… ce n’est pas elle qui matte, mais ça lui fait du bien à c’te bourrique de se faire reluquer les yeux et les rondeurs… Tu peux le lire dans son regard bovin qui ne comprend plus ce que tu lui dis…. Pour moi, ça, c’est – 12 points, c’est plus chère pour les filles, c’est comme ça…
Plus que 6 points mon pote, tu trébuches encore un peu et en une journée, ton amour partira dans l’espace virtuel des milliards de sentiments amoureux évaporés, et tu accuseras ta chérie de traîtrise alors qu’il y a plus de responsabilité à ne plus être aimé qu’à ne plus aimer... c’est dur...
métavécapamatécominsalo !!!.
4ème chapitre "la première praline sous les draps" coming soon...
J 187 (J165+22) Il a 2 Mercators dans cette progression
- d’abord, la carte est une projection dite Mercator... du nom du gugus qui l’a conçu... Il a projeté le globe sur un plan (planisphère) et donc, ce ne sont pas les mêmes échelles en verticale et en horizontale... En verticale, j’ai l’air de progresser plus vite...
– Mais ensuite, je suis dans un courant providentiel de 0,4 m/s, ce qui correspond à 0,8 nd et sur une journée à 20 milles... c’est énorme puisque ça double ma moyenne journalière qui était, certes, très basse en raison de conditon de vents et de courants difficiles...
La carte ci dessous et une Carte fournie par "Mercator Océan", mon partenaire spécialiste des courants océaniques.
Je suis dans la veine descendante le long des Fidjis, il y en a une autre plus à l’ouest qui va me ralentir mais incliner ma route vers le Sud, vers Efaté.. l’arrivée !!!!
L’amour et le permis à point : 4ème chapitre
On est déjà le soir, tu rentres du resto et il te reste 6 points...
Elle va se laver les ratiches et toi, tout rincé, tu te demandes si tu dois t’endormir ou attendre... Elle s’est observée dans la glace, regrette d’avoir englouti le foie gras et le Saint Nectaire et reconnait ses rondeurs sur les hanches… Elle sait qu’elle a pris un peu de lard et elle va essayer de te rendre témoin de sa faute… Tu dois être un peu surpris, n’en fais pas trop, surtout pas de dénégation, mais ne rajoute pas pour rigoler :
Elle : - " Ho dis donc, j’ai grossi"
Toi : - "Ouais ! C’est chiant, tes devenu un boulet…........... mais nan, j’rigoooole !"
Alors, embrasse cette zone qu’elle trouve disgracieuse. C’est la base ! Pas pour la rassurer, mais parce que t’aimes ça, imbécile !
bon, si ça suinte dans les plis, tu vas avoir du mal… tu perds les points, mais elle aussi…
Vous avancez vers le copinage et pfoooooooooo... elle va lâcher sa première praline sous les draps, que tu vas noter… un petit 13/20 pour commencer…
Et là, c’est -12 points ! Retrait de tous les points ! Irrattrapable !
Vous êtes devenu potes et ce n’est pas plus mal…
Donc, il n’y a plus de point ! Ouiiiiiiin !!
Et bien, vous ne savez pas la meilleure ? Parfois, les anciens amoureux restent ensemble, ne se parlent plus au réveil, pas d’étreinte non plus, prennent le petit dèj à des heures différentes, ne cuisinent plus ensemble, ne vont plus au resto… quant à embrasser les rondeurs ....quand y’a plus de point, t’évites… mais souvent, ils sont plus heureux....
"Wallis for ever, Vakala"
De gauche à droite : Kolo – Katell – suliano – Noela (au 1er plan) – Alex (derrière) – Louis-Henry – Fabiola – Migoi – Patrice- (Patrick, un petit garcon )
Vakala est le nom du centre nautique de Wallis, où les amoureux de la glisse viennent mouiller leur slip...
C’est une équipe formidable... ils ont organisé le départ pour la fin de ma traversée depuis chez eux avec tout ce qui peut flotter mis sur l’eau... Y’avait une ambiance du tonnerre..
Le rêve...
De toute façon, Wallis était tellement le paradis pour moi que j’ai cru que j’étais mort
J 191 (J165+26) Plus qu’une nuit en mer
Je vais donc achever cette longue balade sans doute d’ici une 30ène d’heures... L’arrivée est un peu compliquée car il y a un passage orageux prévu Dimanche avec des vents qui vont me déporter vers le Nord... donc, la ligne passée, je serai remorqué tranquillement jusqu’à la terre... ça se termine et je vais dire :"tant mieux"... c’était long quand même... une histoire de mer sympa.
J 192 (J165+27) "Ca sent la quille"
La dernière nuit va commencer... 12 heures avant la vôtre d’ailleurs... Et demain matin, je sens que je vais me réveiller tôt, comme à Noël quand on était petit, parce que le bateau va arriver sur moi et me prendre à son bord...
Ils ont une couchette, des tomates et des bières...
Cette fin d’étape est incroyable : les bateaux de pêches qui me stressent un peu, le mauvais temps qui arrive... et ces derniers jours, vent dans le dos, à faire des moyennes de dingue sur l’eau, ... Un parcours délicat depuis Wallis... mais au finish, ça reste une balade, une balade un peu sportive.
192 jours, 13 000 km, 2 étapes, une de 165 jours et une de 27 jours, la plus dure puisque c’est la dernière...
Quelques belles trouilles et des moments de paix totale... Je suis simplement content et libéré d’un poids qui aurait été de ne pas être à la hauteur du rêve...
(Arrivé depuis 24h) le Pacifique m’a laissé passer
Et bien voilà... je vais vous raconter la fin de cette traversée..
Une équipe des Vanuatus part à ma rencontre pour me remoquer une fois la ligne d’arrivée franchie... c’est compliqué ! car les conditions sont musclées et on ne se retrouve pas sur l’eau ... en fait ! leur téléphone satellite est tombé en panne et les responsables à terre de l’équipe de remorquage demande qu’un avion nous survole pour nous mettre en contact...
Je passe la ligne d’arrivée, le bateau me rejoint, amarre mon bout de remorquage et je monte à bord... C’est cooooooool, le Pacifique m’a laissé passer... je suis heureux et je trinque avec un équipage formidable...
Mais voilà, on va trop vite dans les réglages, le bout est beaucoup trop court et le bateau fonce à 11 nd dans une mer très dure... et clac... ça pète... mince.. demi tour... et on se met à coté du rafiot pour le reprendre en traine... on est à 2 mètres de lui, un gars lance un grapin, rate le coup et........ peeuuuuuuuuuuuuu... le moteur de notre bateau s’arrête... Merde ! la première corde de remorquage s’est prise dans l’Hélice... et là ! impossible de faire quoi que ce soit... On regarde mon radeau à rame se faire la valise tout seul comme un grand... Snif !!!! Il fait nuit, les bateries du bateau sont à plat... on décide de dormir et d’attendre le jour... Le lendemain, on fait le point... ya du vent et on dérive doucement vers les côtes mais surement... Nous, on est tranquillou à l’interieur en train de bouffer, dormir et de regarder des DVD... mais ils vont déclencher un plan de sauvetage nécessaire pour venir nous chercher... Bref, ils envoient un autre bateau... Ce bateau met un peu de temps pour nous trouver... mais cette fois, coup de bol, à 20 milles des côtes, les telephones protables passent et on les retrouve au bout de 2 jours quand même... J’me disais "La vache, non merde, ils ne vont quand même pas renvoyer un autre avion"... Alors ce bateau nous a remorqué derrière une île à l’abris des vagues, et les hommes d’équipage ont plongé pour libérer l’hélice...Je dois vous dire que ces mecs sont courageux prêt à tout pour prouver qu’ils sont braves... ils remontaient 10 secondes et replongeaient et ils ont libéré l’hélice et on est rentrer à Port Vila en faisant la course avec l’autre bateau... bonjour l’ambiance, on était joyeux comme des drilles... Ils chantaient et moi j’étais bien : une balade dans la balade. Je suis à terre et tout va bien, la traversée est finie et réussie... Le bateau à rame dérive toujours et va toucher terre bientot... 24-48 heures. J’m’en occupe...
(Arrivé depuis 4 j) Jolly Jumper rentre seul.
Après s’être détachée du bateau de remorquage, la barque dérive doucement toute seule vers une position située entre les îles de Pentecoste et de Maewo... ce n’est pas trop mal car elle est attendue par des autochtones... c’est très incertain, mais tout est possible... je suis à l’Hotel et en stand by pour y partir... mais de là où je suis, dans un hotel de l’île pricipale d’Efate aux Vanuatus, avec le wifi et Internet pour recevoir la position Argos, je controle mieux que sur place.... et je peux encore chercher des solutions sur les 2 îles d’arrivées potentielles... et surtout, guider celui qui va partir à sa rencontrre... en lui donnant sa position exact toutes le 4h.
Allez allez !
(Arrivé depuis 5 j) Le rafiot a été retrouvé.
J'ai passé la ligne d'arrivée depuis plusieurs jours, et bonjour la libération... mais je me sentais comme les zinzins qui traversent à poils les terrains de rugby, avec les Bobys qui leur courrent après pour cacher leur bite avec le pot de chambre qu'ils ont sur la tête... J'avais perdu mon bateau au cours du remorquage et même si ce n'est qu'un bout de bois, ce n'était pas une façon enviable de s'en débarrasser... et la nuit dernière, il a été retrouvé...
Il se dirigeait à 6 heures du matin directement vers les récifs de L'île de Maewo plus au Nord de l'archipelle et un bateau l'a pris en remorque... On a passé la nuit avec Philippe, un pote de Nouméa et super marin, a le surveiller avec la balise Argos... on avait demandé à Gilles Gibson et son fils, des vanuatais de l'île, de se positionner avec leur bateau, derrière une pointe Sud qui les protègerait toute la nuit du vent et des vagues très fortes venant du Sud Est, et au dernier moment, il sont sortis et l'ont pris en remorque... Avec Philippe, on a été persuadé pendant une heure qu'il était en vrac dans les rochers... et bien non, la joie est totale... l'arrivée complète... je plie les gaules...
(Arrivé depuis 7 j) Je prends un Week end de repos.
Ben moi, je vais passer un week end à me balader dans cette île d’Efate... les gens sont trop sympas... Quand tu souris dans la rue, ça déclenche une réaction en chaine comme avec les atomes... une cascade de sourires... un flux d’attention et de la gentillesse... Il semble qu’ils ne possèdent pas grand chose... ça tombe bien puisque dans l’existence, tu ne gardes que ce que tu as donné... et pour eux, c’est le goût des gens et la bienveillance...
(Arrivé depuis 8 j) Remorquage.
La corde de remorquage doit trainer dans l’eau pour éviter les mises en tension brutales... Sinon, ça pète et ça s’est produit il y a 8 jours pendant les derniers miles du remorquage obligatoire proche des côtes, alors que je buvais ma première bière avec l’équipe d’accueil dans le bateau.
(Arrivé depuis 13 j) Adios et merci !
Bon, ben voilà ! c’est fini.
Ce fut une période fantastique pour moi... Sur ce blog, j’ai donné à voir en m’amusant ce que je sentais de cette grande balade ... Sur l’eau, j’ai eu quelques fois la trouille et des moments de paix incroyables... Et à terre, que dire de cette immense chance d’avoir rencontré tous ceux qui m’ont aidé... ils sont comme les copains que je découvrais en vacances quand j’étais mioche... Je dis ça parce que de cette période j’ai gardé de grands amis, alors mon avenir est sur terre et joyeux.... Joyeux, car c’est sympa d’aboutir mais je vais t’avouer un truc : en général, j’ai la flemme d’être triste... et quand ça me prend, ça ne dure pas... je trouve ça trop chiant... c’est un machin que j’ai pioché en me baladant... le bon air... la bonne distance, tu vois !... l’absence de frustration du mec moyen, efficace, sans illusion et qui assume bien sa tâche... et qui remue la queue comme un klébard quand il a un os... rien de plus.
Merci à tous, ! près de 100 personnes m’ont aidé et beaucoup donné... Je suis désolé si j’oublie quelques villes
De Villefranche de Lauragais, de Toulouse, de Juillac, de l’Union, de Saint-Jean, de Moissannes, de Ramonville, de Castanet, de Quint Fontsegrive, de Balma, de Muret, de Sesquières, de Blagnac, de Beauville, d’Angayrac, du Pech, de Bordeaux, de Quimper, de Douarnenez, de Brest, de Lille, de Guidel, d’Evry, de Paris, de Boulogne sur mer, d’Aix en Provence, de Brive , de Moisselle, de Limoges, de Perpignan, de Couzeix, de Carro, de St Martin de Crau, de Montréal, de Lima, de Callao (Pérou), d’Equateur (bateau de pêcheurs), du Pacifique (Prairial, marine Française), des Marquises, de Polynésie, de Wallis, de Nouméa, d’Efaté et Maewo (Vanuatus)